C. LES SERVICES

Les services emploient 68,7 % de la population active norvégienne et contribuent à la formation de 55.8 % du produit national brut.

La recherche dispose d'une place non négligeable en Norvège. Les centres universitaires sont concentrés à Oslo, Stavanger. Bergen, Trondheim et Tromsö.

À Stavanger, la Mission a pu s'entretenir avec les dirigeants de l'Institut de recherche du Rogaland. Le Rogaland est la première région norvégienne pour le développement par tête d'habitant. Employant 248 chercheurs dont soixante-dix en cours de rédaction d'une thèse, l'Institut du Rogaland a une vocation poly-scientifique. Doté de capitaux privés mais bénéficiant, pour 6 % de son budget, d'une subvention du ministère norvégien de la recherche scientifique, l'Institut a réalisé un chiffre d'affaires de 162 millions de couronnes norvégiennes en 1994. L'Institut est spécialisé dans les recherches marines et énergétiques. Il entretient des relations étroites au sein de l'Union européenne et dispose d'un correspondant auprès des institutions européennes à Bruxelles.

D. LE COMMERCE EXTÉRIEUR

1. Des résultats positifs

La balance agricole norvégienne, pêche et bois compris, est excédentaire. Elle était de 1,75 milliards de dollars en 1992 (dernier chiffre connu), soit 1,6 % du produit national brut.

La balance commerciale est, elle aussi, excédentaire (8,9 milliards de dollars en 1993). Les premiers partenaires commerciaux pour les marchandises sont : le Royaume-Uni (18,5 %), l'Allemagne (14,3 %), la Suède (12,4 %), les États-Unis (6,6 %), la France (6,5 %).

À la différence de nombreux autres pays occidentaux, la Norvège dispose d'une balance des paiements courants nettement positive (27 milliards de couronnes en 1994, contre 17 en 1993), grâce à l'accroissement de sa production pétrolière. Le pays a donc pu se permettre de réduire son endettement extérieur qui -cela mérite d'être souligné- ne représentait plus, en 1994, que 5,5 % du produit national brut.

2. Une flotte de commerce puissante

La Norvège possède une flotte qui représente plus de 5 % du total international. Mais alors que le flotte mondiale s'est accrue de 10 % en cinq ans. la flotte norvégienne conserve un tonnage à peu près stable. La flotte marchande est passée de 1.385 navires et 47,9 millions de tonneaux (Mtpl) à 1.381 unités et 47,2 Mtpl au cours du premier trimestre de 1995.

Parmi ces dernières, 254 de 2,3 Mtpl étaient immatriculées au registre ordinaire, 751 de 31,3 Mtpl à l'étranger. La flotte sous pavillon national, évaluée à 12,2 milliards de dollars, se trouve au sixième rang mondial avec 1.147 navires de 32 Mtpl derrière Panama, le Libéria, la Grèce. Chypre et les Bahamas. Celle appartenant a des intérêts norvégiens mais sous pavillons étrangers est évaluée 5.395 milliards de dollars. Il convient d'ajouter la flotte de plates-formes de forage et d'habitation estimée à 2,18 milliards de dollars. 58 plates-formes sont immatriculées à l'étranger.

Force est de constater que la Norvège n'a pu se conserver une marine marchande nationale qu'au prix de ce qu'il faut bien appeler une capitulation syndicale . Il convient de savoir que les équipages des navires norvégiens sont constitués, pour l'essentiel, de marins originaires des pays du tiers-monde, à l'exception des officiers. Bien plus, un accord existe pour les navires effectuant de la navigation domestique : chaque embauche de marin étranger est assortie du versement d'une contribution aux organisations syndicales.

Enfin, si les activités de courtage ont été stimulées en Norvège, les délocalisations vers l'étranger (Bermudes, Singapour voire Londres) de sièges sociaux d'entreprises norvégiennes d'armement maritime se multiplient à tel point qu'une exonération d'impôt leur est accordée par la Norvège depuis la fin de 1993.

