LE CONSTAT : UN PROCESSUS DE PAIX DANS UNE TRIPLE IMPASSE

Si la solution à deux États se trouve dans une triple impasse (politique intérieure israélienne, déficit de légitimité de l'autorité palestinienne et paralysie du Quartet pour le Moyen-Orient composé des États-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et des Nations unies), la question se pose de savoir si celle-ci peut se voir substituer d'autres propositions. Le statu quo est-il toujours possible ? La solution d'un État unique trouve un écho auprès de palestiniens qui désespèrent du blocage du processus de paix et espèrent un meilleur développement économique, mais cette solution est-elle viable et acceptable ?

I. LA SOLUTION À DEUX ÉTATS N'EST PAS VIABLE EN L'ÉTAT

Plusieurs irritants expliquent la situation de blocage du processus de paix depuis maintenant plus de 20 ans :

· Le statut de Jérusalem-Est est un point central tant pour les israéliens - qui affirment qu'ils ne quitteront jamais cette zone - que pour les palestiniens qui entendent y installer la capitale du futur État de Palestine ;

· La demande palestinienne de retrait de l'armée israélienne de Cisjordanie suscite pour la partie israélienne une objection prenant pour exemple le cas de la bande de Gaza, qu'elle a évacuée de son plein gré en 2005, mais qui est depuis 2007 contrôlée par le Hamas et qui est une source d'insécurité permanente.

Du point de vue des Israéliens, la situation est bloquée par l'absence de perspective de paix négociée et respectée ainsi que par l'absence d'interlocuteurs fiables : l'Autorité palestinienne est très affaiblie politiquement, d'une part, par l'usure de la figure du président Mahmoud Abbas, au pouvoir depuis 17 ans ; et d'autre part, par l'impossibilité de négocier avec le Hamas qui tient Gaza.

Du point de vue palestinien, la viabilité d'un État indépendant est remise en cause par la colonisation et le morcellement du territoire qu'elle induit (cf. ci-après la carte de l'évolution territoriale de la Palestine de 1947 à 2015 et, en annexe II, la carte des Territoires palestiniens).

Évolution des territoires palestiniens de 1947 à 2015

Source : Atlas du Moyen Orient, aux racines de la violence (éditions Autrement)

Un recensement exhaustif des points de blocage pourrait constituer la première tâche des négociateurs en cas de reprise des discussions.

II. LE STATU QUO CONSTITUE UN DANGER PERMANENT D'EXPLOSION DE LA VIOLENCE

Pour les palestiniens, la vacance du « quartet » pour le Moyen-Orient et l'absence d'initiative de paix créent un vide politique qui peut entraîner une spirale dangereuse. De fait la guerre en Ukraine rend impossible toute discussion constructive entre la Russie, d'une part, et les États-Unis, l'Union européenne et les Nations unies, d'autre part.

La désespérance de la population palestinienne porte le germe déjà palpable d'une radicalisation des groupes qui ne voient plus ni dans le Fatah, ni dans le Hamas, des acteurs capables de faire évoluer la situation et de contribuer au développement des territoires.

Mais l'absence de résolution du conflit israélo-palestinien se révèle aussi être une impasse politique et une source de danger pour la société israélienne elle-même :

- La dissolution de la Knesset annoncée par MM. Naftali Bennet et Yaïr Lapid le lundi 20 juin intervient à l'issue de longues semaines de crises, avec la défection de la cheffe de la majorité, Mme Idit Silman, membre du parti Yamina, en mai dernier, puis le refus de deux députés de la coalition (dont un de la ligue arabe unie) de voter le renouvellement de la loi prévoyant l'application extraterritoriale du droit israélien aux colons de Cisjordanie avant son expiration prévue le 30 juin 2022 ;

- la crise de mai 2021 a donné lieu, pour la première fois, à des violences intra-israéliennes dans les villes mixtes entre juifs et arabes israéliens.

On voit ainsi que bien que la priorité stratégique soit donnée à la lutte contre la menace iranienne, le conflit israélo-palestinien et le problème du statut des colons restent une épée de Damoclès constamment suspendue sur la cohésion des coalitions successives.