B. UN IMPACT ÉCONOMIQUE ASSEZ PRONONCÉ

La Hongrie avait connu une croissance de 5 % en 2018 et 2019, le pays bénéficiant d'importants investissements étrangers, de fonds européens conséquents et d'une fiscalité attractive (le taux de l'impôt sur les sociétés y est de 9 %). L'industrie représente 30 % du PIB. Avant la crise sanitaire, la Hongrie connaissait le plein emploi, avec un taux de chômage de 3,1 %.

Les mesures prises par les autorités pour faire face à la crise ont eu un impact économique assez prononcé. Le plan de relance mis en oeuvre est massif : il représente 18 % du PIB. L'objectif est de faire repartir la consommation des ménages.

De nombreux indicateurs sont dégradés. En avril, la production industrielle a baissé de 36,6 %. Les exportations ont reculé de 37 %, et les importations de 28 %. La consommation des ménages a diminué de 10,2 %. Le PIB pourrait se contracter de 6 % à 8 % en 2020 ; il a déjà baissé de 13,6 % au deuxième trimestre par rapport au même trimestre 2019. Il s'agit de la plus mauvaise performance au sein du groupe de Visegrad . Le déficit budgétaire pourrait atteindre - 9 % à - 10 % du PIB à la fin de l'année. La dette publique reste contenue, à 71,9 % du PIB fin juin, mais elle s'établissait à 66,8 % fin mars et devrait encore se creuser d'ici la fin de l'année.

Le taux de chômage a sensiblement augmenté. En août, il s'établissait à 4,8 % de la population active - mais probablement davantage en réalité -, soit une baisse par rapport aux mois précédents, mais une augmentation de 120 000 personnes sur un an , tandis que des licenciements massifs sont annoncés par des grandes entreprises. La moitié des chômeurs n'est éligible à aucune allocation financière. Le tourisme, qui représente 450 000 emplois, a beaucoup souffert - le directeur de l'hôtel Sofitel de Budapest a indiqué à la délégation qu'il allait licencier 55 % de son effectif. À Budapest, les touristes étrangers contribuent à hauteur de 90 % à l'activité d'hébergement et à 50 % à celle de la restauration.

La crise sanitaire a eu un impact également élevé sur le secteur automobile - la Hongrie avait produit 460 000 véhicules en 2019, au 9 e rang des producteurs européens. La production de véhicules, qui représente 26 % de la production manufacturière hongroise, a ainsi baissé de près de 20 % en mars, et de 28 % sur un an. L'activité des concessionnaires a reculé de 50 % pendant la crise, du fait d'une baisse de la demande et des difficultés d'approvisionnement en véhicules neufs et pièces détachées. Toutefois, l'impact de la crise sur les achats de véhicules neufs a été moins sévère que dans d'autres États membres. Si le gouvernement n'a pas annoncé de plan de soutien spécifique au secteur automobile, il a renouvelé les aides à l'achat de véhicules électriques - la Hongrie ambitionne d'être le pays européen de référence pour les voitures et batteries électriques.

Pour autant, l'outil de production est resté intact ; le tissu industriel hongrois est plus équilibré que celui de certains de ses voisins qui ont une mono-industrie, comme la Slovaquie avec l'automobile. De même, la crise sanitaire ne devrait pas déstabiliser le système bancaire, plus solide que lors de la crise financière de 2008, même si de nombreux particuliers et professionnels risquent d'être insolvables.

Les prévisions tablent sur un rebond de la croissance en 2021 (+ 4,8 %) , mais la situation économique ne devrait retrouver son niveau d'avant le nouveau coronavirus que début 2022.

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