V. M. DOMINIQUE DE CALAN
DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL ADJOINT DE L'UNION
DES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES ET MINIÈRES (UIMM)

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M. le Président - M. de Calan, je vous remercie vivement d'avoir répondu à notre invitation.

Vous savez de quoi nous nous préoccupons. Je vais donc vous passer la parole, pour que vous nous disiez ce que vous pensez de cette affaire, et ensuite nous vous poserons quelques questions.

M. Dominique de Calan - Tout d'abord une remarque générale sur ce problème des stages diplômants : je voudrais rappeler notre conviction et notre souhait que notre pays accepte, d'où qu'elle vienne, une idée nouvelle.

Donc premier élément, pour moi il faut partir d'une proposition, et c'était bien la logique du CNPF.

En contrepartie, il est évident que lorsqu'on entre dans une logique de proposition, et non pas de négociation, cela veut dire que derrière la proposition il y a possibilité d'amendements.

C'est d'ailleurs ce que nous n'arrêtons pas de faire depuis maintenant bientôt un mois.

C'est vraiment là pour nous le préalable, et j'aimerais insister, parce que si l'on veut trouver des solutions multiples aux problèmes d'éducation et d'aménagement du système éducatif, il faut accepter qu'il y ait des propositions.

Deuxième remarque générale, je voudrais redire que le problème de l'insertion des jeunes diplômés dans notre pays est mal perçu car nous n'avons pas tiré suffisamment, tous ensemble, les conséquences du passage à l'éducation de masse qui, je le répète, pour nous est salutaire mais qui devait obligatoirement entraîner une réflexion collective sur la modification de la valeur des diplômes.

Je ne parle pas en termes de valeur intrinsèque, mais quand vous aviez 18% de bacheliers en 1968, il est évident qu'en en ayant 70% en 1995, le diplôme en tant que critère d'insertion n'a forcément pas la même valeur.

C'est une évidence, mais dont on n'a pas tiré les conséquences.

Troisième remarque, le problème du chômage des jeunes aujourd'hui, je ne voudrais pas que mes propos soient considérés comme choquants, est plus qualitatif que quantitatif.

Je m'explique : il y a 624.000 demandeurs d'emploi de moins de 26 ans, mais chaque année il sort du système éducatif 700.000 jeunes ; en supposant qu'ils soient tous embauchés dans l'année, en moyenne il y aurait forcément au moins 350.000 demandeurs d'emploi, puisque sortant tous au mois de juin ils s'inscrivent sur le marché de l'emploi au mois de septembre et le monde de l'entreprise va mettre au moins une année, tout à fait normalement, au fur et à mesure des départs, à les absorber.

Donc les variations moyennes corrigées des variations saisonnières nous donneraient un stock moyen chaque année de 350.000 jeunes demandeurs d'emploi, sans parler de ce que l'on appelle d'une façon un peu technique et un peu déshumanisée, mais qui n'enlève pas de sa réalité, le taux de chômage frictionnel qui est de l'ordre de 6%.

Avoir 550.000 à 600.000 chômeurs n'est pas un problème quantitativement aberrant. En revanche on sait tous, que qualitativement, nous avons globalement trois grandes catégories de jeunes de moins de 26 ans qui nous posent des problèmes difficiles d'insertion :

- les jeunes sortis du système éducatif contre leur gré, parce qu'à partir du moment où la norme est d'avoir son baccalauréat, il est évident que ceux qui sortent sans l'avoir eu ressentent un échec ; il n'est pas anormal qu'ils aient des difficultés d'insertion et que le monde économique ait du mal à les insérer.

Ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui mais j'estime que cela représente -l'éducation nationale dit 70.000- une centaine de milliers de jeunes par an.

Ce sont des jeunes qui interrompent leurs études contre leur gré et donc qui sont sur le marché de l'emploi un peu à contrecoeur ;

- tous ceux qui, diplômés ou non, ayant réussi ou non leurs études, sont de cultures différentes, viennent de pays étrangers au nôtre, et qui sont ici et là victimes de phénomènes d'intolérance, et il ne faut pas se cacher que nous avons une difficulté d'insertion, dans l'entreprise comme ailleurs, d'un certain nombre de jeunes de ces populations. Ce n'est pas en refusant ce fait qu'on en diminuera le volume ;

- tous ceux qui font des étude générales -et là, ne nous trompons pas, quand je dis " études générales " cela vaut pour les sciences humaines, parce que quand on dit " études générales " on pense immédiatement français ou géographie, mais cela comprend aussi physique et mathématiques- et qui découvrent en cours de cursus universitaire, alors que souvent ils ont été bons élèves, qu'ils ne veulent pas être enseignants.