3. Les relations économiques franco-norvégiennes

Dans les échanges commerciaux entre la Norvège et la France, le pétrole et le gaz naturel représentent 66 % de nos achats et nos ventes restent, en grande partie, dépendantes des contrats remportés dans le secteur des hydrocarbures.

En dehors du secteur pétrolier, notre présence en Norvège est modeste , même, si à présent, les entreprises françaises s'intéressent plus que par le passé aux possibilités offertes par les grands contrats norvégiens.


• Situation de nos échanges

Le poste des hydrocarbures, qui couvre les deux tiers de nos achats, explique, à lui seul, le caractère structurel de notre déficit . Malgré un léger recul en 1993, notre déficit commercial avec la Norvège demeure important : 12 milliards de francs et un taux de couverture de 39 % en 1994. Il constitue notre 3ème plus gros déficit au niveau mondial, même si le solde de nos échanges hors pétrole est excédentaire d'environ un milliard de francs. La Norvège couvre environ 9 % de nos importations en pétrole et devrait confirmer dans les années à venir sa place prééminente de fournisseur de gaz (à ce jour. 20 % de nos importations de gaz proviennent de ce pays). En 2005, près du tiers du gaz norvégien pourrait être exporté vers la France.

À la faiblesse structurelle de nos exportations dont le volume est largement dépendant des gros contrats de fourniture pour le secteur pétrolier, les Norvégiens opposent des exportations toujours plus importantes de gaz naturel et de pétrole brut. La France est le deuxième client de la Norvège pour le gaz et le quatrième client pour le pétrole brut. La position d'Oslo en la matière se renforce encore avec la réalisation, à compter d'octobre 1993, de la première phase des Accords de Troll de décembre 1986. Dans le cadre de ces accords. Gaz de France a signé, en juin 1994, un nouveau contrat prévoyant la livraison, à partir de 1996, de 4 milliards de mètres cubes de gaz par an sur une période de 20 ans.

Un nouveau pipe-line -le Norfra- amènera prochainement en France le gaz norvégien. Du côté français, le programme d'investissement établi par Gaz de France est estimé à plus d'un milliard de francs. Il comprend deux stations de comptage et de compression dans la zone portuaire de Dunkerque et des canalisations qui apporteront, sur deux-cents kilomètres, le gaz au réservoir souterrain de Gournay-sous-Aronde.

Nous sommes également devenus, en 1994, les premiers clients de la Norvège pour les produits de la pêche (1,6 milliard de francs d'achats).

Nos ventes sont très largement ventilées, sans qu'aucun secteur ne soit réellement prépondérant. Sème client de la Norvège, nous n'en sommes que le 7ème fournisseur, loin derrière la Suède, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Japon et le Danemark, dont la part de marché évolue entre 14,2 et 7,4 %. En l'absence de perspectives réelles d'augmentation importante de nos ventes, l'objectif affiché réside dans le maintien autour de 4 % de parts de marchés.

PRINCIPALES EXPORTATIONS FRANÇAISES
(millions de couronnes norvégiennes)

La bonne tenue de la chimie et des industries électriques et électroniques et l'excellent retour de nos constructeurs automobiles constituent des points positifs. Les résultats de 1994 confirment la progression de nos ventes dans les secteurs où notre présence est active : automobile (+ 95 %), agro-alimentaire (+ 22 %), chimie (+ 10 %).

La présence économique de la France en Norvège se situe à un rang honorable, avec 98 implantations françaises, dont 65 contrôlées à 100 %. Notre place de 3ème investisseur (12 % des capitaux investis) -loin, il est vrai, derrière les États-Unis et la Suède- est due à l'importance de la présence de la France dans les secteurs pétroliers et parapétroliers, à travers les compagnies Elf et Total. À l'occasion du 14ème tour (round) d'attribution de licences d'exploitation pétrolières, en septembre 1993, les deux compagnies se sont vu servir de façon relativement satisfaisante, même si ce sont les entreprises norvégiennes qui ont obtenu l'exploitation des champs a priori les plus prometteurs.

