COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE

La délégation française à la session de Stockholm de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE était composée :

- pour l'Assemblée nationale, de M. Jean de LIPKOWSKI, président de la délégation française, et de MM. Jacques BOYON, Jacques FLOCH, Jean-Claude LEFORT, Arthur PAECHT et Michel VOISIN .

- pour le Sénat, de MM. James BORDAS, Guy CABANEL, Claude ESTIER, Jacques GENTON et Yves GUÉNA.

Les membres de la délégation française étaient répartis comme suit entre les trois commissions de l'Assemblée :

- Commission générale des Affaires politiques et de la Sécurité :

MM. Jacques BOYON, député

Yves GUÉNA, sénateur

Jean de LIPKOWSKI, député

Arthur PAECHT, député

- Commission générale des Affaires économiques, de la Science, de la Technologie et de l'Environnement :

MM. James BORDAS, sénateur

Guy CABANEL, sénateur

Jacques FLOCH, député

Jean-Claude LEFORT, député

- Commission générale de la Démocratie, des Droits de l'Homme et des Questions humanitaires :

MM. Claude ESTIER, sénateur

Jacques GENTON, sénateur

Michel VOISIN, député.

I. LES TRAVAUX DE L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE

Le 5 juillet , l'Assemblée plénière a entendu successivement :

- M. Frank SWAELEN, Président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE et Président du Sénat belge,

- Mme Birgitta DAHL, Présidente du Parlement suédois,

- Mme Lena HJELM-WALLEN, Ministre des Affaires étrangères de la Suède,

- M. Flavio COTTI, Chef du département des Affaires étrangères de la Suisse, Président en exercice de l'OSCE.

A l'issue de son allocution, M. Flavio COTTI a répondu aux questions des parlementaires.

M. BAGIRZADEH (Azerbaïdjan) a évoqué la situation du conflit avec l'Arménie.

M. COTTI a déclaré privilégier une approche pragmatique et relevé la faiblesse des mécanismes à disposition.

M. KYPRIANOU (Chypre) s'est exprimé sur l'occupation turque du tiers de l'île depuis 1974.

M. COTTI a estimé que cette question relevait de l'ONU dans le cadre de la répartition du travail entre organisations internationales.

M. WIMMER (Allemagne) a souhaité connaître l'opinion de M. COTTI sur le rapport de la mission qu'une délégation de l'Assemblée parlementaire a effectué en mai 1995 dans le sud-est de la Turquie (Kurdistan) et à Ankara.

M. COTTI a indiqué que, Président en exercice depuis le 1 er janvier 1996, il n'a pas été saisi officiellement de ce rapport.

M. WIMMER a déploré l'attitude des soldats de l'IFOR vis-à-vis des criminels de guerre.

M. COTTI a insisté pour que chaque parlementaire intervienne dans son pays pour évaluer la contribution qu'il pourrait apporter à ce que les inculpés soient déférés devant le Tribunal de La Haye.

M. HARDY (Royaume-Uni) a approuvé cette suggestion.

M. Claude ESTIER (France) a relevé une phrase du discours de M. COTTI (" si les criminels de guerre ne sont pas présentés devant le Tribunal international, si rien n'est entrepris à leur encontre, les élections donneront des résultats contraires à ceux qu'on attendait d'elles ") et s'est interrogé sur la portée du processus électoral dans de telles conditions.

M. COTTI a constaté qu'il restait encore deux mois et demi pour préparer les élections, tout en soulignant la nécessité d'un engagement de la communauté internationale pour éloigner ces criminels de guerre.

M. VAN TRAA (Pays-Bas) s'est demandé si les élections n'étaient pas un alibi pour permettre à l'IFOR de quitter la Bosnie

M. COTTI a souhaité la continuation de la présence de l'IFOR. Beaucoup de haine a été accumulée dans l'ex-Yougoslavie. Il faudra des générations pour la surmonter. La Communauté internationale doit se souvenir que des élections et la présence d'une armée ne suffiront pas à résoudre le problème.

M. ELMQUIST (Danemark) a demandé à M. COTTI sa conception de la coordination avec d'autres organisations internationales : OTAN, UEO, UE.

M. COTTI a déclaré privilégier une approche pragmatique. La Suisse n'étant pas membre de ces trois organisations, elle n'est pas spécialement bien placée pour apprécier ce problème qui sera certainement repris par la présidence danoise de l'OSCE en 1997.

