Chapitre 1 - LES FORCES EN PRÉSENCE

1. Une marine marchande mondiale en évolution

1.1 Des flottes diversifiées aux perspectives variées

A. Les grands secteurs du transport maritime mondial

Le trafic de matières premières, ou « vrac », se décompose en transport de marchandises liquides et sèches. Le vrac « liquide » est principalement constitué du transport de pétrole brut et des produits dérivés du pétrole. Cet ensemble représente 46% de la demande de transport évaluée en tonne -mille 1 ( * ) . Les liaisons s'établissent entre zones productrices et consommatrices. La liaison la plus active est la relation entre le Moyen Orient et l'Asie (30 % du tonnage des échanges pétroliers). Le transport en vrac « sec » concerne principalement le minerai de fer, le charbon et les grains, pour 27 % de demande de transport. Le transport de matières premières s'effectue avec des navires de plus en plus grands et rapides. Aujourd'hui, l'accroissement de la taille de ces navires se stabilise.

Le transport de conteneurs ou de « ligne » correspond à la quasi-totalité des transports de marchandises diverses, soit 27 % de l'activité en tonne mille. Il est dynamisé par le trafic de biens manufacturés.

Le transport de passagers - ou « passage » - s'effectue au moyen de navires au double emploi (marchandises et passagers), ou avec des navires exclusivement réservés aux passagers.

Le cabotage - transport maritime de courte distance 2 ( * ) - n'est pas à proprement parler un créneau du transport maritime, puisqu'il comporte plusieurs modes de transport. Mais il présente des spécificités qui justifient un traitement particulier. Les domaines d'activité sont : le transport de marchandises (en vrac, en conteneurs, sur remorques), de passagers et le transport combiné de passagers et de marchandises. Le cabotage national se définit comme la liaison maritime entre des ports d'un même pays. Le cabotage international se définit comme une liaison maritime entre des ports de pays différents. Les chiffres le concernant sont contestés en Europe en raison de l'absence de statistiques douanières fiables depuis 1993 et de la banque d'harmonisation sur les caractéristiques techniques définissant les unités de cabotage et les zones géographiques concernées.

En Europe, le cabotage est concentré sur les régions périphériques :

- la mer du Nord et la mer Baltique, pour les relations avec les pays scandinaves. Il s'agit de liaisons obligées avec les grands ports du Nord de l'Europe pour le commerce de ces pays ;

- la Méditerranée, principalement pour les relations entre l'Europe et le Maghreb. Il existe un commerce établi de marchandises. Le transport de passagers est principalement constitué d'une clientèle de passagers migrants, dont les déplacements sont réguliers.

Le cabotage des marchandises en vrac ou semi-vrac est notamment utilisé par les industries lourdes. Il s'inscrit là où se situent les grandes implantations industrielles, le plus souvent dans une organisation de production ou de commercialisation. Le coeur de cette activité se situe dans le nord de l'Europe, au bénéfice d'armements danois, néerlandais, ou allemands. L'activité est facilitée par le réseau fluviomaritime du Nord. En France, les industries agro-alimentaires sont les principales utilisatrices du cabotage

Les zones du cabotage en Europe :

B. Les perspectives d'évolution par secteur sont variées

Une question essentielle est celle de la concurrence de l'avion. Les experts consultés nous ont indiqué que la tendance des taux de fret 3 ( * ) aérien était à la baisse. Cette tendance, conjuguée avec la miniaturisation des produits échangés, serait de nature à modifier les conditions de la concurrence entre maritime et l'aérien, en faveur du mode aérien.

Ce risque ne doit pas être surestimé :

- la zone de concurrence ne concerne principalement que les produits manufacturés intégrant une forte valeur ajoutée ou nécessitant un cheminement rapide voire d'urgence,

- même s'il y a miniaturisation, les rendements d'échelle permis par les capacités des navires sont nettement plus importants ;

- à l'export vers Singapour, pour un conteneur de vingt pieds pesant 10 tonnes, le prix aérien Paris-Singapour est de 55 000 FF, tandis que le prix du fret maritime Le Havre-Singapour est de 6 000 FF.

B1. Les perspectives pour le vrac

Les perspectives sont favorables pour ce qui concerne le pétrole. Une grande partie de la flotte est âgée (30 % des VLCC 4 ( * ) et 23 % des Suezmax 5 ( * ) ont plus de 21 ans), et doit être renouvelée. La période de renouvellement conduira à une contraction transitoire de l'offre de transport et contribuera ainsi à augmenter le prix du transport. Un développement des échanges des produits dérivés du pétrole est envisagé, du fait de la construction de raffineries dans les pays producteurs. Cette intensification des échanges de produits pétroliers est principalement constatée en Extrême Orient.

Pour ce qui concerne les minéraliers (vrac sec), les perspectives de construction de plusieurs centrales thermiques dans le Sud-Est asiatique laissent présager un accroissement de demande de charbon-vapeur, à hauteur de 100 à 150 millions de tonnes par an entre 1999 et 2001.

B2. L'armement de ligne 6 ( * )

Depuis quinze ans, la croissance annuelle de ce trafic avoisine les 10 % en l volume (12 % en 1996), soit un rythme plus soutenu que celui des échanges mondiaux (+ 7 % en valeur pour 1996). Parallèlement, l'intense concurrence sur ce créneau a réduit les taux de fret, c'est-à-dire le prix du transport maritime. Il en est résulté une réallocation dans les modes de transports les marchandises « pauvres » sont de plus en plus transportées par conteneur, et non plus exclusivement par le vrac.

B3. Le passage 7 ( * )

Le secteur connaît un essor, tant pour les navettes que pour les navires de croisière. Pour ces deux catégories de navires, le nombre de navires de plus de 300 tjb a augmenté de 30% en dix ans. Les conditions de l'offre se transforment radicalement avec le renforcement des normes de sécurité, l'augmentation des capacités de transport, et l'apparition de Navires à Grande Vitesse 8 ( * )

* 1 Unité de volume de l'activité du transport maritime intégrant le facteur distance. Le poids des marchandises transportées est multiplié par la distance parcourue.

* 2 Les synonymes de cabotage sont : transport maritime de courte distance et « feedering », pour le cabotage par portc-conteneurs

* 3 Prix de transport

* 4 Type de pétrolier défini par sa capacité de transport (cf. glossaire).

* 5 Type de pétrolier défini par sa capacité de transport limitée par le gabarit du canal de Suez (cf. glossaire).

* 6 Ligne : route maritime régulière principalement pratiquée par des navires porte-conteneurs.

* 7 Le transport de passagers

* 8 Navires dont la vitesse avoisine les 40 noeuds (70 km/h).

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