Je rappelle que l'APEC constate depuis de nombreuses années que les débouchés pour ces filières sont à 90 ou 95% des débouchés dans le monde de l'enseignement.

Donc, lorsque ces étudiants découvrent que, soit ils ne sont pas faits pour l'enseignement, soit que le nombre de postes diminue parce qu'il y a un problème démographique, à ce moment-là ils se posent la question de leur avenir.

C'est prioritairement pour ces publics-là que nous souhaitions faire cette proposition de stages diplômants, et pour ces publics-là, elle correspond parfaitement, me semble-t-il, à cette demande, c'est-à-dire : j'étais bon élève, je suis dans une filière générale, professionnalisante pour l'enseignement mais non professionnalisante pour le reste ; or moi-même je ne sais pas très bien quel poste demander à l'entreprise et l'entreprise ne sait pas très bien quels postes elle peut me réserver.

N'oublions pas en effet que si tous les grands groupes industriels et de services ont toujours recruté des " intelligences différentes ", en revanche dans les PME/PMI c'est beaucoup plus difficile, d'autant plus que près de 60% de leurs patrons ont un diplôme égal ou inférieur au CAP et qu'en dehors même de la capacité à aller recruter il y a en plus une forme de déficit culturel : je suis devenu patron avec un CAP, qu'est-ce que je peux faire avec quelqu'un qui a un bac + 4, 5 ou 6 ?

J'insiste sur ce point qui est valable pour toutes les filières générales. N'oublions pas que l'APEC nous rappelle que 48% des titulaires de maîtrise ou doctorat de physique ne trouvent pas d'emploi.

Donc le problème se pose de façon aussi importante pour les filières scientifiques que pour les filières humaines.

Quelle est l'idée du CNPF ? C'est qu'en cours de cursus, et plus particulièrement selon moi en première et en troisième année, pourquoi ne pas tenter une période d'orientation approfondie, de découverte mutuelle ?

Un exemple : lorsque quelqu'un qui veut faire une maîtrise de géographie a montré qu'il était capable de faire une monographie du pêcheur à pied en baie de Somme, qu'est-ce qui va l'empêcher de faire une bonne analyse de clientèle en Hongrie ?

Donc là on découvre que des formations qui, apparemment, étaient très générales, peuvent donner lieu à application, mais il faut qu'on l'explique non seulement aux géographes mais également à l'entreprise et que l'on donne cette possibilité de découverte mutuelle.

Comment ce stage peut-il être diplômant ? Il peut l'être dès lors que la convention de première expérience professionnelle prévoit un objet qui devrait être défini de la façon la plus déconcentrée possible et en amont.

A ce moment-là il est extrêmement facile de regarder si pendant les six mois de stage on peut valider une méthodologie, si l'objet arrêté ensemble a été convenablement défini en termes d'analyse du sujet, en termes de réalisation, en termes de capacité à travailler en équipe etc ..., c'est-à-dire que l'entreprise mesure à partir d'un objectif : est-ce que le jeune a rempli cet objectif ?

D'ailleurs nous le faisons déjà nous-mêmes dans quatorze universités, où en première année, dans ce que nous appelons des stages d'éducation au choix, dont nous avions déjà eu l'occasion de parler, et que vous avez repris dans votre rapport sur l'orientation, on montrait que l'on pouvait valider une unité de valeur, lorsqu'un jeune mettait son projet professionnel en oeuvre :

- en première partie, le stagiaire est prié de décrire ce projet à partir d'une recherche bibliographique ;

- en deuxième partie, on lui demande de valider ce projet en faisant des visites d'entreprises ou des interviews pour bien voir s'il est capable de mener une découverte de contact ;

- en troisième partie, on lui demande de mesurer tout cela, d'en faire la synthèse et de confirmer ou d'infirmer son projet professionnel.

Donc on voit sa capacité de synthèse et sa capacité, après analyse, à prendre une décision. Cela conduit tout naturellement à la délivrance d'une unité de valeur.

Quant à la durée, c'est là où je parle de proposition, parce que l'idée de M. Didier Pineau-Valencienne au départ était de dire : il faut qu'il y ait une durée suffisante pour que l'entreprise accepte d'investir un peu dans cette découverte mutuelle, sinon, si on prend une semaine ou un mois, ce sera trop court.

Là, l'université nous a rappelé qu'elle était en train de passer dans une logique semestrielle, et donc tout naturellement la proposition que nous allons être amenés à faire, lorsque nous essayerons de faire une négociation, sera de nous inscrire dans ce cadre semestriel.

