II. UN CONTEXTE QUI ACCÉLÈRE LA PRISE DE CONSCIENCE D'UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE MAJEUR

Cette crise sanitaire rappelle l'urgence à consacrer à ce secteur en crise depuis plusieurs années un investissement plus important et constitue une opportunité d'engager des changements attendus.

A. PRÉVENIR ET DÉDRAMATISER LES PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE

1. Faciliter l'appropriation d'une culture de prévention

Un premier levier d'action réside dans la prévention et l'information. En effet, la stigmatisation des troubles psychiques constitue un facteur de non-recours aux soins . Selon le Pr Antoine Pelissolo, les représentations sur les maladies mentales dans notre pays (associées à la culpabilité, la honte, l'incompréhension...) seraient comparables à celles observées en Écosse il y a 40 ans.

Pourtant, des informations ou initiatives existent et la crise sanitaire a eu pour mérite de contribuer à les faire connaître un peu plus. Le site « psycom.org », cofinancé par Santé publique France et le ministère chargé de la santé, délivre une information en direction de plusieurs publics et aide à s'orienter dans le système de prise en charge, avec un annuaire des structures néanmoins limité pour l'heure à l'Île-de-France. Un autre site est ciblé sur les familles, « CléPsy », porté notamment par les équipes du service de pédopsychiatrie de l'hôpital Robert-Debré de Paris.

Les sites d'information « grand public » aident à rompre l'isolement et répondent à un besoin mais cette réponse n'est pas adaptée à tous les publics ; un soutien direct est indispensable pour atteindre les plus fragiles. À cet égard, les rapporteurs attirent l'attention sur plusieurs initiatives à développer, à l'image du projet « premiers secours en santé mentale » , pour l'heure ciblé sur le public étudiant, qui favorise la prévention à travers des démarches de pair à pair. Les actions de soutien à la parentalité devraient être selon plusieurs spécialistes un autre domaine prioritaire pour des actions d'accompagnement et de repérage précoce des troubles chez l'enfant et l'adolescent.

2. Renouveler les pratiques en intégrant pertinemment l'outil numérique

Sur le champ de l'information, du repérage et du « premier contact » en santé mentale, la crise sanitaire a donné lieu à un foisonnement d'initiatives , s'appuyant sur une diversité de supports : des applications proposant une autoévaluation de son état mental voire des conseils personnalisés ou des sites proposant des téléconsultations avec des psychologues ont émergé ou rencontré un développement au cours de l'année 2020.

En octobre 2020, un rapport de retour d'expériences de la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie recensait 150 dispositifs innovants, dont 63 % à l'initiative de structures publiques. Les lignes d'écoute notamment se sont multipliées : l'ARS en recensait 18 à cette date pour la seule région Île-de-France, en portant un premier bilan mitigé (lignes fermées, faible recours ou bénéfice difficile à évaluer).

Ces outils tels que les lignes d'écoute, facilement accessibles, aident des personnes à « franchir le pas » pour parler de leurs troubles psychiques, voire entrer dans un accompagnement. Ils permettent de capter une demande, de l'orienter, de la filtrer. Il ne peut s'agir toutefois que d'une offre de service complémentaire.

En effet, l'outil numérique peut se révéler excluant pour d'autres publics et ne saurait bien entendu tenir lieu de seule réponse dans des prises en charge qui reposent d'abord sur la relation humaine avec un soignant.

L'intérêt dans le temps de ces outils devra être évalué, notamment en termes de qualité des parcours de prise en charge et de continuité du suivi pour ceux qui proposent une mise en relation avec des professionnels par le biais de téléconsultations. Une plus grande cohérence entre les dispositifs gagnerait en outre à être recherchée, dans un souci de lisibilité de l'offre mais aussi pour que ces lignes d'écoute puissent être adossées à un réseau territorial de structures et de professionnels à l'image de ce que le numéro vert « Psy Île-de-France » mis en place en avril 2020 peut proposer, en s'appuyant sur l'expertise du centre psychiatrique d'orientation et d'accueil du GHU de Paris.

Pour les sites de téléconsultation adossés à des plateformes commerciales, un dispositif de certification des intervenants serait par ailleurs un gage de qualité.

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