CONCLUSION

Plus de trois ans se sont écoulés depuis le référendum du 23 juin 2016, qui a vu les citoyens britanniques se prononcer majoritairement en faveur du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, mais selon des modalités totalement indéfinies. Durant la campagne référendaire, le concept de Brexit s'était d'autant plus facilement imposé dans le débat public, que ses contours étaient en réalité demeurés très imprécis.

Le prix de ces ambiguïtés apparaît aujourd'hui démesuré à payer, pour le Royaume-Uni tout d'abord, mais également « par ricochet » pour l'Union européenne, qui en subit les conséquences délétères.

Les débats passionnés des trois dernières années ont porté le plus souvent sur les aspects humains, économiques et financiers du défi que représente la perspective d'un « divorce » entre le Royaume-Uni et les autres États membres. Ces inquiétudes apparaissent pleinement justifiées. Pour autant, nous avons le sentiment qu'en dernière analyse le « noeud gordien » à trancher sera de nature politique.

Donner corps au concept politique de Brexit a représenté un défi insurmontable pour le Premier ministre David Cameron, qui a d'emblée renoncer à assumer cette responsabilité, dès le lendemain du vote des Britanniques, alors même qu'il avait décidé d'organiser ce scrutin.

Il en est allé de même pour son successeur Theresa May, qui, en tentant pour sa part courageusement cet exercice y a usé ses forces, au point de perdre tout crédit politique. Il appartient désormais à son successeur, au demeurant l'un des principaux artisans de la majorité qui a emporté le référendum, Boris Johnson, de s'y risquer, en se confrontant aux réalités.

Au final, le référendum du 23 juin 2016 a déclenché une crise politique et constitutionnelle sans précédent, qui a pris la forme d'une réaction en chaîne, dont on peine encore à mesurer tous les effets. À la manière des poupées russes, chaque problème en a soulevé un autre : il en fut ainsi d'abord de la frontière irlandaise, qui a ensuite posé le problème du maintien de la paix civile en Ulster, suivi par celui de l'intégrité du Royaume-Uni, au point de réactiver désormais le débat sur l'indépendance de l'Ecosse. Dans le même temps, les fondations de la plus ancienne démocratie parlementaire au monde ont été remises en cause de façon inédite.

Nombreux sont les observateurs britanniques à considérer aujourd'hui le lancement du référendum ayant conclu au Brexit comme la plus funeste décision de politique intérieure (et extérieure) depuis la Seconde guerre mondiale. Le groupe de suivi partage également ce sentiment.

L'Union européenne a su préserver son unité grâce à Michel Barnier, le négociateur de l'Union européenne. Néanmoins, le départ, pour la première fois, d'un État membre apparaîtrait comme une terrible perte de prestige internationale, autant qu'un symbole désastreux. S'y ajoute l'extrême difficulté des négociations entre Londres et Bruxelles, qui a paralysé le processus de relance de la construction européenne, tout en suscitant des critiques acerbes de la part des mouvements populistes se plaisant à mettre en avant l'impossibilité de quitter l'Union européenne. Or cette dernière ne saurait être caricaturée comme une nouvelle « prison des peuples » sans graves dommages dans l'opinion publique.

Force est de reconnaître, du moins jusqu'à présent, que le sursaut salutaire de l'Union européenne, tant espéré dans la foulée du référendum britannique de 2016, n'a pas encore eu lieu.

Sans doute la question du Brexit doit-elle, au préalable, être réglée pour pouvoir espérer avancer à Vingt-sept, alors que nous pensions initialement l'inverse.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page