M. BORIN (Belgique) a estimé que des élections ne suffisaient pas pour que la démocratie s'établisse dans les ex-pays communistes. Il a demandé à M. COTTI de se prononcer sur les dangers des régimes ultraprésidentiels.

M. COTTI a déclaré qu'il n'entrait pas dans les tâches de l'OSCE d'évaluer les régimes constitutionnels de chaque pays. Pour un Suisse, pays où la présidence change chaque année, tout régime présidentiel comporte déjà un degré d'ultra-présidentialisme.

M. KOTKOV (Russie) a estimé qu'il n'était pas correct de présenter MM. KARADJIC et MLADIC comme des criminels de guerre. Il a remercié l'Ambassadeur Tim GULDIMANN, chef de la mission de l'OSCE en Tchétchénie, pour le fait que cette mission fonctionnait, mais a souligné que la Tchétchénie faisait partie de la Fédération de Russie et a demandé que l'action de l'OSCE n'attise pas des haines entre Russes et Tchétchènes.

M. COTTI a précisé qu'il utilisait les termes de " personnes accusées de crimes de guerre ". Il a déclaré que, pour l'OSCE, une solution à la question tchétchène ne pouvait être trouvée que dans le cadre de la Fédération de Russie.

M. Javier RUPEREZ (Espagne) s'est réjoui de l'apport de l'IFOR à la préparation des élections en Bosnie. Il a regretté que l'OSCE ne soit pas suffisamment connue dans l'opinion publique, contrairement à l'OTAN.

M. COTTI a constaté que l'OSCE a été créée, sous le nom de CSCE (1975), bien après l'OTAN (1949). Après la chute du communisme, on s'est demandé si l'OSCE servirait encore à quelque chose ! Quand la Suisse s'est présentée pour la présidence, elle n'avait aucun concurrent. Les faits se sont chargés de répondre à ces interrogations. Les accords de Dayton ont confié un grand rôle à l'OSCE après la signature de la paix. Jamais l'OSCE n'a été aussi présente dans la presse qu'en 1996.

Ensuite a eu lieu la remise du " prix de l'OSCE pour le journalisme et la démocratie ", décerné par l'Assemblée parlementaire de l'OSCE. Ce prix a été remis par Mme Birgitta DAHL à l'écrivain et journaliste polonais Adam MICHNIK. Le discours de remise du prix a été prononcé par M. Freimut DUVE (Allemagne).

Les 6 et 7 juillet étant réservés aux travaux des commissions, les travaux de l'Assemblée plénière ont repris le 8 juillet.

Le 8 juillet , l'Assemblée a tout d'abord entendu l'ambassadeur américain Robert FROWICK, chef de la mission de l'OSCE en Bosnie-Herzégovine, et M. Edouard van THIJN, ancien ministre de l'intérieur des Pays-Bas, coordonnateur pour la surveillance des élections en Bosnie-Herzégovine.

Puis elle a examiné un projet de résolution sur l'ex-Yougoslavie présenté à l'initiative de parlementaires américains.

Plusieurs paragraphes ont donné lieu à des échanges assez vifs :

- le paragraphe visant nommément MM. KARADJIC et MLADIC,

- le paragraphe mettant en cause la responsabilité personnelle de M. MILOSEVIC,

- le paragraphe priant la communauté internationale et l'IFOR d'arrêter les personnes inculpées de crimes de guerre et de les livrer au tribunal de La Haye.

Au cours du débat, M. Yves GUÉNA est intervenu, au nom de la délégation française, dans les termes suivants :

" La décision de tenir les élections en Bosnie-Herzégovine le 14 septembre prochain a été prise, il y a quelques jours, par le Président en exercice de notre Organisation, conformément au plan de paix. En l'annonçant, M. Flavio Cotti a souligné la lourde responsabilité qui incombait ainsi à l'OSCE, dans la mesure où les conditions pour la tenue d'élections libres et honnêtes étaient loin d'être réunies.

" Il importe que notre Assemblée manifeste son soutien à la position adoptée par la Présidence en exercice, et qu'elle apporte son plein concours à la réussite de la mission confiée à notre Organisation.

" Des voix vont certainement s'élever pour critiquer le choix effectué par la présidence en exercice. Ces critiques iront sans doute croissant à l'approche du 14 septembre, notamment de la part d'organisations humanitaires qui constatent, hélas à juste titre, des violations quotidiennes et répétées des normes humanitaires et démocratiques élémentaires.

