AVANT-PROPOS

Phénomène massif et très majoritairement féminin, la monoparentalité concerne aujourd'hui, en France, une famille sur quatre, contre moins d'une sur dix dans les années 1970. Dans 82 % des cas, les familles monoparentales ont une femme à leur tête.

D'un point de vue statistique, la monoparentalité est donc devenue un modèle familial incontournable de la parentalité contemporaine et un public à part entière des politiques sociales et familiales.

D'un point de vue social, monoparentalité rime, le plus souvent, avec précarité.

Les familles monoparentales sont en effet exposées à des difficultés spécifiques et à des facteurs de vulnérabilité qui justifient et nécessitent l'élaboration de politiques publiques tenant compte de leurs spécificités. Ainsi, 41 % des enfants issus de familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté et 46 % de ceux qui vivent seuls avec leur mère sont pauvres. En outre, après une séparation, au cours de l'année qui suit la rupture, la baisse du niveau de vie des enfants résidant chez leur mère est de 25 % (contre 11 % pour ceux qui résident chez leur père).

Les familles monoparentales sont au croisement des enjeux de lutte contre la précarité, d'insertion professionnelle, d'égalité entre les femmes et les hommes, et d'égalité des chances.

Pourtant, les politiques publiques de la famille ne sont pas en adéquation avec ce modèle familial, pas plus, de façon générale, qu'avec la diversité des modèles familiaux que nous connaissons aujourd'hui.

Malgré des constats connus, ces politiques familiales semblent incapables d'embrasser pleinement les problématiques propres aux familles monoparentales, principalement en raison de la sous-estimation voire de la méconnaissance du cumul des inégalités auquel ces familles sont confrontées. Ces inégalités sont multiples : inégalités de genre, inégalités professionnelles, inégalités sociales.

L'objectif du présent rapport est donc triple :

- faire évoluer les représentations sociétales de la monoparentalité et en faire un modèle familial parmi d'autres ;

- renforcer significativement les mécanismes de solidarité publique et privée pour lutter contre la précarisation des familles monoparentales ;

- faire de ces familles un public prioritaire pour l'accès à certains droits et services.

À cette fin, les rapporteures formulent dix recommandations de nature à :

- mieux appréhender le cumul d'inégalités et de difficultés auquel les familles monoparentales font face ;

- rendre le système sociofiscal plus lisible et plus juste ;

- responsabiliser davantage le parent non-gardien en augmentant sa participation aux coûts d'entretien et d'éducation de son enfant ;

- reconnaître les familles monoparentales comme un modèle familial parmi d'autres.

Les thèmes associés à ce dossier

Partager cette page