b) Assurons les moyens du financement et la pérennité du service universel postal français pour garantir un haut niveau d'ambition au service public du courrier

On a déjà exposé 152( * ) que les moyens de financement de l'opérateur chargé du service universel postal pouvaient, en vertu de la proposition de directive, être assurés selon deux modalités :

- des services réservés, c'est à dire un monopole ;

- un fonds de compensation, alimenté le cas échéant par les opérateurs postaux autres que les prestataires de service universel.

(1) Une garantie : le monopole

Votre rapporteur souhaite que la France définisse un périmètre du monopole postal aussi étendu que l'y autorise le projet de directive, c'est à dire qu'il englobe la levée, le transport, le tri et la distribution des lettres de moins de 350 grammes et d'un tarif inférieur à 5 fois le tarif de base, y compris le publipostage et le courrier transfrontières.

Dans ces conditions, 50 % du trafic courrier actuel de La Poste restera sous monopole, contre 75 % aujourd'hui. Ceci ne sera possible, en application de la directive, que pour autant que ce monopole sera nécessaire à La Poste pour remplir ses missions de service universel. Il y a cependant fort à parier que les ressources issues de ce monopole ne devraient pas suffire à assurer le financement des missions de service universel de La Poste.

(2) Un filet de sécurité : le fonds de compensation

C'est pourquoi, votre rapporteur suggère que soit créé parallèlement un fonds de compensation, auquel contribueraient les opérateurs postaux intervenant sur les marchés hors monopole et qui compléterait le financement du service universel.

La directive autorise-t-elle ce recours simultané aux deux modes de compensation de la charge de service universel ?

Oui, dans la mesure où elle ne l'exclue pas ; telle est l'interprétation qui a été avancée à votre rapporteur par ses interlocuteurs bruxellois. Il est vrai que jusqu'ici le problème ne s'était pas posé pour les directives traitant des autres industries de réseaux. C'est ainsi qu'en matière de télécommunications, par exemple, le problème n'a pas été évoqué puisque, l'ouverture à la concurrence étant globale, toute forme de droits réservés a été exclue. Dès lors, la création d'un fonds de compensation s'imposait.

Bien que d'un niveau sans doute modeste au départ, un fonds de compensation du service postal aurait pour avantage de familiariser La Poste et les pouvoirs publics avec le fonctionnement de ce mode de financement du service universel . Cet apprentissage serait utile dans la mesure où, en cas d'ouverture à la concurrence du publipostage et du courrier transfrontalier, comme le souhaitent une grande majorité d'États membres, seuls 33 % du chiffre d'affaires courrier de La Poste (soit 25 % de son chiffre d'affaires total) pourraient continuer à être placés sous la protection d'un monopole. La Suède s'apprête à mettre en place un tel système de financement du service universel. Dans cette perspective, l'évaluation du coût de ce dernier fait à l'heure actuelle l'objet de discussions.

Le recours au fonds de compensation ne devrait donc aller qu'en s'accroissant. Cependant, dans tous les cas, La Poste devra justifier le mode de calcul du coût de ses missions de service universel.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page