Audition de M. Plauche-Gillon,
Président de la Fédération nationale des Syndicats de Propriétaires forestiers et sylviculteurs
(Mardi 25 février 1997)

M. Plauche-Gillon a tout d'abord rappelé que les forestiers privés n'étaient pas opposés à la directive 92/43 " Habitats ", qui correspondait à des objectifs de préservation de la nature, mais a déploré qu'entre la date de la directive (1992) et la circulaire mettant en oeuvre la procédure (1995), les acteurs du monde rural que sont les agriculteurs et les forestiers ainsi que les chasseurs et les pêcheurs n'aient pas été consultés. Il a précisé que le travail avait été mené par des organismes de protection de la nature et des scientifiques qui avaient des moyens insuffisants et avaient commis un certain nombre d'erreurs, notamment en ne prenant pas en compte les exigences économiques du terrain.

Il a indiqué qu'avec la " déclaration du groupe des 9 ", pour la première fois, tous les acteurs du monde rural s'étaient retrouvés unis pour dénoncer l'absence totale de prise en compte des exigences économiques dans cette première phase, ce qui était contraire à la directive elle-même.

Il a déclaré que le gel décidé par M. Juppé avait satisfait les acteurs du monde rural, qui demandaient de revenir strictement aux critères de la directive pour le choix et la délimitation des sites, que soient étudiés les objectifs de gestion des futurs sites et que soient définis de façon pérenne les moyens financiers compensateurs.

Rappelant que l'objectif du mémorandum était d'expliquer à la commission la position française, il a insisté sur l'importance d'une consultation effective des acteurs du monde rural pour la désignation des sites et réaffirmé le principe de l'exemplarité. En effet, une concertation et un arbitrage entre pays membres devra avoir lieu pour éviter des redondances et c'est seulement à la fin de cette deuxième phase que les Etats s'engageront.

Il a considéré que la chronologie des étapes prévues par la directive elle-même n'était pas satisfaisante, car les modalités de gestion des sites, ainsi que les moyens financiers nécessaires à leur gestion, auraient dû être définis et assurés avant que soit arrêtée la surface des sites.

S'agissant de l'aspect financier, il a souligné le co-financement Europe-Etat membre prévu par la directive, mais il a précisé qu'on ne savait rien sur les engagements financiers de la France, ni sur la proportion du cofinancement européen.

Après la déclaration de Mme Corinne Lepage, Ministre de l'environnement, le 5 février dernier, il a exprimé la satisfaction " des 9 " devant l'objectif du Gouvernement de situer la surface des sites Natura 2000 à 2,5-3 % du territoire et non plus à 15 %.

Il a fait part de son inquiétude sur les conséquences de l'arrêt Régina du 11 juillet 1996 rendu par la Cour de justice condamnant les activités économiques dans des ZICO (zones de protection pour les oiseaux) laissant ainsi de fortes craintes pour les futures zones Natura 2000.

Evoquant l'intérêt manifeste par les scientifiques et les protecteurs de la nature pour les zones humides, il a donné quelques exemples d'exigences difficilement acceptables pour les gestionnaires forestiers, telles que l'allongement important de la durée de vie des arbres avant leur exploitation, l'interdiction de planter certaines espèces dites exotiques, l'interdiction des peupliers pour la préservation des zones humides...

Il a précisé que les propriétaires forestiers avaient désigné douze sites pilotes d'expérimentation, dans dix régions différentes, pour déterminer le niveau où la gestion ne donnera pas lieu à des contraintes et celui où des contraintes effectives devront être compensées, cette compensation devant être assurée par des financements pérennes.

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