3. Un risque relatif de contagion des Etats voisins ou le mythe du panislamisme

Cette " contagion " a quatre origines géographiques possibles : l'Iran, l'Afghanistan, le Tadjikistan et le Pakistan. On doit ajouter l'influence de l'Arabie saoudite.

L'Iran, dernier empire multi-ethnique et idéologique de la région, s'est toujours méfié de l'émergence d'Etats-nations fondés sur des critères ethniques. Ainsi, les seuls alliés réels de l'Iran sont les minorités chiites, quasiment absentes d'Asie centrale. Par ailleurs, l'Iran n'a jamais soutenu Massoud en Afghanistan ou Tonradganzade au Tadjikistan, alors que ces chefs de guerre sont persanophones. Sans nier les risques de " contamination " en Ouzbékistan, qui seront analysés plus particulièrement lors de l'examen de la situation ouzbèke, il faut rappeler que le prosélytisme iranien se heurte à un obstacle majeur, celui de l'opposition entre les iraniens chiites et les musulmans sunnites.

Les relations avec l'Afghanistan apparaissent plus complexes. Il s'agit, en effet, des mêmes ethnies qui constituaient autrefois une même civilisation et parlaient la même langue : le dari, persan d'Afghanistan, né à Boukhara. Or, l'arrivée des Talibans sur la frontière ouzbèke a accru les risques d'une relance de l'islamisme en Ouzbékistan.

La menace d'une contagion existe aussi, en provenance du Tadjikistan, Etat en crise depuis 1992, qui a vu s'affronter les tenants de l'ancien régime communiste et une coalition " islamo-démocrate ". Cependant, derrière ces affrontements idéologiques, se cachent de profonds clivages régionaux.

Par ailleurs, la " nationalisation " de l'islam en Asie centrale et la position du clergé officiel conduisent à relativiser le danger d'une expansion d'un fondamentalisme à l'iranienne. Comme l'a indiqué Olivier Roy lors de son audition au Sénat " l'islamisme politique cède le pas devant un néo-fondamentalisme conservateur qui veut réformer la société et les moeurs, mais ne franchit pas le seuil du politique ".

Quant au Pakistan , les Etats d'Asie centrale restent méfiants à son égard. La quasi absence de relations économiques avec cet Etat atteste cette attitude très prudente.

Sans nier le danger que pourrait présenter le développement du fondamentalisme, en cas de crise économique et sociale, notamment en Ouzbékistan, il est permis de penser que la diversité des approches de l'islam en Asie centrale et dans les Etats voisins protège la région contre les assauts du fondamentalisme.

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