Sur le plan juridique, il nous semble que les problèmes de couverture sociale, d'accidents du travail, etc, sont réglés dans les conventions de stages, il n'est donc pas nécessaire de prévoir de nouvelles dispositions législatives.

Il y a peut-être le premier chapitre de la proposition sur l'objet du stage qui est à modifier, en précisant bien le contenu et l'objectif tel que je viens de les décrire.

Enfin, nous suggérons qu'il y ait une double médiation, c'est-à-dire qu'il y ait deux médiateurs choisis, un dans l'entreprise et un dans l'université.

Pourquoi " médiateur " et pas " tuteur " ? Parce que dans la logique de tuteur il y a toujours un peu un contenu pédagogique d'apprentissage d'un savoir, alors que là l'idée est plutôt de dire : on va envoyer le jeune à la découverte, et à la limite il se débrouillera tout seul - c'est une forme de découverte - mais s'il a un problème, avec le médiateur il a un nom, un numéro de téléphone pour " appeler au secours ".

Il faut éviter qu'il y ait un lien trop direct, parce que notamment dans les PME/PMI qui dit tuteur dit diplôme équivalent à celui que l'on prépare, et comme je le disais tout à l'heure, 90% des patrons n'ont pas les diplômes qui vont être préparés, surtout si l'on est en 3ème année ; il convient de ne pas réserver ce dispositif aux seules grandes entreprises.

Dernière proposition, nous essaierons d'être le plus pragmatique possible et d'accompagner cette expérience en 1998 par une évaluation externe, que l'on pourrait choisir ensemble avec le monde de l'éducation, comme nous l'avions fait pour l'éducation au choix où nous avions confié à un professeur des sciences de l'éducation de Rennes II le soin d'évaluer notre expérience.

Voilà donc l'idée : c'est une proposition, qui s'appuie sur une logique de découverte mutuelle, pour un public qui est " perdu " et que les entreprises connaissent mal, et donc il faut impérativement organiser une rencontre avec l'entreprise, et plus tôt elle sera faite et plus tôt on favorisera des orientations.

Pour un jeune en première année, par exemple, pourquoi ne pas s'engager, à ce moment-là, dans un IUP, pourquoi ne pas faire un IUT ou un BTS ? Pour un jeune de 3ème année il est peut-être urgent d'acquérir une qualification terminale ; le faire trop tard risquerait cependant de poser problème.

Je ne vous cache pas qu'il y a eu quelques difficultés de présentation, mais je voudrais insister sur l'intérêt d'une proposition, qui a été présentée avec vigueur par un capitaine d'industrie ne connaissant peut-être pas toutes les arcanes de tel ou tel texte. Avant de crier au loup je crois qu'il aurait peut-être mieux valu rechercher l'objectif poursuivi.

La méthode, c'est donc de présenter un cadre en n'y mettant, à la limite, que ce qui est très important pour nous, les deux ou trois choses auxquelles on ne pourra pas déroger ; tout ceci est ouvert à la discussion et l'on dispose de deux ou trois pour définir ce qu'est le jury, et préciser les niveaux de déconcentration. Après, il faudra bien évidemment laisser une très grande liberté contractuelle au niveau d'abord de l'établissement universitaire et de l'entreprise.

Il ne s'agit pas, en effet, de faire un gigantesque " machin " centralisé mais quelque chose de très fortement déconcentré, avec une ossature minimum au niveau national. Passée la phase de validation politique, il faut que des commissions préparent techniquement le dispositif pour que vers avril-mai celui-ci soit bouclé. Cette mesure devrait être opérationnelle dès le deuxième semestre de cette année 1997 à titre expérimental, en démarrant par quelques milliers d'étudiants, puis devrait faire l'objet d'une évaluation, et si c'est une vraie bonne idée pourquoi ne pas la développer ?

M. le président - Merci M. de Calan. Nous en venons maintenant aux questions.

M. Jean-Claude Carle - M. de Calan, je souscris aux vues que vous avez développées. Comment répondez-vous à deux objections, deux craintes, qui peuvent être réelles : l'effet d'aubaine que cela peut créer vis-à-vis de certaines entreprises, et l'effet de précarité. On peut en effet vous dire : vous embauchez des diplômants plutôt que des diplômés ?

M. Daniel Eckenspieller - Je constate actuellement une difficulté pour trouver des lieux de stages dans les filières professionnelles. Qu'est-ce qui permet de penser que l'on trouverait des points d'accueil en nombre suffisant ? Quand on voit comment les choses se passent sur le terrain au niveau des entreprises lorsqu'on cherche à placer un stagiaire, on mesure quand même la difficulté de votre projet.

