3. Développer des relations commerciales avec les autres éditeurs

En commençant à retenir la distinction opérée ci-dessus, les accords " Galmot " ont également commencé à dégager les relations Presse-Poste du régime administré dans lequel elles s'étaient enlisées et à les faire évoluer vers des rapports de clients à fournisseur, plus adaptés à la réalité des activités éditoriales modernes.

Il semble toutefois que La Poste ait encore un peu de chemin à parcourir pour nouer de véritables relations commerciales avec ses partenaires de la presse. Trois obstacles paraissent encore se dresser sur sa route : ses coûts de production, sa position de concurrente de la presse sur le marché publicitaire et une conception sans doute trop stricte, tant du principe d'égalité que du rôle d'un opérateur public.

Si le coût du transport de la presse officiellement retenu (7,5 milliards de francs en 1996) se trouvait intégralement répercuté sur la profession, celle-ci aurait à acquitter les tarifs les plus élevés de l'Europe postale efficace, et de beaucoup : 3 fois ceux d'Allemagne ; 2,7 fois ceux des Pays-Bas ; 2,5 fois ceux de Belgique pour un hebdomadaire de 200 grammes. Les écarts seraient encore plus prononcés pour un mensuel de 300 grammes : de 1 à 3,2 avec les Pays-Bas ; de 1 à 3,12 avec l'Allemagne 201( * ) ...

L'effort de productivité et de réduction de ses coûts auquel La Poste s'est engagée dans le cadre des accords " Galmot " ne devra donc pas être relâché, sauf à envisager que ses partenaires soient prêts à contribuer au financement de ses rigidités internes ou à accepter que, libéralisation européenne aidant, ils finissent par recourir aux services d'un concurrent plus performant 202( * ) .

Autre obstacle à l'apaisement des tensions récurrentes entre La Poste et beaucoup d'éditeurs : la personnalisation de la publicité par voie de presse, à laquelle l'opérateur postal paraît opposer un refus de fait en raison -peut-on supposer- de la crainte de détournement de trafic au détriment de ses produits de publicité adressée, regroupés sous le label Postimpact. Or, pour la presse le maintien de ses positions sur un marché publicitaire marqué par l'avancée de l'audiovisuel et du hors-média est crucial .

Il y a là un problème d'opposition d'intérêt auquel le présent rapport ne saurait prétendre apporter de solution. On peut seulement se demander en l'espèce si, quand on traite du soutien de la presse écrite, il ne conviendrait pas de privilégier une approche globale de la question publicitaire et de s'interroger sur l'accroissement des droits publicitaires des médias audiovisuels.

Enfin, les traditions du service public et une application sans doute un peu stricte du principe d'égalité qui en découle amènent encore trop La Poste, aux dires de certains, à appréhender ses prestations à la presse au travers des produits livrés -des paquets de taille et de poids donnés qui, en fonction des catégories dans lesquelles ils entrent, entraînent l'application de règles préfixées- et non en termes de partenariats : des clients lui assurant un chiffre d'affaires plus ou moins important et capables de négocier des modalités de livraison de leurs produits plus adaptées aux contraintes de La Poste (tri préalable, routage, ...), s'ils obtiennent en contrepartie des avantages proportionnés. En bref, La Poste paraît ne pas encore percevoir avec suffisamment de clairvoyance qu'en droit public l'exigence d'égalité ne s'impose que dans le traitement de situations comparables et que les " gestes commerciaux " étrangers à l'univers administratif sont essentiels à la bonne marche des affaires. Ainsi, il semblerait qu'elle refuse de signer des contrats commerciaux avec des périodiques au motif que son trafic " presse " est déficitaire.

Pour débloquer la situation, il convient donc de trouver, sans délai, les moyens de réduire ce déficit. L'accentuation du soutien public à un autre mode de distribution des journaux -le portage- paraît de nature à emporter assez rapidement des effets positifs en ce domaine.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page