La Mission a rencontré, à Stavanger, les dirigeants de la société Elf petroleum Norge, filiale du groupe Elf, présente en Norvège, depuis 1965, et qui exploite principalement le gisement de Frigg. Cette société s'interroge sur son rôle d'opérateur à long terme et cherche à le conforter dans la perspective du I5ème tour d'attribution qui devrait être conclu à la fin de 1995.

Total privilégie, pour sa part, les prises de participation financière dans les champs pétrolifères.

Les entreprises françaises, dans les autres secteurs manquent trop souvent, selon les experts, du dynamisme nécessaire sur le marché norvégien, de taille limitée et fortement protégé . Ce manque d'intérêt est d'autant plus regrettable que d'autres pays n'hésitent pas à intensifier leurs efforts pour prendre place sur ce marché.

Jusqu'à présent, les sociétés françaises ont remporté peu de contrats importants en Norvège continentale (hors secteur pétrolier). Plusieurs grands dossiers en cours sont actuellement suivis avec attention par les entreprises, telles le groupe GEC-Alsthom, notamment la construction du nouvel aéroport international d'Oslo et la rénovation du réseau ferroviaire, qui devront, toutefois, faire face à une importante concurrence allemande et suédoise.

Dans le secteur des chantiers navals, le groupe américano-norvégien RCCL a passé commande de deux nouveaux navires de croisière aux chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire : le montant de la commande est estimé à 3,5 milliards de francs.

À l'occasion de sa visite, en janvier 1994, le Premier ministre norvégien a souhaité voir renforcer notre partenariat économique. La visite en Norvège du ministre français de l'industrie, le 14 février 199S, a été l'occasion d'identifier un certain nombre de projets de coopération et de marquer notre attachement au développement et au rééquilibrage de nos relations industrielles avec la Norvège.


• La coopération scientifique et technique

Outre les liens traditionnels tissés avec les universités, les écoles d'ingénieurs et les laboratoires de recherche, la coopération scientifique se développe suivant trois directions principales :

- la fondation franco-norvégienne pour la recherche scientifique et technique, créée en 1993 pour soutenir des recherches conjointes à court terme, a permis de mener une quarantaine de projets dont la moitié est close. Ce financement public représente environ 40 % du coût des projets, le reste étant à la charge des entreprises ;

- la France, comme la Norvège, la Russie et la Pologne, détient une base permanente au Svalbard. Des chercheurs en glaciologie, géologie et climatologie y viennent comme chaque été ; leurs travaux demeurent toutefois modestes comparés à ceux menés par la France dans l'Antarctique.

La signature, fin juin 1994, d'un accord de coopération entre l'Institut Français de Recherche et de Technologie Polaire et son homologue norvégien devait accroître notre présence scientifique dans l'archipel ;

- la France est observateur auprès de la « région euro-arctique de Barents ».

Instituée en 1993 à l'initiative d'Oslo, cette organisation qui regroupe les pays nordiques et la Russie permet une concertation avec Moscou sur les dossiers, essentiels pour la Norvège, des pollutions nucléaires dues aux émanations de déchets radioactifs et de la sûreté des centrales nucléaires.

La France participe à d'autres instances dans laquelle la Norvège joue également un rôle majeur : études sur les pollutions chimiques en presqu'île de Kola et sur l'épave du sous-marin atomique Komsomolets ; comité de l'Otan sur les défis de la société moderne.

L'expertise française en matière de prévention des risques de pollution nucléaire est vivement souhaitée par la Norvège, comme l'a rappelé Mme Brundtland lors de son entretien de 1994 avec le Premier ministre français Celui-ci lui a donné son accord pour la constitution d'un groupe bilatéral d'experts chargé d'évaluer les formes de coopération possible en ce domaine. Ce groupe s'est réuni à deux reprises, en avril 1994 et en janvier 1995, et poursuivra ses travaux à travers des rencontres périodiques d'experts, répartis en quatre groupes de travail.

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