B. DIVERSIFIER L'ORIGINE DES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE POUR FAVORISER DES INSTALLATIONS TERRITORIALES MIEUX RÉPARTIES

Avant la rentrée universitaire 2020-2021, l'admission dans les études de santé - maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie - se faisait presque exclusivement via la première année commune aux études de santé (PACES). La réforme du premier cycle des études de médecine a permis de diversifier les voies d'accès aux études médicales . Les universités ont mis en place de nouvelles modalités d'accès aux études de santé après une, deux ou trois années d'études supérieures de santé et chaque étudiant peut présenter à deux reprises sa candidature aux études de santé. Les lycéens peuvent ainsi choisir entre plusieurs parcours, intégrés dans les mentions de licence : une licence avec une option « accès santé » (L.AS) ou un parcours spécifique « accès santé », avec le choix d'une option dans une autre discipline (PASS).

Source : Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

L'un des objectifs attendus de la réforme de l'entrée dans les études de santé est de diversifier les profils et l'origine des étudiants , en instaurant un mode de sélection ne reposant plus uniquement sur un QCM, via également des questions rédactionnelles ou des oraux. La diversité socioprofessionnelle des étudiants en médecine est en effet moindre que pour l'ensemble de la population étudiante : sur la période 1990-2002, les médecins, pharmaciens et dentistes se recrutent encore largement (à 40 % ou plus) dans les familles de cadres et professions intellectuelles supérieures. C'est en particulier le cas des médecins, dont 45 % proviennent de telles familles et seulement 8 % sont originaires d'une famille d'ouvriers 43 ( * ) . Ces données, actualisées par la Drees en 2015, présentent une constance assez forte au court du temps.

Source : Drees, Profil et parcours des étudiants en PACES, juillet 2015.

Les efforts doivent donc désormais porter sur une diversification accentuée de l'origine socio-économique des étudiants , pour former de nouveaux profils d'étudiants répondant mieux aux besoins des zones sous-denses. La littérature scientifique enseigne en effet les conséquences importantes de ce type de mesure en matière d'installation dans les territoires sous-denses : la Drees a ainsi mis en évidence dans son étude comparée précitée 44 ( * ) que « les résultats convergents des études sur l'influence des médecins sur les choix d'installation ainsi que le succès de plusieurs expériences, menées notamment aux États-Unis, ont conduit plusieurs pays à s'appuyer davantage sur la formation pour accroître la présence médicale dans les zones mal desservies. Le levier principal est la sélection des étudiants admis en école de médecine, pour augmenter la part de ceux qui sont issus de communautés défavorisées en termes d'accès aux soins. Pour atteindre cet objectif, une démarche de décentralisation des lieux de formation a été mise en oeuvre, complétée par des démarches positives vis-à-vis des élèves du secondaire et des processus de sélection adaptés pour donner la priorité, à performance égale, aux étudiants issus de zones moins favorisées ou qui souhaitent y exercer. »

Il convient d'être plus ambitieux pour favoriser la diversité des étudiants en santé, par un système de bourse au profit des étudiants issus de zones sous dotées et d'accompagner spécifiquement les étudiants issus de la filière L.AS entrant en deuxième année de médecine. Cet effort de diversification reposerait sur des logiques de discrimination positive, grâce par exemple à des journées d'orientation au bénéfice des lycées ruraux, un accompagnement scolaire et financier des lycéens et néo-bacheliers issus des zones sous-denses souhaitant s'orienter vers les filières médicales.

Un rapport de l'institut Montaigne de mai 2013 45 ( * ) proposait de mettre en place des procédés de recrutement via des conventions avec des lycées en zone rurale ou en zone urbaine sensible, afin de diversifier l'origine sociale et géographique des médecins. Cette opération de repérage, de suivi et de soutien des meilleurs éléments pourrait s'inspirer des « conventions éducation prioritaire » (CEP) mises en place par l'Institut d'études politiques de Paris pour diversifier les origines sociales de ses étudiants.

Proposition 29 : Diversifier l'origine sociale et géographique des étudiants en santé et instaurer des bourses pour les étudiants issus de zones sous-dotées.

De même, il pourrait être opportun de renforcer, au cours des études de santé, l' information des étudiants s'agissant des inégalités de démographie médicale et aux spécificités des territoires , les étudiants en santé rencontrés par le rapporteur ayant indiqué que c'était un angle mort de leurs études et qu'aucune sensibilisation ne leur était présentée sur ces inégalités territoriales.


* 43 L'origine sociale des professionnels de santé, Drees, Études et résultats n° 496, P. Breuil-Genier (Insee), D. Sicart, juin 2006.

* 44 Remédier aux pénuries de médecins dans certaines zones géographiques. Les leçons de la littérature internationale , D. Polton, H. Chaput, M. Portela, les dossiers de la Drees n° 89, décembre 2021.

* 45 https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/rapport_acces_aux_soins.pdf

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page