INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Si les outre-mer restent encore largement méconnus d'une grande partie de la population de notre pays, le sport constitue un important vecteur de visibilité et de positivité pour ces territoires, identifiés comme des « terres de champions ». Les palmarès de compétitions nationales ou internationales, jusqu'aux sommets de l'excellence, affichent en effet une contribution décisive des sportifs issus des outre-mer, bien plus que proportionnelle au poids démographique de ces territoires. Les grands noms du sport d'hier et d'aujourd'hui, qui portent haut les couleurs de notre pays, font fréquemment la fierté de ces territoires où les disciplines sportives sont solidement ancrées et constituent une dimension à part entière des identités culturelles.

Cette place privilégiée occupée par le sport dans les outre-mer et la préoccupation constante de la Délégation sénatoriale aux outre-mer de faire en sorte que leurs intérêts et leurs spécificités soient effectivement pris en compte dans la définition et la mise en oeuvre des stratégies nationales ont conduit à l'engagement de la présente étude dans la perspective, notamment, de l'échéance olympique et paralympique de 2024, afin qu'à cette occasion la France ne se résume pas à Paris mais valorise sa présence dans tous les océans. Afin de souligner la contribution notoire des outre-mer à l'excellence nationale et la source de rayonnement mondial qu'ils représentent pour notre pays, la délégation a choisi de désigner quatre rapporteures issues des trois bassins océaniques Atlantique, Indien et Pacifique, ainsi que de l'hexagone.

Avec l'objectif de dresser un état des lieux aussi complet que possible et de formuler des préconisations qui permettent aux outre-mer non seulement de « rester dans la course » et de relever les multiples défis auxquels ils sont confrontés mais aussi de s'inscrire dans une dynamique nationale aux retombées bénéfiques pour tous, la délégation a mené des investigations au plus près du terrain, lors d'un déplacement aux Antilles et en Guyane fin avril début mai 2018 et grâce à une série de visioconférences avec l'ensemble des autres territoires. Rares et parcellaires sont en effet les documents traitant du sport dans les outre-mer et la nécessité d'avoir une vision globale des situations territoriales s'imposait : à l'exception du rapport conjoint des inspections générales de la jeunesse et des sports et de l'administration de juillet 2016 sur les équipements sportifs en outre-mer et de quelques colloques qui ont pu apporter des éclairages sur des aspects particuliers, aucune approche d'ensemble relative au sport en outre-mer n'a été réalisée à ce jour. Le présent rapport entend donc, selon un calendrier permettant d'anticiper sur les grandes échéances et en cohérence étroite avec les préoccupations exprimées par les nombreux partenaires, jeter les fondations d'une stratégie pour le sport dans les outre-mer.

Pour la réalisation de cette étude, la délégation sénatoriale a tenu près de 90 heures de réunion à Paris et dans les territoires, et plus de 300 acteurs en charge des questions sportives ont été entendus. Ces rencontres et entretiens de même que les visites de terrain ont permis de mesurer combien le sport, dans les outre-mer encore plus qu'ailleurs, se trouve à la croisée des enjeux de cohésion sociale, d'équilibre des territoires, de mobilité des populations ou encore de rayonnement et d'insertion dans l'environnement régional. La configuration géographique des outre-mer et leur éloignement de l'hexagone, parfois leur immensité ou leur extrême fragmentation de par leur structure archipélagique, mais aussi la nécessité de canaliser positivement une jeunesse confrontée au chômage de masse, la prégnance des pathologies chroniques telles que l'obésité, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires, ou encore les conditions climatiques qui provoquent une obsolescence accélérée des équipements constituent un ensemble de contraintes dont il faut mesurer le poids pour calibrer correctement les moyens à mettre en oeuvre. Ces contraintes, qui induisent des surcoûts importants, sont en effet soit spécifiques aux outre-mer - éloignement, distances, climat - soit considérablement amplifiées en comparaison des constats qui valent pour l'hexagone - situation démographique, sanitaire, taux de chômage...

Si, malgré tous ces freins et un taux d'équipement nettement en retrait bien que variable d'un territoire à l'autre, les outre-mer se montrent encore capables de promouvoir la pratique sportive et de produire des champions, on se prend à rêver des résultats qui pourraient être obtenus par une mise à niveau de l'environnement et des conditions d'exercice des disciplines sportives !

Solidement ancré dans les cultures ultramarines, le sport, pourvoyeur de santé, de lien social, de notoriété et porteur des valeurs de respect et d'exigence, doit être placé au coeur des stratégies de développement dont il peut être un levier majeur. Le présent rapport s'attache à cerner les voies et moyens qui permettraient à l'ensemble des acteurs - État, collectivités, monde associatif - de conjuguer leurs efforts pour valoriser un capital humain et territorial par trop laissé en jachère et qui confère pourtant à notre pays des atouts substantiels et une position singulière à faire fructifier d'urgence.

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