II. LA CRISE DU CORONAVIRUS, UN ACCÉLÉRATEUR STRATÉGIQUE ?

La crise sanitaire qui s'est amplifiée au cours des dernières semaines est un test de crédibilité et d'efficacité pour l'Europe . Elle pose la question de la solidarité de l'Union européenne, théoriquement garantie par les traités ; mais elle posera aussi, à terme, si l'Europe reste divisée, la question d'une redistribution des pouvoirs entre superpuissances , alors que la Chine et la Russie font aujourd'hui figure de recours pour les pays européens les plus affectés par la pandémie.

A. UN TEST DE COHÉSION POUR L'EUROPE

L'article 222 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, dit « clause de solidarité » , dispose que « L'Union et ses États membres agissent conjointement dans un esprit de solidarité si un État membre est l'objet d'une attaque terroriste ou la victime d'une catastrophe naturelle ou d'origine humaine. ». Cette clause doit être distinguée de l'article 42, paragraphe 7, du traité sur l'Union européenne, qui a vocation à répondre à l'hypothèse d'une agression armée. Contrairement à l'article 42 §7, l'article 222 peut être déclenché pour répondre à une situation de « catastrophe naturelle ou d'origine humaine », situation à laquelle une pandémie peut être assimilée.

La réunion en visioconférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne le 26 mars dernier, pour tenter de coordonner leurs réponses à la crise du coronavirus, n'a malheureusement pas permis de donner une telle image de solidarité, en reportant de deux semaines les décisions à prendre dans le domaine financier, alors que l'urgence imposait une réponse rapide. De nombreux observateurs, dont Jacques Delors et Enrico Letta, ont déploré cette situation, jugeant qu'elle faisait « courir un danger mortel à l'Union européenne » (Jacques Delors).

Le bilan est toutefois à nuancer, puisque des mesures ont été prises , notamment un assouplissement sans précédent par la Commission de l'orthodoxie budgétaire européenne, et l'annonce d'un plan d'investissement pour lutter contre les effets économiques de la pandémie. La Banque centrale européenne a, elle aussi, réagi rapidement en lançant un vaste plan de rachat d'actifs (« pandemic emergency purchase programme ») pour alimenter l'économie en liquidités et aider les entreprises européennes mises en difficulté par la pandémie et par les mesures de confinement prises en conséquence. Des coopérations bilatérales transfrontalières se sont également mises en place, telles que celle qui a permis le transfert de patients des hôpitaux de Grand Est français vers plusieurs pays frontaliers.

Page mise à jour le

Partager cette page