M. Robert Castaing - Ai-je bien compris, mais ce n'est certainement pas le cas ? Il semblerait que vous orientiez surtout votre dispositif vers les étudiants des formations générales qui découvrent à un certain moment que, bien qu'ils aient été de bons élèves, ils ne veulent plus être des enseignants, ce qui est effectivement assez restrictif.

Si j'ai bien compris, ce serait vers eux que cette découverte mutuelle se ferait, avec bien sûr toutes les garanties de validation, de durée de stage, etc.

A priori cela ne me choque pas, au contraire, parce qu'effectivement ces étudiants sont souvent ceux qui ont le moins de contacts avec le monde de l'entreprise.

M. André Maman - La dernière partie de ce que vous avez dit, et aussi votre dynamisme, sont très encourageants.

Vous dites " être opérationnel dès le deuxième semestre 1997 ", c'est-à-dire dans quelques semaines ; quel serait le compte à rebours, quelles seraient les diverses formalités qu'il faudrait accomplir pour que le système puisse être opérationnel à la date que vous envisagez ?

M. le Président - J'ajouterai une question. Nous avons tous été frappés, je crois, au cours des contacts que nous avons eus aujourd'hui, par le fait que l'on ne parlait pas toujours de la même chose et que les gens ne savaient pas toujours très bien de quoi on parlait.

Quand aura-t-on un document précis sur les modalités de ces stages ?

M. Dominique de Calan - Je vais commencer par la fin. Le Président Gandois a l'intention - on peut tout se dire ici mais je souhaiterais que cela ne sorte pas dans les 24 heures - d'écrire demain ou après-demain à l'ensemble des partenaires qu'il a rencontrés pour exposer, beaucoup mieux que je viens de le faire, l'ossature de la proposition du CNPF, l'idée étant que nous arrivions avec nos propositions au sommet pour l'emploi des jeunes et que nous soyons capables de négocier pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de rejet et qu'on entre bien dans une phase de négociation dans les deux mois qui viennent.

Le calendrier serait donc le suivant :

- proposition avec un document d'ici lundi ;

- présentation de ce document au sommet pour l'emploi des jeunes qui, je crois, est fixé le 10 février ;

- fin février-mars, négociation, et convention type ;

- début avril, les universités volontaires pourront aménager leurs cursus et informer les étudiants volontaires ;

- démarrage des stages en septembre prochain.

J'ai envie de dire " démarrer " mais sans fixer d'objectif de démarrage, c'est-à-dire que je ne dis pas : il en faut 3.000, 5.000 ou 10.000 ; il faut que les entreprises soient capables de répondre à la demande volontairement formulée.

Sur l'effet d'aubaine, j'ai envie de dire que la deuxième interrogation qui m'a été faite apporte la réponse à cette question.

Nous avons actuellement une demande de stages gratuits et on ne trouve pas de places pour les étudiants ; je ne veux pas dire qu'il n'y ait pas ici et là un effet d'aubaine, je veux dire que globalement si un stagiaire rapportait à l'entreprise, cela se saurait.

Je peux vous dire qu'en tout cas pour l'ensemble du secteur industriel, un stagiaire coûte plus qu'il ne rapporte.

Qu'il y ait à tel ou tel endroit, ou dans certaines professions, qui sont d'ailleurs toujours les mêmes, un peu plus de facilité pour bénéficier d'un effet d'aubaine, sans doute, mais on les connaît, et cela a par ailleurs de très gros avantages.

En revanche il y a un risque que je voudrais soulever, et celui-là sous notre responsabilité : il ne faudrait pas que ces stages se substituent à ce que d'aucuns appellent les " petits boulots ", qui sont en fait les activités professionnelles salariées d'étudiants qui travaillent pendant leurs études.

Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que c'est un sujet que personne n'aborde jamais mais que je voudrais aborder.

Quand je dis " n'aborde jamais ", la dernière étude date de 1992 - elle a été faite par le CNRS - et en 1992, 21 milliards de F, avaient été distribués en salaires à 780.000 étudiants qui avaient effectué 490 millions d'heures de travail pendant l'hiver, ce qu'on appelle les jobs d'hiver ; les jobs d'été sont plus nombreux mais durent moins longtemps : 10 milliards de F de salaires ont été distribués à ce titre.

Donc il y a actuellement un peu plus de 30 milliards de F de salaires distribués à des étudiants, et je veux insister sur le rôle et l'impact social de ces activités.