" Certes, les parlementaires que nous sommes devraient être les premiers à se montrer sensibles à cette situation - et nous le sommes. Cependant, nous devons clairement manifester notre soutien à la logique pragmatique qui sous-tend la décision prise par l'OSCE : les élections ne sont pas une fin en soi ; elles constituent une première étape dans un long processus de réconciliation et d'apprentissage de la démocratie. Les ajourner risquerait d'arrêter tout le processus de l'accord de paix, et de redonner vie aux forces favorables à la désintégration de la Bosnie-Herzégovine. Il faut tirer au contraire profit des possibilités offertes par la présence des forces internationales pour enraciner les premiers germes de normalisation.

" De plus, ces élections ne doivent pas être présentées comme un aboutissement. Elles doivent être considérées comme le début d'une période transitoire de stabilisation et de consolidation. A l'issue de cette période transitoire, de nouvelles élections pourront être organisées dans un environnement plus libre et plus démocratique, peut-on espérer, que celui que nous connaîtrons dans deux mois et demi.

" Cette optique permet d'offir une perspective aux forces politiques émergentes qui ne pourront faire entendre leur voix lors des élections de septembre. Elle tend aussi à confirmer la disponibilité de la communauté internationale à poursuivre ses efforts au-delà de l'échéance du plan de paix.

" Enfin, je voudrais souligner que notre Assemblée a de toute évidence un rôle spécifique à jouer dans l'observation des élections. Tout en gardant à l'esprit les problèmes pratiques que posera l'arrivée massive d'observateurs internationaux dans un pays où la sécurité, les moyens de transport et les possibilités de logement ne sont guère assurés, nous nous devons de participer pleinement à l'effort qui sera mené sous la tutelle de l'OSCE.

" Ainsi, des tâches importantes appellent de notre part une disponibilité qui soit à la hauteur de l'enjeu politique que représente le processus de paix engagé en Bosnie. C'est une oeuvre importante pour la stabilité et la sécurité du continent européen, c'est-à-dire pour des questions qui sont au coeur de l'action et des préoccupations de notre Assemblée. "


Le projet de résolution a été finalement adopté par 129 voix contre 12 et 4 abstentions . Ce texte figure en annexe au présent rapport.

Puis l'Assemblée a examiné et approuvé le projet de " code de conduite relatif aux aspects politico-démocratiques de la coopération ". Ce texte a pour objet de préciser les engagements des Etats participants à l'OSCE dans le domaine de la démocratie et des droits de l'homme. Il figure également en annexe au présent rapport.

Le même jour s'est tenu le débat sur le " modèle de sécurité pour le XXI ème siècle " préparant le vote sur la déclaration finale. Au cours de ce débat, M. Jean de LIPKOWSKI est intervenu, au nom de la délégation française, dans les termes suivants :

" Près de sept ans après la chute du mur de Berlin, la nouvelle architecture européenne de sécurité demeure à construire.

" La nouvelle Europe que célébrait la Charte de Paris du 21 novembre 1990 émerge difficilement. La preuve en est que nos débats ont porté essentiellement sur la définition de cette nouvelle architecture. Je ne suis d'ailleurs pas sûr que nous y avons totalement réussi.

" Certes, d'autres organisations peuvent, de leur côté, amorcer une réflexion similaire et nous devons en tous cas les y inviter. Je pense en particulier à la nécessaire synergie avec l'OTAN, l'UEO, l'ONU, le Conseil de l'Europe, voire la CEI.

" L'OSCE occupe une position privilégiée pour faire avancer cette réflexion globale, car elle est la seule Organisation qui ait une vocation multidiciplinaire, embrassant l'ensemble des éléments d'une politique de sécurité. Elle seule peut avoir cette vue d'ensemble, car elle recouvre le continent européen, les républiques d'Asie centrale, les Etats-Unis, le Canada.

" Enfin, nous sommes la seule Organisation où chacun, quelle que soit sa taille, peut faire entendre sa voix en disposant d'un égal pouvoir de décision, grâce à la règle du consensus.

" Or, notre réflexion est difficile, car les enjeux de sécurité sont en pleine évolution. Le projet d'élargissement de l'OTAN revient au premier plan de l'actualité. Deux principes doivent nous guider à cet égard :

" - cet élargissement ne doit en aucun cas aboutir à créer de nouvelles lignes de division en Europe. Il doit être envisagé dans un esprit positif à l'égard de la Russie et des pays de la CEI.

