3. Les OGM et le secteur de la santé

Les thérapies géniques

Sans s'étendre sur un sujet qui dépasse le champ du présent rapport et qui a déjà fait l'objet, à la commission des affaires sociales du Sénat, d'une réflexion approfondie 34( * ) , il est impossible de ne pas citer les thérapies géniques comme une application, en devenir, du génie génétique à la médecine. Ces méthodes ont été réglementées en France par les lois dites " bioéthiques " de 1994.

LES THÉRAPIES GÉNIQUES

" Une thérapie génique peut se définir comme une intervention médicale qui consiste à insérer, de manière délibérée, du matériel génétique dans l'organisme d'un patient. Cette intervention doit permettre soit d'apporter un nouveau gène pour pallier l'insuffisance d'un gène résident altéré, soit de moduler l'expression génétique endogène, cellulaire ou virale, ou encore de corriger l'anomalie structurale d'un gène(...). A l'origine imaginée pour le traitement des seules maladies héréditaires, la thérapie génique a vu la perspective de son application s'élargir à d'autres pathologies : cancer, maladies neurodégénératives et SIDA (...). Ainsi la thérapie génique peut-elle s'envisager pour traiter aussi bien des maladies héréditaires que des affections acquises. Mais, ni pour les unes, ni bien sûr pour les autres, elle ne constitue la seule approche thérapeutique ".

On distingue les thérapies géniques ex vivo (sur des cellules prélevées chez un patient et réintroduites, il s'agit alors d'une autogreffe de cellules génétiquement modifiées) et in vivo (transfert direct dans l'organisme de la séquence non opérante). La thérapie génique somatique consiste à traiter par modification génétique l'organisme d'un malade (organe, système cellulaire) sans modification de son hérédité, tandis que la thérapie génique germinale intervient sur les cellules reproductrices ou l'embryon et entraîne la transmission de la modification qu'elle opère de génération en génération.

D'après le dictionnaire permanent bioéthique et biotechnologie, op. cité, p. 2455.

La production de molécules pharmaceutiques par les plantes

Avec l'avènement de la transgénèse, les plantes peuvent devenir de véritables " usines à médicament ", lorsque leur génome est modifié de telle sorte qu'il conduise à l'expression de protéines d'intérêt pharmaceutique. On parle alors de " molecular farming ", ou agriculture moléculaire. Si des cellules de mammifères en culture ou des souches bactériennes permettent déjà de produire des protéines à usage thérapeutique, les plantes transgéniques représentent toutefois un mode de production moins coûteux et plus sûr de ces mêmes molécules (les plantes sont dépourvues d'agents pathogènes et notamment de virus dangereux pour l'homme).

Votre rapporteur a eu l'occasion de visiter les installations de la société MERISTEM Therapeutics, du groupe Limagrain, à Clermont Ferrand, où sont développés des procédés permettant, notamment, d'extraire, à partir de plants de tabac transgénique, de la lipase (enzyme qui joue un rôle dans la digestion alimentaire, utilisée comme traitement des troubles alimentaires des enfants atteints de mucoviscidose), ainsi que de l'hémoglobine (protéine contenue dans les hématies du sang, qui assure le transport de l'oxygène).

Des montants importants sont actuellement investis dans la recherche, par le groupe Limagrain mais aussi par de nombreuses autres entreprises notamment aux Etats-Unis, en Suisse, au Japon et au Royaume-Uni, pour développer des molécules issues de plantes transgéniques et disposant d'un fort intérêt pharmaceutique (comme par exemple l'albumine, l'insuline, l'érythropoiétine, le facteur VIII et le facteur IX), qui interviennent dans le traitement de nombreuses affections.

La consommation directe de plantes contenant des molécules d'intérêt pharmaceutique

La transgénèse appliquée à l'agriculture permet de concevoir qu'il soit possible de " vacciner " des animaux, comme cela a déjà été évoqué ci-dessus, mais aussi des personnes en introduisant dans les végétaux qu'ils consomment des gènes conduisant à la synthèse de certaines molécules dont l'ingestion conduit à une vaccination orale.

Certains chercheurs 35( * ) y voient une promesse d'avenir pour les pays de développement, permettant de surmonter le problème du coût des campagnes de vaccination : " Ainsi, puisque la vaccination traditionnelle contre le choléra et d'autres germes responsables des entéropathies est trop coûteuse pour être généralisée dans les pays en développement , la production de vaccins oraux dans les végétaux utilisés en alimentation humaine pourrait permettre, pour un coût très faible, la vaccination active de populations à bas revenus, souvent les plus touchées par des diarrhées d'origine bactérienne " 36( * ) .

Les " xénogreffes "

Le génie génétique permet d'envisager que, demain, des animaux génétiquement modifiés puissent servir de donneurs d'organes , contribuant ainsi à résoudre la tragique insuffisance du nombre de personnes donnant des organes pour une transplantation chez leurs semblables, même si les obstacles immunologiques à la réalisation sur l'homme de ces " xénogreffes " demeurent importants.

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