2. Contrastes et similitudes des outils portuaires des collectivités d'outre-mer

Les ports d'outre-mer ont procédé à des modernisations significatives de leurs infrastructures et de leurs outils. Cette modernisation a porté prioritairement sur la conteneurisation, le développement des plates-formes portuaires commerciales et industrielles, les aménagements de terminal « croisière » et d'équipements pour les activités de plaisance. Elle a fait l'objet de programmes nationaux pluriannuels, bénéficiant d'aides communautaires, et de dispositions fiscales avantageuses. Les situations sont néanmoins différentes d'une collectivité à l'autre.

2.1 Présentation des principaux trafics portuaires

Quatre ports se détachent par l'importance de leur trafic : le port de Nouméa, les deux ports antillais et le port de la Réunion.

2.1.1 Le port de Nouméa

Le port de Nouméa se situe en première place en terme de trafic. Il se classe parmi les quinze premiers ports français. Il est, de plus, l'un des ports les mieux équipés du Pacifique Sud insulaire, même s'il ne dispose pas de portique de déchargement des conteneurs. C'est à la fois un outil d'approvisionnement, de transbordement et d'expédition.

Son activité est retracée dans le tableau suivant :

Évolution du trafic maritime en Nouvelle-Calédonie

unité : milliers de tonnes

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1991

Fret débarqué

966

999

1070

1 146

1242

1043

8,0 % *

Fret embarqué

3 394

3 658

3 526

3 665

4 763

4 980

46,7 %

dont nickel

3 235

3 485

3 348

3 478

4 550

4 773

47,5 %

Total

4 360

4 657

4 596

4811

6 005

6 023

38,0 %

Source : IEOM

* Les débarquements ont chuté, en volume, de 16 % entre 1995 et 1996. Leur progression fut globalement plus lente que celle du fret embarqué.

Ce sont les exportations de minerai de nickel et de produits métallurgiques qui expliquent l'importance en volume du trafic. Mais toute une partie du trafic de minerai de nickel échappe au port autonome de Nouméa. Directement chargé sur des vraquiers à partir de dix centres répartis sur le territoire, le nickel est exporté à destination du Japon, de l'Australie et des États-Unis. Les exportations se sont élevées en 1995 à plus de 4,5 millions de tonnes, soit autant que le volume de minerai qui transite par le port.

On observe, sur les dernières années, une augmentation du nombre de conteneurs traités.

Trafic conteneurisé du port de Nouméa

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1991

Nombre de conteneurs

31 582

38 992

37 695

37 534

40 568

46 108

46 %

Poids

(milliers de tonnes)

287,6

288,3

314,4

327,4

351,3

354,1

23 %

Source : IOEM

2.1.2 Le Port Autonome de Guadeloupe (PAG)

Le PAG exerce ses compétences sur quatre sites : Pointe-à-Pitre/Jarry, Basse-Terre, Bas-du-Fort, qui est réservé à la plaisance et Folle-Anse à Marie-Galante. Le port de Pointe-à-Pitre/Jarry, accessible à des navires de fort tirant d'eau dispose de 17 postes à quai, dont trois sont équipés de portiques de manutention de 40 tonnes. Une zone industrielle et commerciale portuaire dotée du statut de zone franche communautaire jouxte le port.

L'augmentation du nombre de passagers s'explique par une augmentation des flux touristiques et par une relative désaffection de la destination Martinique.

Trafic passagers du PAG

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1996/91

Nombres de navires

588

594

1 106

981

1126

1 328

128 %

Nombre de passagers ayant fréquenté le port (entrées-sorties-transit)

360 795

334 827

463 633

541 379

659 800

914415

+ 153 %

En termes de trafic, le PAG se situe au treizième rang des ports français. Il occupe la troisième place du trafic de conteneurs.

Évolution du trafic de marchandises en Guadeloupe

milliers de tonnes ou nombre

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1991

Fret débarqué

2 177

2 042

1 933

2 172

2 284

2 578

18,0 %

dont conteneurs

628

617

624

665

709

788

25,5 %

Fret embarqué

423

436

434

440

348

330

- 22,0 %

dont conteneurs

345

352

337

329

273

250

- 27,5 %

Total

2 601

2 478

2 366

2 608

2 633

2 908

12,0 %

Nombre d'escales de navires marchands

843

883

866

975

889

nd

+5,4 % (95/91)

Source : IEDOM.

