III. UNE RELATION FRANCO-ÉGYPTIENNE SOLIDE ET CONFIANTE

A. D'EXCELLENTES RELATIONS BILATÉRALES

1. Des relations très suivies

Les relations franco-égyptiennes sont marquées par une grande confiance. Les visites croisées au niveau des chefs d'Etat sont quasiment annuelles depuis l'arrivée au pouvoir du président Sissi, les dernières ayant été celles du Président de la République à Charm-el-Sheikh pour la COP27 et du Président Sissi à Paris en juillet 2022 ; une visite de ce dernier à l'occasion du One Ocean Summit en février 2022 ; deux visites en mai et novembre 2021, ainsi qu'une visite d'Etat en décembre 2020.

2. Une relation-clef dans la gestion des crises régionales

L'Égypte est en effet un partenaire très important de la France au Moyen-Orient, une véritable porte d'entrée pour celle-ci dans les crises de la région. La coopération est particulièrement étroite sur le dossier libyen, en particulier depuis la mise en place du comité franco-égyptien sur la Libye en 2018. Les consultations au niveau des hauts fonctionnaires et ministres sont nombreuses sur de nombreux autres dossiers (Afrique, Syrie au sein du Small Group, lutte contre le terrorisme, processus de paix au Proche-Orient avec le groupe d'Amman, composé également de la Jordanie et de l'Allemagne). La France soutient par ailleurs l'Égypte au sein des Nations unies sur la question du barrage de la Renaissance.

3. Des relations culturelles étroites, des liens économiques en devenir

La relation avec l'Égypte se traduit sur le plan culturel par de grands projets, notamment dans le domaine archéologique, avec plus de 40 missions archéologiques françaises en Égypte. La coopération est également approfondie dans le domaine universitaire.

En revanche, sur le plan économique, la France n'est que le 11ème partenaire commercial de l'Égypte en 2020, et seulement le 5ème partenaire européen, derrière l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Une stratégie visant à reconquérir de nouveaux marchés a été mise en place en 2019. Des contrats ont été signés dans le domaine des transports, de l'énergie, de l'eau et de l'agriculture. Il est nécessaire de poursuivre cet effort.

B. UNE RELATION DE DÉFENSE MARQUÉE PAR UNE GRANDE CONFIANCE

La coopération entre la France et l'Égypte dans le domaine de la défense et de l'armement est exceptionnelle depuis plusieurs années.

1. Des Rafales pour l'armée de l'air égyptienne

En matière aérienne, l'Égypte a acquis des Rafale à deux reprises : 24 appareils en 2015 et 30 supplémentaires en mai 2021, qui commenceront à être livrés en 2026. L'Égypte est un client de la France de très longue date pour les avions de combat. L'armée de l'air a acquis des Mirage 5, des Alphajets, des Mirage 2000 puis des Rafale. L'Égypte a été le premier Etat à recevoir le Rafale. Ainsi, l'Égypte souligne à l'envi qu'elle est le « porte-bonheur » du Rafale qui a pu décrocher d'autres contrats par la suite. Il est vrai que l'exemple de l'achat de l'appareil et de son utilisation par les forces égyptiennes a sans doute joué un grand rôle dans les décisions prises par le Qatar, les Émirats arabes unis, la Grèce et l'Indonésie d'acquérir ensuite l'avion. L'Égypte semble pleinement satisfaite des conditions de mise en oeuvre de ce contrat et du MCO associé, qui lui ont permis d'obtenir un taux de disponibilité d'environ 90% selon Dassault, très supérieur à celui obtenu avec les autres avions de combat de la flotte égyptienne (notamment les F-16). En outre, l'Égypte est pleinement autonome dans l'utilisation de ces avions, ce qui n'est pas nécessairement le cas s'agissant des concurrents.

Ces contrats représentent également une forte activité pour le fabricant de moteurs Safran, les Rafale étant des bimoteurs, avec les contrats de maintenance afférents. Le motoriste entretient par ailleurs environ 60 moteurs d'hélicoptères, 40 moteurs d'Alphajet, 15 moteurs de Mirage, ainsi que 150 moteurs civils dans le pays, mais aussi les trains d'atterrissage et les freins de très nombreux avions.

Les deux industriels soulignent que leur avenir en Égypte passe par la localisation d'une partie de l'activité dans le pays, du seul fait de la pression concurrentielle même en l'absence d'obligation légale. Or, l'Égypte possède un bon tissu industriel, le plus développé dans la zone Afrique du Nord /Moyen-Orient. En revanche, il existe dans le pays un déficit de qualifications intermédiaires (type BTS) : c'est donc l'un des domaines dans lesquels la coopération avec la France en matière de formations doit être approfondie.

2. Une coopération très approfondie en matière maritime

Enfin, l'Égypte a acquis de nombreux navires auprès d'industriels français. Il s'agit d'une coopération particulièrement approfondie, notamment en ce qui concerne la fabrication des corvettes Gowind, puisque le montage des navires a lieu entièrement dans un arsenal d'Alexandrie.

Des contrats pour sept navires de guerre de premier rang

4 Corvettes Gowind de 2 500 tonnes ont été vendues par DCNS devenu Naval Group, dont trois sont fabriquées à Alexandrie, pour un montant d'environ 1 milliards d'euros

1 frégate multi-missions (FREMM) prise sur le stock de la marine nationale en 2016

2 porte hélicoptères amphibie (PHA) initialement destinés à la Russie, en cours d'équipement car vendus sans systèmes de combat

Un contrat de maintenance a été signé pour ces 7 navires de 1er rang, sur trois ans.

Ces contrats reçoivent un rayonnement important du fait des coopérations maritimes de l'Égypte en Méditerranée orientale.