2. Un bref aperçu des activités industrielles de COMUF à Mounana

Mon expérience proprement minière résulte de la visite au fond de la mine d'Okelobondo-sud, dans le gisement qui concentre aujourd'hui l'essentiel des activités d'extraction. Exploitée depuis 1988, elle est la prolongation en profondeur du gisement d'Oklo, rendu célèbre par la présence de réacteurs nucléaires naturels. La couche minéralisée est située sous environ 500 m de « morts terrains ». La couche exploitable a une dizaine de mètres d'épaisseur au maximum, et la minéralisation est très variable sur l'ensemble du gisement. L'exhaure en eau s'élève à 120 m 3/ heure environ, et l'abondance des pyrites la rend très acide (pH 4).

La proximité du gisement d'Oklo permet d'utiliser certaines infrastructures déjà existantes, qui sont cependant insuffisantes pour le bon fonctionnement simultané des deux mines, La réalisation d'un certain nombre d'ouvrages est nécessaire pour accéder au minerai, évacuer ce minerai au jour et assurer l'aérage des zones d'exploitation. Pour cette dernière fonction, plusieurs cheminées ont été percées dans les années récentes. Le percement commence par l'étude topographique approfondie des terrains (sondages carottés et inspections visuelles ou télécommandées). On procède ensuite à la consolidation et l'imperméabilisation des terrains, par une injection de ciment en surface et dans les zones de faille (les quantités de ciment peuvent atteindre plusieurs dizaines de tonnes). Un trou pilote d'environ 30 cm de diamètre est ensuite foré, aboutissant dans une galerie « de recoupe » prévue à cet effet dans le gisement ; une sonde introduite dans ce trou pilote permet de mesurer d'éventuelles déviations. Enfin les mineurs procèdent à l'alésage du trou pilote : il s'effectue à l'aide d'un aléseur de 2,1 m ou 2,4 m de diamètre, remonté à partir du fond depuis le jour. Sur Okelo-sud, 4 entrées et 4 re d'air assurent une circulation d'air de 250 m 3 .s -1 .

La mine d'Okelo-sud emploie 60 mineurs et 10 agents d'encadrement. L'exploitation est rendue difficile - comme sur tous les gisements gabonais - par la possibilité de tomber sur le coeur d'un réacteur naturel. Il y a environ 2 milliards d'années la proportion d'U 235 dans l'uranium naturel était proche de celle présente aujourd'hui dans le combustible placé en réacteur. Dans une configuration géométrique et physique favorable (concentration suffisante en uranium, faible teneur en éléments « poisons » , présence d'eau pour modérer les neutrons et évacuer la chaleur produite) il s'est parfois produit, de façon naturelle, des réactions en chaîne autoentretenues, pendant une durée de 100 000 à 800 000 ans selon les zones concernées. Ces réactions ont ainsi consommé l'uranium fissile et conduit à la formation de « lentilles » d'uranium appauvri (dimension typique = 5 m 3 ). Cet uranium appauvri doit impérativement être séparé de l'uranium de qualité normale, puisqu'il dégraderait la qualité du produit final livré au client de COMUF. Des analyses isotopiques sont effectuées périodiquement à cette fin, et en tant que de besoin, à Pierrelatte.

En 1994 le site de Mounana a produit 600 tonnes d'U pour 150 000 tonnes de minerai à 4 %o environ, plus 250 000 tonnes de stériles. La nouvelle usine de traitement de minerai de Mounana a été mise en service en 1982. Elle a une capacité nominale de 1500 t/an mais ne fonctionne actuellement qu'à la moitié ou un tiers de sa capacité, par campagnes de quelques mois. Il s'agit d'une usine classique, qui répond à la description générale faite dans le corps du rapport (mise en oeuvre d'un procédé d'attaque acide).

Pendant les campagnes d'exploitation, les effluents liquides de l'usine représentent un volume de 100 m 3 .h -1 Le principal problème posé par ces effluents est leur acidité : une installation de neutralisation avait été prévue et construite, mais elle n'est pas exploitée. D'une part COMUF ne souhaite pas engager les dépenses nécessaires à l'importation de la chaux nécessaire à la neutralisation, d'autre part la dilution dans les cours d'eau récepteurs (facteur 600) assure que le pH en aval reste à des niveaux acceptables : il semble même ne pas être du tout affecté par les rejets. En revanche on m'a indiqué que le pH dans la Ngamaboungou (cours d'eau recueillant directement les effluents de l'usine) pouvait être compris entre 1,5 et 2, ce qui n'est pas rien.

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