" - ce processus, effectué dans une totale transparence, doit être engagé parallèlement à la rénovation de l'OTAN. En effet, l'OTAN a été créée comme une alliance défensive, face à un danger potentiel à l'Est. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce danger s'est singulièrement estompé. Une nouvelle réflexion sur l'alliance s'impose donc.

" Dans la perspective de son élargissement, le rôle de notre Organisation prend d'autant plus d'importance, car elle est le seul forum où les préoccupations sécuritaires des pays non membres de l'OTAN pourront s'exprimer. Ceci doit s'accompagner d'un renforcement des capacités opérationnelles de l'Organisation dans ses domaines de compétences privilégiés, c'est-à-dire principalement la gestion des crises.

" Dès lors que les blocs ont disparu, la question des garanties à donner à des pays n'appartenant pas à des alliances politico-militaires ne peut plus être éludée. Dans cet esprit, nous nous adressons à la Russie et aux pays de la CEI pour leur dire que, si nous comprenons leurs préoccupations, nous attendons qu'ils nous fassent des propositions concrètes quant à la façon dont ils conçoivent leur place dans l'architecture européenne de sécurité. Nous sommes prêts au dialogue. Encore faut-il savoir ce que souhaitent nos partenaires. Précisément, le débat que nous avons eu ici-même nous éclaire à cet égard.

" L'approche proposée par la France et la Grande-Bretagne dans ce débat pourrait amorcer une réponse aux préoccupations exprimées par la Russie et les pays de la CEI. Il s'agit d'élaborer ce que l'on appelle une plate-forme de sécurité coopérative qui comprendrait notamment des garanties de sécurité. Ce concept de garantie implique toutefois que chaque Etat garde intact son droit à l'autodéfense, ainsi que le droit de choisir librement ses alliances.

" Enfin, nous ne pouvons pas ignorer l'émergence de nouvelles menaces. Je veux parler du développement de foyers de crises locales ou régionales, pas seulement dans l'espace de l'OSCE mais également sur le pourtour méditerranéen. Notre Organisation ne peut pas se désintéresser de la stabilité et de la sécurité en Méditerranée. Des tensions graves risquent d'y renaître.

" Nous avons ici la présence d'observateurs du Maghreb, d'Egypte et d'Israël. Nous devons demander au conseil permanent de réfléchir avec eux à la création d'une structure de dialogue plus approfondie. En effet, la sécurité ne se divise pas et si nous sommes soucieux de la nôtre, nous sommes aussi directement concernés par la leur. "


Le 9 juillet , l'Assemblée a entendu successivement :

- M. Ahmed FATHY SOROUR, président de l'Assemblée du peuple d'Egypte, en sa qualité de président de l'Union interparlementaire ;

- Sir Dudley SMITH (Royaume-Uni), président de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale ;

- Mme Leni FISCHER (CDU, Allemagne), président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Puis, l'Assemblée est passée au vote sur le projet de déclaration finale résultant des textes adoptés par les commissions.

La déclaration finale a été adoptée à une large majorité (17 voix contre). Son texte est reproduit en annexe au présent rapport.

Enfin, l'Assemblée a procédé au renouvellement partiel de son Bureau.

M. Javier RUPEREZ (Espagne) a été élu à la présidence contre Mme Helle DEGN (Danemark).

Ont été élus vice-présidents : MM. John ENGLISH (Canada), Kazys BOBELIS (Lithuanie), Wojtech LAMENTOWICZ (Pologne) et Jacques GENTON (France).

Les autres candidats étaient MM. KHLIKOV (Ouzbkistan), MOROZ (Ukraine), SENDOV (Bulgarie) et TSYARESCHCHANKA (Belarus).

Le Bureau de l'Assemblée est désormais composé comme suit :

- Président : M. Javier RUPEREZ (Espagne), (jusqu'à la fin de la session de 1997)

- Vice-présidents : jusqu'à la fin de la session de 1999 : MM. John ENGLISH (Canada), Kazys BOBELIS (Lithanie) et Wojtech LAMENTOWICZ (Pologne)

Jusqu'à la fin de la session de 1998 : M. Steny HOYER (Etats-Unis), Mme Helle DEGNE (Danemark) et M. Andra BARSONY (Hongrie)

Jusqu'à la fin de la session de 1997 : MM. Jacques GENTON (France), Willy WIMMER (Allemagne) et Ivan RYBKIN (Russie).

- Trésorier : Sir Peter EMERY (Royaume-Uni)

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