CHAPITRE 5 - LES STRATÉGIES ENVISAGEABLES( ( * )30)

Le présent chapitre a pour objet de présenter les grandes orientations stratégiques qui pourraient permettre au secteur de la construction navale française de se maintenir et de se développer.

Deux remarques préalables doivent être formulées :

- d'abord, la concurrence internationale sera, dans les années à venir, de plus en plus vive. Que cela résulte de la mise en oeuvre de l'accord de l'OCDE ou de l'émergence de candidats particulièrement puissants et compétitifs -la Chine-, dont la vivacité relative sera renforcée par le fait qu'ils ne sont pas concernés par cet accord ;

- ensuite, les prévisions à deux ans sur les carnets de commande du secteur en France sont très sombres, on l'a vu.

1. La Recherche et Développement (R&D)

1.1 La R&D, nouvel enjeu du marché

La stratégie de niche adoptée par la France requiert un travail incessant d'innovation. La recherche de segments de plus en plus technologiques pour la grande construction navale (des pétroliers pendant les années soixante et soixante-dix, aux méthaniers, chimiquiers et paquebots aujourd'hui) et pour la petite construction navale (navires rapides civils ou militaires) nécessite une remise en cause permanente. La concurrence de pays similaires, sur la grande construction (Japon, Italie, Finlande, Espagne...), et pour la petite construction (Pays-Bas par exemple), conduit à estimer que faire les mêmes efforts de R&D que les autres pays ne signifie pas pour autant être plus compétitif. Par contre, il est certain que faire moins, ne peut, à terme, que signifier la fin de la construction navale française.

Pour l' offshore, les difficultés opérationnelles issues de zones d'extraction de plus en plus difficilement accessibles, impliquent une recherche innovante, pour un pays voulant rester compétitif.

Enfin, la pression des armateurs pour des navires toujours plus rapides, confère également au marché des navires rapides, un statut de plus en plus stratégique. Or, ce marché prometteur reste encore aujourd'hui un des segments les plus technologiques.

Pour le marché de la construction navale, le souci écologique conduit déjà, et conduira de plus en plus, à privilégier des navires de plus en plus respectueux de l'environnement.

Tous ces facteurs conduisent à penser que la distinction qui s'est opérée depuis le début des années quatre-vingts entre marché à haute et faible technologie ne fera que s'accentuer. Au sein des deux marchés, les écarts de prix des navires feront la différence. La R&D doit donc tenir ce double rôle :

- permettre à la France de rester compétitive aussi bien en termes de coûts
que de technologie dans la conception des navires.

En augmentant nos efforts de R&D, à la fois en montant, mais aussi en qualité, la France peut enfin espérer voir collaborer les entreprises entre elles. Si des collaborations existent (entre Leroux et Lotz et les Chantiers de l'Atlantique par exemple sur les NGV), elles doivent s'étendre aux fournisseurs, mais aussi permettre, la fin du gaspillage des moyens civils et militaires, notamment pour les bassins d'essai des carènes.

En axant sa politique sur la recherche, la France accélérerait la prise de conscience européenne, permettant d'en finir avec l'idée erronée selon laquelle la construction navale est un marché de faible technologie.

* (30) Les éléments de prospective qui suivent n'abordent pas deux conditions essentielles de la compétitivité

- La baisse des charges sociales patronales, qui diminue le coût total du travail et permet donc de maintenir l'emploi directement, ou via l'amélioration de la compétitivité-prix de l'entreprise ;

- une politique de change pragmatique, c'est-à-dire évitant la surévaluation trop systématique de notre devise vis-à-vis du dollar.

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