CONCLUSION

Les auditions et le travail menés ont montré que tous les acteurs du secteur spatial européen ont conscience de l'importance du moment. Les ambitions nouvelles en dehors de l'Europe interdisent de se reposer sur les réussites actuelles. Et pourtant, c'est bien là le premier impératif : tirer pleinement parti du potentiel de Galileo et Copernicus au bénéfice de tous les Européens, de la prospérité et des politiques de l'Union, notamment la lutte contre le réchauffement climatique.

Plus que jamais, pourtant, les acteurs du spatial devront envisager et préparer l'avenir. Ils y sont habitués. Des ressources limitées pour faire face à une concurrence féroce obligent à l'excellence. Elle a été la marque de la réussite de de l'Europe des six et permettra d'en faireune réussite de l'Europe des vingt-sept. Pour cela, l'Union doit concrétiser les dernières orientations et gagner de nouvelles batailles.

Il s'agira en premier lieu de confirmer le budget de l'ambition spatiale européenne. Le programme spatial européen et le segment dédié au spatial d'Horizon Europe doivent être sanctuarisés dans les négociations budgétaires. Tout comme, ils ne doivent pas pâtir d'un Brexit dur, s'il devait arriver. Enfin, la prochaine conférence ministérielle de l'ESA en fin d'année doit, elle aussi, conduire à fixer un programme ambitieux à maints égards.

En second lieu, il faudra aller plus loin et confirmer ce qui n'est qu'esquissé dans le règlement sur le programme spatial : une véritable préférence européenne pour les lanceurs Ariane et Vega. L'Union et ses États membres doivent cesser d'être naïfs sur ce point et prendre les moyens de favoriser leur industrie, comme le font leurs principaux concurrents. L'Europe doit passer d'une préférence de droit à une préférence de fait.

Troisièmement, le projet politique pour la politique spatiale devra être affiné. Le message positif d'une Europe performante oeuvrant au bénéfice du plus grand nombre n'est peut-être pas suffisant. De nouveaux projets doivent être dessinés et l'affirmation d'une Europe souveraine, également dans l'espace, doit être portée. 50 ans après que le premier homme ait posé le pied sur la Lune, l'aventure spatiale incarne toujours le rêve. Cette dimension peut nourrir un projet européen en manque de symbole.

La France, qui est à l'origine de la politique spatiale européenne depuis des décennies, a un rôle éminent à jouer. C'est d'elle que peut venir un souffle nouveau pour le projet européen. Le spatial, au croisement du rêve, du symbole et de la technologie peut l'incarner. La France dispose pour cela d'un atout qu'elle doit faire davantage valoir auprès de ses partenaires : le port spatial de l'Europe. C'est lui qui est le garant de la souveraineté spatiale européenne car il offre un accès à l'espace sans qu'il soit besoin de recourir à une puissance tierce.

Les Européens doivent pouvoir continuer d'aller librement dans l'espace et d'y agir selon ce qu'ils estiment nécessaire. Pour cela, l'Union européenne doit aller au-delà des programmes initiés par l'ESA, à vocation civile, et faire de la politique spatiale un volet important de la future Europe de la défense.

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