Je précise que ce sont des " boulots " qui n'ont rien à voir avec les études poursuivies, et le président du CIDJ que je suis peut confirmer que sur le million et demi de visiteurs que nous recevons par an, près d'un million vient pour trouver un travail parallèle à ses études.

Il ne faudrait pas que cette masse salariale diminue car cela pourrait poser des problèmes de financement d'études, parce qu'il est évident que ces salaires permettent à ces étudiants de prolonger leurs études : l'on constate que dans tous les pays où, à la fois, les structures d'enseignement et l'entreprise se sont mises d'accord pour organiser parfois des temps partiels, même si les études n'ont rien à voir avec ces travaux, l'insertion professionnelle des étudiants se passe beaucoup mieux.

Sur les autres stages pourquoi est-ce que cela ne marche pas et que l'on n'en trouve pas ? Pour une raison très simple. Vous avez raison de rappeler que normalement chaque année, en ne prenant que les stages obligatoires nous devrions avoir 1.393.000 jeunes en stage, les stages variant de une à 18 semaines. Ceci correspond à 4.988.000 semaines de stage demandées par le système éducatif dans le cadre des stages obligatoires, ce qui représente l'équivalent de 108.435 temps pleins.

Or ce ne sont pas 108.435 temps pleins, parce que ces stages se font sur des périodes tellement courtes qu'en fait, entre décembre/janvier/février, on nous demande l'équivalent de 400.000 temps pleins ; la principale raison de refus, c'est que par exemple tous les stages obligatoires des élèves de 3ème se font sur la dernière semaine de décembre, moment où l'artisanat et le commerce font leur bilan et leur plus gros chiffre d'affaires, et donc ils ne sont pas en mesure d'accueillir des stagiaires.

Donc la différence pour moi, fondamentale, c'est que dans notre projet, l'entreprise dispose d'un semestre, et dans ce semestre il y aura des pics et des creux mais il y aura une capacité d'accueil.

Sur les publics, oui nous souhaitons démarrer cette expérimentation sur des publics plutôt littéraires et scientifiques, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres publics, mais pour ces autres publics nous préférons privilégier d'autres formes de rencontre avec l'entreprise.

Pour les plus défavorisés, et pour les filières plus professionnelles, il faut développer l'apprentissage, et le contrat de qualification.

Nous pensons que pour les étudiants des formations générales, notre formule de découverte est sans doute la plus appropriée.

Ce n'est pas exclusif -il faudra faire une évaluation- et si c'est une vraie bonne idée on verra si on ne peut pas l'étendre à d'autres catégories ; mais il nous semble que nous avons une priorité absolue à donner à ce public, qui est souvent un public de bons élèves mais qui a des difficultés particulières d'insertion, ce que les Français ne comprennent pas.

Donc je crois que nous avons là d'abord un devoir de réponse à ces jeunes et un devoir par rapport à nos concitoyens, à qui il faut expliquer : d'accord, ce sont des bons élèves, mais être un bon élève et avoir un maximum de connaissances, cela ne suffit pas, il faut essayer de trouver autre chose.

Je voudrais, MM. les sénateurs, profiter de votre invitation pour vous remettre un document.

En effet le problème de l'emploi des jeunes est pour nous tellement important que nous avons pris la décision d'organiser une grande " consultation- manifestation- proposition " qui verra son apogée dans une réunion de 6.000 personnes au Zénith le 28 mai ; comme nous souhaitons que les propositions sur ce sujet suscitent un débat avec nos adhérents, nous avons élaboré un document en trois parties pour préparer cette manifestation et la tenue de plus de 400 réunions en province sur ce sujet.

Ce document reprend les chiffres-clés de l'emploi des jeunes, parce que je crois qu'il faut que nous ne manipulions pas les statistiques ; je peux vous démontrer, si je prends les chiffres du chômage des jeunes au sens du BIT ramenés à la population des demandeurs d'emploi, moins les apprentis, qu'il y a 30% de chômeurs ; si je prends les chiffres du BIT ramenés à la population active, nous n'avons que 7% de chômeurs.

M. le Président - Nous retrouvons des pourcentages que nous avons entendus.

M. Dominique de Calan - Oui, cela dépend des bases utilisées.

Je vous remets deux exemplaires de ce document. Vous l'auriez de toute façon reçu de façon un peu plus officielle dans les jours qui viennent. Le gouvernement l'a eu ce matin.

Vous le recevrez par nos chambres syndicales, parce que pour nous vous êtes d'abord - pardonnez-moi cette impertinence - les interlocuteurs privilégiés de nos entreprises au plan territorial.

M. le Président - Merci.

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