3. De multiples opérateurs audiovisuels

a) Un secteur audiovisuel uniquement privé

Il n'existe pas à proprement parler de chaîne publique à Hong Kong. Par contre, la RTHK, qui dispose de 7 stations de radio, joue un rôle dans la télévision. Elle produit certains programmes, principalement des magazines d'actualité et des documentaires, et quelques émissions éducatives.

Même si le paysage audiovisuel évolue très vite, les deux télévisions hertziennes généralistes continuent à dominer le marché.

Television Broadcasts (TVB), filiale du Shaw Brothers Group qui s'est d'abord développé dans la production cinématographique avant de se recentrer sur la production télévisée et la distribution, a été créée en 1965 et diffuse deux chaînes : JADE, qui émet en cantonais, et PEARL, qui émet en anglais.

TVB est le principal diffuseur de programmes télévisés avec une part de marché de près de 70 %. Cependant, le groupe subit une concurrence de plus en plus vive de la part de l'autre réseau hertzien ainsi que des chaînes satellitaires et du câble, ce qui n'a pas empêché le groupe d'investir à Taïwan afin d'y créer une chaîne, TVBS, une chaîne à péage, TVBS Golden Channel, et d'y produire des programmes en mandarin. En effet, le groupe est implanté en Chine du sud.

Ses responsables, que votre rapporteur a rencontrés, se sont montrés très favorables à la reprise des programmes européens à l'occasion de la constitution de bouquets numériques.

L'autre réseau, ATV , dispose également d'une chaîne en cantonais, HOME et d'une autre en anglais, WORLD.

b) Une base de diffusion pour une chaîne panasiatique

Hong Kong constitue une base de départ idéale pour la diffusion de chaînes destinées soit à la Chine, soit au continent asiatique.

La cité est, en effet, le siège d'Asiasat , filiale du groupe américain Hughes, spécialisé dans les satellites de communication, principalement audiovisuelle.

Utilisant, pour l'Asie, des lanceurs chinois (Longue Marche), puis russe (Proton), l'opérateur de satellite couvre une vaste zone qui s'étend du Moyen-Orient à la Nouvelle-Zélande, avec plusieurs générations de satellites :

- Asiasat 1, lancé en 1990, utilisé par Star TV ;

- Asiasat 2, lancé en 1995, qui couvre 35 pays et près de 3,3 milliards d'habitants et accueille, notamment, un bouquet européen composé de cinq chaînes. Le satellite était complet à la fin de 1996 ;

- Asiasat 3, qui devrait être lancé en 1997 et remplacer Asiasat 1 sur sa position orbitale, ce dernier devant être légèrement déplacé (de 5°). Les téléspectateurs pourraient ainsi recevoir deux fois plus de chaînes avec une seule parabole dotée de deux têtes. C'est pourquoi l'expérience européenne, et notamment française, avec la double réception Eutelsat et Astra intéresse vivement le groupe, ainsi que sa responsable l'a précisé à votre rapporteur.

Ce dernier satellite devrait disposer de trois faisceaux, l'un dirigé vers la Chine, l'autre vers l'Asie du sud, l'Inde et le Pakistan, le troisième variable, et orientable soit vers l'Asie centrale, soit vers l'Asie du sud-est, soit vers l'Australie, selon les études de marché qui seront effectuées. La mise en service est prévue pour 1998.

Un satellite Asiasat 4 devrait être lancé en 1999.

Ces satellites sont également utilisés comme satellites de télécommunication, à hauteur de 30 % de leurs capacités, et notamment par les agences de presse AP ou Reuter pour la transmission de leurs données.

Ces satellites transportent des chaînes qui se lancent à la conquête du marché chinois.

(1) CETV à la conquête de 800 millions de téléspectateurs chinois

Lors d'un entretien avec son président-fondateur, M. Robert Chua, votre rapporteur a pu apprécier le dynamisme et les ambitions de CETV. Lancée en mars 1995, il s'agit de la première chaîne étrangère à être entrée, de façon officielle 5( * ) , sur le marché chinois, en étant reprise par des câblo-opérateurs, grâce à une ligne éditoriale que certains qualifient " d'incolore ", mais de nature à rassurer les autorités chinoises. Son président ne craint pas l'après-1997.

Les programmes de CETV ne contiennent en effet ni sexe, ni violence, ni information. Il convient toutefois de préciser que si les informations locales et nationales sont absentes, l'information régionale et internationale est présente.

La chaîne fonctionne avec un budget étroit, équivalent à 100 millions de francs, et vise un public potentiel de 28 millions de foyers.

Derrière ce timide premier pas sur le continent chinois, l'opérateur ne cache pas ses ambitions pour le marché publicitaire, estimé à 2 milliards de dollars américains.

(2) Star TV, base de départ du groupe Murdoch pour conquérir l'Asie

Fondée en 1991, achetée par Rupert Murdoch en 1993 (66,6 %) et juillet 1995 (les 33,4 % restants) au fils du tycoon 6( * ) hongkongais Li Ka-shing pour, dit-on, plus de 4 milliards de francs, Star TV est un conglomérat de chaînes diffusées par satellite pour des marchés nationaux.

Star TV n'a pas de chaîne particulière pour Hong Kong, ses principaux marchés actuels étant Taïwan et l'Inde. Par ailleurs, Star TV investit dans cinq marchés prioritaires : en Chine, en Indonésie, au Japon, en Thaïlande et aux Philippines, notamment. Un grand nombre de foyers de Hong Kong ont toutefois accès aux programmes de Star TV : Phoenix (chaîne de films en mandarin), Channel V (chaîne musicale), Star Sports, Star Plus (séries américaines) qui font souvent intervenir des présentateurs ou des chanteurs de Hong Kong et attirent des annonceurs publicitaires de Hong Kong.

Sur cette chaîne, 70 % des programmes sont importés des USA, du Royaume-Uni, de Chine, d'Australie, de Singapour, de Taïwan, ou d'Inde. Star TV produit certaines émissions en chinois et achète sur le marché local les séries et les clips vidéo en " canto-pop " qui composent 70 % de la chaîne musicale.

Le concept de télévision panasiatique en anglais, qui était celui de la création de Star TV par Li Ka-Shing, ayant fait long feu , la tendance est à la localisation des programmes .

C'est pourquoi Star TV investit massivement non seulement dans l'adaptation linguistique de ses programmes 7( * ) , mais surtout dans la production locale, par le biais de rachat de sociétés de production ou de joint-venture.

C'est le cas en Inde avec Zee TV, à Taïwan, en Chine, aux Philippines avec la chaîne de films en tagalog Viva Films, en Indonésie où Murdoch doit acheter 700 films en bahasa indonesia, au Japon... Ce n'est pas un des moindres paradoxes de l'aventure de Murdoch dans Star TV. On pouvait en effet penser que l'intérêt pour News Corp. de posséder un bouquet de chaînes satellitaires résidait dans la possibilité de rentabiliser la masse de programmes dont le groupe détient les droits (Fox notamment). Au contraire, les programmes produits localement ne cessent de croître, et sont toujours, de loin, les plus populaires, obligeant News Corp. à une approche marché par marché .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page