3. Faut-il assujettir La Poste à la TVA ?

L'activité courrier de La Poste (à l'exception de celle de ses filiales) est actuellement exonérée de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) en application de l'article 13 de la sixième directive européenne sur la TVA et de l'article 20 de la loi du 2 juillet 1990.

Cette situation n'est pas sans poser des problèmes à l'entreprise publique. Aussi, ne pourrait-on envisager son assujettissement sur tout ou partie de ses activités courrier ?

a) Le non-assujettisement emporte des inconvénients certains

Ces inconvénients sont à la fois d'ordre financier, commercial et organisationnel.

Le non-assujettisement de La Poste à la TVA se traduit par l'application de l'article 231 du code des impôts qui soumet les non-assujettis à la taxe sur les salaires. A ce titre, La Poste est soumise à cette taxe au taux normal de 9,20 % depuis 1994. Sur les deux activités courrier et colis, une étude externe effectuée à l'initiative de la Direction générale des Postes et Télécommunications en 1994 a évalué la taxe ainsi payée à 2,8 milliards de francs, sur la base des traitements et salaires de 1993.

De plus, le non-assujettissement à la TVA ne permet pas à La Poste de déduire la TVA payée sur l'achat de biens et services nécessaires à ses activités.

Cette non-déduction, quant à elle, se chiffre à 1,26 milliard de francs, sur la base de la comptabilité générale de 1993 et de l'étude précitée. Ce surcoût fiscal se traduit nécessairement sur les prix des services facturés aux clients.

Certes favorable à l'égard des particuliers, par ailleurs plus " captifs ", cette situation constitue en revanche un handicap commercial pour l'entreprise publique, dont les entreprises clientes ne peuvent pas, par définition, déduire une TVA qui ne leur est pas facturée.

Or, cette clientèle, rappelons le, représente plus de 85 % du chiffre d'affaires courrier de La Poste et se voit de plus en plus approchée par des concurrents qui, eux, sont bien sûr soumis à la fiscalité de droit commun.

Enfin, le fait que La Poste ne soit pas assujettie à la TVA alors que ses filiales le sont, complique les modes d'organisation des activités au sein du groupe.

Lorsque ses filiales fournissent une prestation à La Poste, la TVA facturée n'est pas récupérable. Lorsque La Poste fournit une prestation à une de ses filiales, elle supporte le poids de la TVA afférente à la fourniture de la prestation et le coût de la taxe sur les salaires incorporé dans la prestation fournie.

Cette situation n'est donc pas satisfaisante pour La Poste. La Suède a, quant à elle, soumis son opérateur postal à la TVA avant d'adhérer à l'Union européenne.

Au total, le non-assujettissement de La Poste à la TVA comporte des inconvénients majeurs pour l'entreprise et pour ses clients. Aussi, votre rapporteur suggère-t-il que le prochain contrat de plan fixe les modalités dans lesquelles pourrait être envisagée, le cas échéant, une application plus large de la TVA aux services postaux. En tout état de cause, le principe même nécessitera une révision préalable de la sixième directive européenne sur la TVA.

A défaut, il conviendrait de débattre de cette question lors de la discussion de la loi d'orientation postale.

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