2.1.3 Le port de Fort-de-France

Le port de Fort-de-France assure la majeure partie des approvisionnements en hydrocarbures des départements français d'Amérique, traités dans la raffinerie locale. C'est la raison principale de l'importance de son trafic, qui ne connaît cependant pas de progression significative.

Trafic du port de Fort-de-France

milliers de tonnes

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1991

Fret embarqué

1 780

1 737

1612

1 817

1 851

1 902

6,8 %

dont conteneurs

586

541

581

643

682

723

23,4 %

Fret embarqué

772

799

789

890

892

978

26,7 %

dont conteneurs

384

381

378

390

444

518

35,0 %

Total

2 553

2 536

2 401

2 707

2 744

2 880

12,8 %

Source : IEDOM.

Le trafic passagers est également en stagnation. Il s'agit d'une liaison vers la Guadeloupe, via la Dominique et Sainte-Lucie. Le trafic de croisière, en revanche, s'inscrit en légère hausse.

Trafic passagers du port de Fort-de-France

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variation 1996/1991

Nombres de passagers

474 782

471 374

594 318

644 926

662 868

661 480

39 %

Source : IEDOM.

2.1.4 Le port de la Réunion

La Réunion est située au carrefour de deux axes maritimes: un axe nord-sud entre l'Europe et les îles, un axe transversal entre l'Afrique et l'Asie. Cinq lignes maritimes régulières relient la Réunion à l'Europe, huit lignes relient l'Asie à l'Afrique. Quatre autres lignes régulières concernent les pays de la zone sud-ouest de l'Océan Indien, incluant l'Afrique du Sud.

Le trafic de marchandises a augmenté de plus de 20 % depuis le début des années 1990

Trafic de marchandises de Port-Réunion

unité : milliers de tonnes

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1991

[Fret débarqué

1815

1 975

2 026

1 961

2 290

2 168

19,5 %

dont conteneurs

553

589

654

662

733

770

39,0 %

Fret embarqué dont conteneurs

287

399

394

338

424

423

47,0 %

120

160

187

208

223

251

109,0 %

Total

2 102

2 374

2 421

2 349

2715

2 592

23,0 %

Nombre d'escales de navires marchands

522

556

555

586

585

626

20,0 %

Source : IEDOM.

2.1.5 Les autres ports d'outre-mer

Les autres ports d'outre-mer ont des trafics beaucoup plus réduits. Par conséquent, leur importance à l'échelle régionale s'en ressent. Ils ne sont que des ports mineurs, ce qui n'exclut pas néanmoins que leurs partenaires commerciaux soient des pays de la zone.

Ainsi, le trafic du port de Papeete (Tahiti) est bien inférieur à celui des ports cités précédemment.

Fret débarqué et embarqué au port de Papeete

unité : milliers de tonnes

1992

1993

1994

1995

1996

Variations 1996/1995

Fret débarqué

623

613

680

646

641

- 0,7 %

Fret embarqué

17

12

23

28

15

- 46,4 %

Total

641

626

703

674

656

- 2,6 %

Source : IEOM

L'implantation du Centre d'expérimentation du Pacifique a profité au port, qui a été agrandi. Il est à la fois un port de commerce international et intérieur, un port de pêche (bonitiers et bâtiments plus grands sont accueillis) et un port de plaisance.

Au cours des cinq dernières années, l'activité des ports de Cayenne (Larivot et Degrad-des-Cannes), de Kourou et de Saint-Laurent-du-Maroni a évolué de la manière suivante :

Évolution du trafic portuaire en Guyane

unité : milliers de tonnes

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Fret débarqué dont conteneurs

622

638

479

531

520

444

41

32

29

33

39

37

Fret embarqué dont conteneurs

61

75

69

69

73

83

28

32

31

33

34

37

Total

683

714

548

600

594

528

Nombre d'escales de navires marchands

402

400

359

333

319

287

Source : IEDOM.

