B. L'ACTION DE LA BASE AÉRIENNE PROJETÉE

L'activité de cette base est remarquable, pour une installation provisoire d'ampleur volontairement limitée. En quatre ans d'opérations, cette base a permis plus de 6.000 sorties, soit 28.000 heures de vol et 1.500 frappes.

Naturellement, le rythme des frappes a diminué avec le recul, puis l'effondrement, du califat territorial. Mais, et c'est insuffisamment su, cet outil reste pleinement opérationnel . À titre d'exemple, la veille du passage de la délégation sur la base, chacun des deux avions qui étaient sortis avait largué ses quatre bombes de 250 kg sur des dépôts de munitions de Daech.

C. QUEL AVENIR POUR CETTE INSTALLATION ?

A l'issue des travaux menés par la délégation, lors du déplacement en Jordanie, mais aussi dans le cadre des auditions préparatoires à Paris, il apparaît aux membres de la délégation que les conditions de la fermeture de la base aérienne projetée et du retrait de ce dispositif ne sont pas réunies .

Certes, cette implantation a un coût . Mais plusieurs éléments doivent aussi être pris en compte :

• en premier lieu, le coût de la projection doit être mis en balance avec l'effet militaire obtenu . La base aérienne projetée est aujourd'hui opérationnelle et très utile dans trois domaines : les frappes, bien sûr, même si elles sont devenus plus rares ; la logistique ; mais aussi le renseignement, en particulier à travers l'utilisation d'outils comme les Atlantique 2 ou le C 160 Gabriel ;

- en deuxième lieu, cette installation joue également un rôle diplomatique , à plusieurs titres. Elle contribue fortement à donner corps à l'engagement de la France dans la coalition internationale contre le terrorisme. Elle marque aussi la détermination de la France à oeuvrer pour la stabilité du Proche et du Moyen-Orient. Elle reflète enfin la convergence de vues, en matière diplomatique, entre la France et la Jordanie. Elle est du reste un élément important de consolidation de la relation bilatérale. De ce point de vue, et même s'il a toujours été clair que cette installation était conçue comme provisoire, le retrait ne serait pas favorable à la relation bilatérale, et ce alors même que l'on a vu l'importance de conforter la Jordanie ;

• enfin il faut avoir conscience que, si la base aérienne était fermée, la France aurait des difficultés à y revenir ultérieurement si besoin s'en faisait sentir. Cela tient essentiellement à des questions matérielles, à savoir que c'est la France qui entretient la piste de la base depuis qu'elle s'y est implantée. Or, depuis l'ouverture de la BAP, l'armée de l'air jordanienne a presque cessé ses activités sur cette base, pour des raisons d'économies budgétaires dans le contexte difficile qui a été décrit. Par conséquent, si la BAP fermait, il est vraisemblable que la piste serait assez rapidement inutilisable par absence d'entretien, ce qui interdirait par exemple d'y revenir dans deux ou cinq ans, à supposer même qu'un tel aller-retour soit envisageable pour les autorités jordaniennes. De ce point de vue, il faut sans doute garder à l'esprit le coût et l'obstacle opérationnel que représenterait le fait de devoir mener des missions dans cette région en s'appuyant sur la seule BA 104 des Emirats.

Pour toutes ces raisons, la délégation a conclu que, non seulement il semblait prématuré de fermer la base aérienne projetée, mais qu'il y avait sans doute plutôt lieu d'envisager un renforcement de nos liens militaires avec la Jordanie. À ce titre, la question de la conclusion d'un accord de défense, à l'image de celui qui peut exister avec les Émirats arabes unis, pourrait se poser .

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