C. ÉVALUATION ET CONTRÔLE

La Commission européenne souhaite que les fonds communautaires consacrés à la recherche augmentent substantiellement au cours des prochaines années. Une telle perspective conduit nécessairement à se poser la question du contrôle et de l'évaluation des actions entreprises dans le cadre de cette politique. En ce qui concerne l'évaluation du programme-cadre, la Commission propose pour le cinquième Programme-cadre un examen annuel de l'état de réalisation du programme. Cet examen serait effectué par la Commission elle-même, assistée d'experts indépendants. En outre, une évaluation complète du programme serait réalisée par " des experts indépendants de haut niveau " avant la présentation du sixième Programme-cadre. Dans les deux cas, les experts seraient choisis par la Commission en tenant compte " de façon équilibrée des différents acteurs de la recherche ".

On peut se demander si ces modalités d'évaluation sont pleinement satisfaisantes. L'évaluation du quatrième Programme-cadre réalisée par le groupe d'experts présidée par M. Etienne Davignon est incontestablement marquée par une grande indépendance. Elle devait permettre d'améliorer substantiellement les modalités de mise en oeuvre du prochain programme-cadre. Toutefois, dans certains cas, il apparaît qu'une évaluation par des experts désignés par la Commission européenne, n'est peut-être pas le moyen le plus sûr de remettre en question des actions qui s'avéreraient d'un intérêt limité. Une évaluation plus indépendante paraîtrait particulièrement utile pour le Centre Commun de Recherche (CCR), c'est-à-dire pour l'action directe de la Communauté en matière de recherche. Le CCR est un organisme qui a fait preuve de son utilité en tant qu'instrument d'expertise neutre vis-à-vis des Etats membres. Toutefois, il semble que ses activités présentent un intérêt variable et que ses compétences soient parfois utilisées pour la préparation de textes législatifs communautaires, en particulier dans le domaine de l'environnement, ce qui n'est pas la vocation d'un organisme de recherche.

Peut-être conviendrait-il de réfléchir à des formules d'évaluation plus indépendantes de la Commission européenne. La confusion entre les tâches de gestion et les tâches d'évaluation risque toujours de faire peser un soupçon de partialité sur ces évaluations, même si l'évaluation du quatrième Programme-cadre vient démentir cette affirmation.

En ce qui concerne le contrôle des dépenses effectuées dans le cadre de cette politique, il semble là encore que des améliorations puissent être apportées. Dans son rapport relatif à l'exercice 1995, la Cour des Comptes des Communautés européennes a estimé à propos de la politique de la recherche : " (...) il faut souligner que le nombre de contrôles sur place entamés par la Commission reste insuffisant. Ainsi, seulement 60 contrôles couvrant 144 contrats ont été effectués sur les quelques 13 500 contrats en cours en 1995 " (7( * )) . La Cour ajoutait que certains contractants faisaient l'objet de contrôles de la part d'organismes mandatés par les Etats membres, mais que les informations relatives à ces contrôles n'étaient pas toujours transmises à la Commission européenne.

Dans la perspective du nouveau programme-cadre, dont chacun souhaite qu'il marque un tournant dans la politique communautaire de la recherche, il serait souhaitable à la fois de renforcer le contrôle des dépenses effectuées dans ce cadre et d'améliorer la coopération entre la Commission européenne et les autorités compétentes des Etats membres en ce domaine.

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