Définir une échéance

La première précaution à prendre pour éviter l'échec de la banalisation est de définir une échéance .

Le groupe de travail a retenu un délai de cinq ans, qui présente deux avantages :

- d'une part, il laisse à la Poste, aux Caisses d'épargne et au Crédit mutuel le temps de réaliser les adaptations stratégiques nécessaires 98( * ) . Celles-ci seront facilitées par le maintien probable de la tendance au déclin de la place des deux livrets administrés dans l'épargne des ménages;

- d'autre part, il coïncide à peu près avec l'échéance de l'affectation totale du livret bleu au logement social.

Prévoir un commissionnement différencié

Un des effets induits par la banalisation des livrets A et bleu pourrait être le recentrage des clientèles " naturelles" des différents réseaux. Ainsi, la Poste, les Caisses d'épargne et à un moindre degré le Crédit mutuel pourraient être amenés à concentrer la clientèle la plus modeste, la plus sociale ; alors que les autres réseaux "récupéreraient" une clientèle plus aisée. En effet, la clientèle aisée est souvent multibancarisée et ne détient à la Caisse d'épargne ou à la Poste que le livret A, dans un but d'optimisation fiscale.

Rien n'interdit à l'Etat , par le truchement de la Caisse des dépôts et consignations, de verser une commission différente à chaque établissement . Cette différenciation pourrait se faire selon deux critères :

- celui du réseau collecteur. La commission des anciens titulaires du monopole pourrait être relevée (de 1,5 % à 2 % pour la Poste ; de 1,3 à 1,8 % pour le Crédit mutuel ; de 1,2 à 1,7 % pour les caisses d'épargne). Les autres réseaux percevraient 1 % 99( * ) ;

- celui du niveau moyen de l'encours des livrets. Un barème dégressif pourrait être établi selon le niveau de l'encours moyen des livrets.

Confier au législateur la compétence d'affecter les ressources

L'exemple du Codevi, comme à certains égards du livret bleu ou du livret jeune, montre qu'il n'est pas sain de laisser ouverte la négociation entre la tutelle et la profession sur l'affectation d'une ressource administrée, garantie par l'Etat et partiellement financée sur dépense fiscale . Le pouvoir réglementaire n'a pas été apte à maintenir au Codevi un but d'intérêt général, il a eu des difficultés à en mettre en place un pour le livret bleu alors que la loi le prévoit 100( * ) , et il a renoncé pour le moment à le faire s'agissant du livret jeune.

Un des obstacles importants qui se dressent face à la banalisation du livret A est le risque de voir ce dernier distrait à terme de sa mission de financement du logement social, aujourd'hui parfaitement remplie par les circuits de la Poste, de l'Ecureuil, du Crédit mutuel et de la Caisse des dépôts et consignations. Il ne s'agit pas de prendre de risque sur ce produit qui permet de transformer des dépôts à vue en prêts à 32 ans et à 4,8 % aux bailleurs sociaux.

Aussi le groupe de travail préconise-t-il que l'affectation au logement social soit inscrite dans la loi et placée sous le contrôle du législateur. Une centralisation des fonds à 100 % à la Caisse des dépôts et consignations pourrait en conséquence s'imposer.

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