B. LES MOYENS D'OPTIMISER L'AIDE POSTALE A LA PRESSE

1. En finir avec les controverses : établir la vérité des coûts

Les termes du débat sur le coût du transport de la presse pour La Poste ont été détaillés précédemment 194( * ) . Rappelons simplement que pour les éditeurs, il doit être évalué au coût marginal 195( * ) , soit 4,41 milliards de francs en 1996, et que pour La Poste -soutenue en cela par l'Inspection générale des Finances- il doit l'être au coût moyen de ses prestations, soit 7,54 milliards en 1996. La différence, de l'ordre de 3,13 milliards, n'est pas négligeable ; elle est supérieure à l'aide de l'Etat et proche de celle assurée par La Poste, selon les estimations officielles.

Pour votre rapporteur, l'évaluation au seul coût marginal ne peut être acceptée telle quelle. A suivre les éditeurs dans cette voie, chaque client important de La Poste ne devrait se voir facturer que les coûts supplémentaires qu'il engendre. Ce serait oublier que l'acheminement de leur produit utilise également des infrastructures et des moyens existant indépendamment de leurs commandes mais indispensables à leur traitement. A caricaturer l'argument " marginaliste ", on pourrait dire que, s'il était généralisé, dès la deuxième lettre envoyée, tout particulier serait en droit d'en exciper.

Cependant, lui dénier toute pertinence apparaît pour le moins excessif. Il est vrai que la " presse est largement structurante pour une partie du réseau, tant pour des raisons de géographie des lieux de distribution (distribution en milieu rural, distribution l'après-midi à Paris des quotidiens du soir) qu'en raison de caractéristiques de poids et de format des produits de la presse " 196( * ) . Mais la première partie de cette assertion n'est pas valable pour tous les points du territoire : est-il vraiment nécessaire de prévoir une structuration spécifique du réseau pour la distribution des quotidiens du matin dans les zones urbaines ? Et la presse n'est pas le seul client de La Poste à lui présenter des produits plats de poids variables contenant du papier : les envois en nombre des catalogues des entreprises ou des rapports annuels des sociétés ne devraient-ils pas être traités par La Poste, même si elle n'acheminait pas les journaux ?

De tels arguments et les recoupements effectués à partir des indications qu'il a recueillies au cours de ses investigations amènent votre rapporteur à nuancer le chiffrage habituellement avancé du coût de l'acheminement postal de la presse.

Selon lui, la réalité du coût du transport postal de la presse se situe vraisemblablement à un niveau inférieur à celui habituellement retenu, dans une fourchette de 6,50 à 6,75 milliards de francs plutôt qu'autour de 7,5 milliards.

La charge nette restant supportée par La Poste reste considérable (de 2,56 à 2,8 milliards de francs en 1996). Surtout, la persistance de cette controverse -que les conclusions de l'Inspection générale des Finances n'ont pas éteinte- démontre à quel point il est nécessaire d'aboutir à la vérité des prix en ce domaine et tout l'intérêt que présente pour La Poste une meilleure transparence des résultats découlant du système ambitieux de comptabilité analytique dont elle s'est dotée.

Au vu des zones d'ombre du système actuellement appliqué par La Poste 197( * ) , comment s'étonner que les éditeurs de presse contestent les chiffres auxquels il aboutit pour la part occupée par la distribution de la presse au sein des charges de courrier ? D'ailleurs, si l'Inspection générale des Finances rejette leur demande d'estimation au coût marginal, n'est-ce pas aussi, en partie, au motif que la comptabilité analytique de La Poste " ne permet pas, en particulier, d'identifier directement les charges variables et les charges fixes " (rapport précité, p. 10) !

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page