B. LA NON ADHÉSION DE LA NORVÈGE RISQUE D'ALTÉRER L'INTENSITÉ DE SES RELATIONS AVEC LES AUTRES ÉTATS SCANDINAVES

1. Suède, Finlande et Danemark sont progressivement attirés par l'engagement en Europe

Au cours des entretiens qu'ils ont pu avoir, tant à Paris, en juillet 1995. qu'à Stockholm et Helsinki en septembre, les membres de la Mission ont acquis la conviction que la sincérité de l'engagement de la Suède et de la Finlande dans l'Union européenne comporte, d'une certaine façon, comme corollaire, le fléchissement relatif de la relation bilatérale de chacun de ces deux pays avec la Norvège.

Certes, le sentiment de la solidarité nordique subsiste intact, notamment lorsqu'il se matérialise dans le soutien concret aux États baltes récemment parvenus à l'indépendance mais, s'agissant de l'attention à porter à la Norvège, les dirigeants suédois et finlandais observent avec placidité que « les journées n'ont que vingt-quatre heures ». Or, ces journées sont vouées, désormais pour l'essentiel, à s'adapter à l'Union européenne, à y développer des groupes de pression efficaces et à obtenir de la Commission puis du Conseil la définition de politiques régionales ou de programmes d'initiative communautaire favorables aux nouveaux adhérents.

Ainsi, les exportations norvégiennes de bois-papier pourraient-elles être soumises à rude épreuve, dans la mesure où l'adhésion de la Suède et de la Finlande assurera vraisemblablement l'autosuffisance de l'Union dans ce domaine.

Il est toutefois intéressant de noter qu'entendant préserver ses échanges commerciaux traditionnels avec les nouveaux membres de l'Union européenne. Suède et Finlande, la Norvège a obtenu de la Commission l'ouverture de négociations de compensation pour perte de marché.

Enfin, la mise en place de la frontière externe de l'Union européenne entre la Norvège, d'une part, la Finlande et la Suède, d'autre part, soulève un certain nombre de problèmes :

. sur le plan administratif, celui de la validité de l'accord douanier entre ces trois pays, qui avait créé des postes-frontières communs, percevant les taxes indifféremment pour l'une ou l'autre administration douanière. Ce système, toujours en vigueur aujourd'hui, conduit les douaniers norvégiens à percevoir des droits pour le compte de l'Union européenne.

. sur le plan douanier et commercial, celui de la mise en place de droits de douane sur des produits qui en étaient jusqu'alors exempts. Les produits agro-alimentaires (certains produits laitiers, les légumes, l'aquavit) et les produits de la pêche sont aujourd'hui taxés à l'entrée en Suède ou en Finlande. Dans ces deux marchés, qui représentaient encore en 1994 plus de 1,5 milliard de couronnes d'exportations pour le seul poisson, la mise en place des droits de douanes, conséquence de l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Union constitue un manque à gagner important pour les industries exportatrices norvégiennes. Les négociations de compensation pour perte de marché, actuellement en cours au niveau de la Commission, sont assez âpres, les opinions divergeant encore sur les périodes de références à retenir, sur le montant des contingents, et sur l'aspect rétroactif ou non de l'accord futur.

Un point mérite d'être souligné : l'attention des décideurs norvégiens qui ne manquent pas de téléphoner à leurs homologues suédois ou finlandais pour « savoir ce qui s était dit » dans les réunions de l'Union européenne.

2. La Norvège attirée par le « grand large » ?

La Norvège joue un rôle actif dans les organismes internationaux (Banque mondiale. FMI...) et elle est le pays industrialisé qui fournit la contribution la plus élevée, relativement au revenu national, aux pays du tiers-monde.

Si elle a opéré, au cours des dernières années, une reconversion progressive de son lien avec l'OTAN en une approche de la sécurité qui inclut le concept d'identité européenne de défense, le nouveau contexte résultant du rejet de l'adhésion pourrait conduire la Norvège à faire de l'appartenance à l'Alliance Atlantique sa référence majeure en matière de sécurité.

Le Gouvernement norvégien pourrait, par ailleurs, être tenté de s'orienter, sur le plan économique, vers la mise en oeuvre d'une nouvelle politique en faveur des investissements internationaux, dont le développement d'une ou plusieurs zones franches à proximité immédiate de la frontière norvégienne suédoise pourrait constituer l'un des axes.

Le fait d'être membre de l'OCDE donne à la Norvège la possibilité d'exercer une certaine influence sur les cadres de la collaboration internationale (politique structurelle, coopération avec les pays de l'Europe de l'Est).

Pour la Norvège, qui est un pays dépendant d'échanges internationaux importants, les règles du GATT sont cruciales puisqu'elles garantissent un système commercial prévisible et transparent assurant à tous les pays, petits et grands, les mêmes droits et obligations. Une série de litiges bilatéraux survenus au cours des dernières années ont mis en évidence la nécessité de renforcer les règles. La Norvège estime que c'est là le plus important but de négociations. Du point de vue norvégien, la réduction des aides à l'agriculture et de la protection de ce secteur sont probablement les points les plus épineux. La Norvège cherche à faire accepter le principe que des considérations de caractère non-économique, tels que la sécurité alimentaire, la sauvegarde de l'environnement, la politique régionale et les considérations sociales, puissent continuer à jouer un rôle central dans la politique agricole norvégienne.

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