Le port de Degrad-des-Cannes est le principal port de commerce de la Guyane. Il a été mis en service en 1974, sur les rives du fleuve Mahury et nécessite depuis sa création un dragage constant de son chenal d'accès. Cette opération a fait l'objet d'un contrat triennal, couvrant la période 1996-1998, signé avec la société Atlantique Dragage pour un montant total de 47,94 millions de francs. Son financement, assuré à parts égales par la CCIG et l'État, est inscrit au contrat de Plan État-région. Malgré ce fait, d'autres aménagements des installations portuaires se poursuivent, des projets sont inscrits au Contrat de Plan et au Document Unique de Programmation. Les investissements engagés pour réaliser les travaux de transformation se sont élevés en 1995 à 8,30 millions de francs. Ils devaient s'élever en 1996 à 25,40 millions de francs

Le fret maritime a augmenté avec l'implantation de la base de lancement des fusées C'est par le port de Kourou-Pariacabo que sont acheminées certaines marchandises destinées au CNES.

2.2 Les échanges portuaires sont marqués par des déséquilibres

On observe presque partout un déséquilibre entre les importations, qui fournissent l'essentiel du trafic en volume, et les exportations, qui n'en représentent qu'une petite part. En Polynésie, 96 % du volume total de trafic est le fait des importations En Guyane 87 %, à la Guadeloupe 86 %, à la Réunion 84 %, à la Martinique plus de 65 %.

Si l'on prend en compte le commerce extérieur dans son ensemble, il apparaît que les importations représentent, en valeur, pour 1995, 83 % du commerce extérieur total en Guyane, près de 84 % en Polynésie française, près de 93 % à la Réunion, 92 % en Guadeloupe, 89 % en Martinique. En Nouvelle-Calédonie, les importations ne représentent que 63,5 % de la valeur totale du commerce extérieur.

Les conteneurs sont débarqués pleins et embarqués le plus souvent vides. Les retours à vide affectent les coûts de transport. Ces surcoûts sont supportés par les produits débarqués, dont les effets pèsent sur les activités économiques et donc, finalement sur les ménages

Ce décalage illustre la faiblesse du tissu productif de ces économies et leur dépendance économique structurelle vis-à-vis de la métropole.

Le port de Nouméa constitue une exception, la Nouvelle-Calédonie étant exportatrice de nickel Ici, les exportations représentent 80 % du trafic. Le minerai de nickel, ainsi que les mattes et ferronickels produits par l'usine, sont le premier et principal poste d'exportation de l'île.

2.3 Les partenaires commerciaux sont peu variés

Les échanges des ports français d'outre-mer avec leurs voisins restent à de rares exceptions très timides. Il en va de même des échanges des ports français entre eux. Ainsi le commerce des Départements français d'Amérique entre eux ne représente, en valeur, qu'environ 3 % du total de leurs activités commerciales.

-Les échanges portuaires se font prioritairement entre la métropole et les collectivités d'outre-mer.

En Guadeloupe, c'est le cas pour 64 % des importations par voie maritime, même si les partenaires commerciaux se diversifient un peu avec le temps. Si l'on prend en compte la totalité du commerce extérieur, les partenaires se répartissent comme suit :

Source : Port Autonome de la Guadeloupe

À la Réunion, 75 % des échanges s'effectuent avec cinq pays. La métropole reste de loin le premier fournisseur du département. L'île importe des hydrocarbures de Bahrein, qui est le deuxième fournisseur, du charbon et des traverses de bois d'Afrique du Sud, qui est le troisième fournisseur. Elle importe aussi des produits de Mayotte, du Kenya, de Madagascar et de l'île Maurice. Le premier client est la métropole, avec 60,3 % des exportations, devant Madagascar (9,7 %) et Mayotte (6,9 %). La part des exportations en direction des pays de la zone de l'Océan Indien est de 24,6 %. Elle s'est légèrement réduite par rapport à 1995, où elle était de 26 %.

Répartition du trafic portuaire de la Réunion en tonnage par zones
géographiques en 1995

L'Océanie est le principal fournisseur de la Polynésie par voie maritime, du fait de la prépondérance des livraisons australiennes d'hydrocarbures. Les pays de la région lui fournissent aussi la majeure partie de ses matériaux de construction et détiennent la deuxième place pour les produits alimentaires. L'Union européenne représente environ 20 % du fret à l'importation portuaire. Le continent américain est le troisième fournisseur, avec 18 % du fret global.

Source : IEDOM

Les échanges portuaires sont le reflet de la structure des échanges commerciaux des DOM-TOM.

Répartition en valeur des partenaires commerciaux
des quatre DOM, en 1996

Source : IEDOM.

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