PREMIÈRE PARTIE
ASSURER UN REDÉMARRAGE DE LA VIE DES TERRITOIRES : LA SORTIE DE L'URGENCE, PREMIÈRE ÉTAPE DE LA RECONSTRUCTION

Impératif moral, économique et social, le redémarrage du territoire après une catastrophe naturelle est la première étape de la reconstruction.

I. APRÈS LA CRISE, SORTIR DE L'URGENCE

Dans cette phase de reprise immédiate après la catastrophe, l'accès aux vivres et à l'eau potable, mais aussi l'accès aux soins et la sécurité des populations demeurent pour les pouvoirs publics des impératifs à garantir.

A. L'ACCOMPAGNEMENT PRIORITAIRE ET LE RELOGEMENT DES POPULATIONS

La première étape de la sortie de la période de l'urgence, une fois le territoire sécurisé, concerne l'accompagnement et notamment le relogement des personnes sinistrées.

Les mesures d'accompagnement d'urgence ont été plurielles et portées par différentes administrations - ministères de l'intérieur, des outre-mer et de la cohésion des territoires, au titre desquelles :

- des réquisitions de nuitées par les services déconcentrés de Guadeloupe ;

- des achats et distributions de vivres ainsi que des bâchages, afin de maintenir les personnes dans leur logement lorsque cela était possible ;

- la prise en charge et l'accompagnement des relogements de sinistrés , dans les territoires touchés comme dans l'hexagone, parfois en appui d'associations comme France Horizon.

Le ministère des outre-mer précise 3 ( * ) que le relogement a concerné les personnes sinistrées en situation d'urgence, par réquisition ou sous tentes, et les Saint-Martinois ayant quitté l'île pour l'hexagone, dont le nombre est estimé autour de 2 000 personnes 4 ( * ) .

Dans le cas des ouragans Irma et Maria qui ont touché les Antilles en 2017, le ministère des outre-mer souligne qu' une aide exceptionnelle a commencé à être distribuée le 24 novembre, sous forme de cartes prépayées - « Cohésia » - à Saint-Martin et en liquide pour les sinistrés hébergés dans l'hexagone. Cette mesure, qui a duré jusqu'au 15 décembre 2017 a été budgétée à 3 millions d'euros 5 ( * ) . Le Gouvernement indiquait que cette « carte prépayée de 300 € par adulte et 100 € par enfant - dans la limite de 900 € par famille - a été distribuée sur critères sociaux à quelque 4 200 foyers de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Mise en place jusqu'au 31 janvier, cette carte était utilisable exclusivement dans les commerces installés sur le territoire français afin de relancer l'économie locale. Il s'agit d'une première dans un territoire ultramarin ».

Des crédits budgétaires de différents ministères ont été sollicités. Le fonds d'urgence pour le logement a également été mobilisé, notamment avec une dotation spécifique de 6 millions d'euros à la collectivité de Saint-Martin en matière de logement social.

Toutes mesures confondues, le montant de ces actions s'élèverait autour de 17 millions d'euros.

Quelle que soit l'ampleur de la catastrophe, les exemples récents montrent que cette mission d'accompagnement immédiat est le fait d'une collaboration entre l'État, les collectivités et les organisations humanitaires . La préfecture de Mayotte 6 ( * ) a ainsi signalé l'exemple des importantes précipitations ayant causé une coulée de boue meurtrière dans la commune de Koungou en janvier 2018, à la suite desquelles les services de l'État, la municipalité et le conseil départemental avaient ainsi oeuvré auprès d'associations pour reloger plus de 150 personnes.

La problématique du relogement peut cependant être encore plus délicate selon la situation sociale des personnes touchées. Ainsi, la préfecture de Mayotte souligne la question sensible des « habitats précaires et illégaux, dont l'existence peut être liée à la problématique de l'immigration clandestine. Les familles qui vivent dans ces quartiers sont réfractaires à l'aide ponctuelle qui peut leur être apportée. Leurs situations, hors de tout cadre, sont déjà très précaires. L'évacuation ou la perte de leur domicile (aussi insalubre soit-il) les condamnerait à une précarité encore plus grande ».


* 3 Réponses du ministère des outre-mer au questionnaire des rapporteurs.

* 4 Selon le ministère des outre-mer, 1 952 personnes ont pris contact avec France-Victimes à divers titres, dont 50 % environ pour l'hexagone. 350 rapatriés ont été hébergés par les dispositifs d'accueil mis en place par l'État. Le site de Coye a abrité 14 familles sinistrées.

* 5 Cette dépense a été imputée sur le programme budgétaire 161.

* 6 Réponses de la préfecture de Mayotte au questionnaire des rapporteurs.

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