b) Les productions méditerranéennes, parents pauvres de la PAC ?

En ce qui concerne les productions méditerranéennes, l'organisation commune du marché des fruits et légumes a été réformée en 1996, par la voie d'une modification du règlement de 1972.

Les fruits et légumes

Le tenants et aboutissants de cette réforme ayant été remarquablement analysés par le rapport d'information précité de votre Commission : " Fruits et légumes : une véritable ambition pour le secteur " 13( * ) , on se contentera ici d'en rappeler les grands principes :

- une offre communautaire plus orientée vers le marché, grâce au renforcement du rôle des organisations de producteurs et de leur moyens techniques ;

- la reconnaissance des interprofessions ;

- une responsabilisation des producteurs par une réorganisation du dispositif de soutien (mise en place de fonds opérationnels, modification du système des retraits) ;

- une harmonisation et un renforcement des contrôles nationaux et communautaires.

Cette réforme consacre un progrès, que votre mission d'information juge toutefois insuffisant, eu égard aux difficultés rencontrées par la filière fruits et légumes 14( * ) .

Les propositions concernant le tabac


Les propositions de la Commission dans " Agenda 2000 " rappellent qu'en décembre 1996, un rapport a été établi sur le régime communautaire du tabac, proposant " un renforcement de l'orientation du marché de ce secteur " . Dans la logique de ce rapport, la Commission a adopté, le 28 janvier dernier, une proposition de règlement modifiant le règlement (CEE) n° 2075/92 portant organisation commune du marché dans le secteur du tabac brut.

Les principaux objectifs de cette proposition sont les suivants :

- encourager la production d'un tabac de meilleure qualité. La Commission propose de moduler une partie de la prime accordée à chaque producteur en fonction de la qualité de sa production déterminée par son prix d'achat, la partie variable de la prime représentant entre 35 et 45 % du montant total :

- mieux prendre en compte les impératifs de santé publique et d'environnement grâce au doublement de la retenue sur la prime servant au financement du fonds communautaire de recherche et d'information sur le tabac. Des actions en faveur du respect de l'environnement devraient, de plus, être financées par les groupements de producteurs au moyen de l'aide spécifique qui leur est versée ;

- permettre la reconversion des producteurs grâce à un système de rachats de quotas au bénéfice des producteurs qui décident de quitter le secteur ;

- renforcer les contrôles par la mise en place d'un système d'agrément des transformateurs afin de donner aux Etats membres la possibilité de mieux sanctionner le non-respect du droit communautaire ;

- flexibiliser le régime des quotas en facilitant les transferts de quotas de production entre groupes de variétés, dans le respect du principe de neutralité budgétaire. La Commission propose, en outre, de faciliter la cession entre producteurs de leurs quotas de production ;

- simplifier la gestion administrative du secteur en instaurant une distribution des quotas aux groupements de producteurs sur une base triennale.

Les représentants des producteurs français de tabac , entendus par votre mission d'information, ont à ce sujet fait part de deux inquiétudes majeures de la filière :

- l'extinction des capacités productrices Européennes par la mise en place du système de rachat de quotas par la Commission ;

- l'alourdissement de la retenue Européenne , sans que soient précisées les utilisations de ces prélèvements, par le fonds communautaire de recherche et d'information sur le tabac, qui en bénéficiera.

Le délicat dossier de l'huile d'olive

En février 1997, la Commission a présenté un rapport sur le régime communautaire de l'huile d'olive, qui est un sujet conflictuel, notamment entre certains Etats membres producteurs du pourtour méditerranéen. Rappelons que l'Espagne est le premier producteur mondial d'huile d'olive , avec une production en augmentation sensible ces dernières années.

Dans le cadre de la réforme de la PAC proposée, en juillet 1997, par " Agenda 2000 ", seule une future " proposition plus précise " de la Commission était annoncée sur ce sujet. Le 18 mars dernier, la Commission suggérait ainsi la mise en place d'un régime transitoire, applicable du 1er novembre 1998 au 31 novembre 2001, en attendant une réforme définitive, conditionnée à l'obtention de données fiables sur le nombre d'arbres et les surfaces cultivées.

Ce système transitoire comprendrait une augmentation de 15,7 % de la quantité maximale garantie communautaire , et sa répartition entre les 5 pays producteurs , l'Espagne disposant 40 % du total.

La Commission souhaite également supprimer les aides à la consommation et aux petits producteurs qui ont été, à son sens, d'importantes sources de la fraude aux primes communautaires observée dans ce secteur.

Cette question -même si on constate de réels progrès lors du Conseil Agriculture du 26 mai dernier- est toujours en suspens au niveau communautaire, la proposition de la Commission ayant donné lieu dans certains Etats à de vives contestations. Ce sujet, abordé " en marge " du " paquet " global, pourrait hypothéquer l'issue de l'ensemble des négociations agricoles d'Agenda 2000.

L'OCM vini-viticole, une réforme toujours en attente.


La volonté de réforme de cette OCM est déjà ancienne puisqu'une proposition en ce sens a été présentée en juin 1994 par la Commission.

Cette proposition de réforme, qui a fait l'objet d'une résolution du Sénat, adoptée le 29 juin 1995, sur le rapport de votre Commission, n'a pu, à ce jour, aboutir.

C'est dans ce contexte que la Commission Européenne indique seulement, dans " Agenda 2000 ", qu'" Eu égard à l'évolution récente, et en particulier au nouveau contexte créé dans ce secteur à la suite de l'accord du cycle de l'Uruguay, la Commission a l'intention de réviser la proposition en suspens et d'en présenter une nouvelle dès que l'analyse de la situation en 1997 aura été totalement achevée " .

Le Gouvernement français a, dans cette optique, présenté, le 12 janvier dernier, un mémorandum à l'attention de la Commission, définissant les trois grandes priorités françaises :

Le maintien du potentiel de production Européen, par la mise en oeuvre d'aides à la rénovation du vignoble et par une possibilité de développement pour les régions qui ont encore des parts de marché à conquérir ;

Le renforcement de la compétitivité des entreprises par l'amélioration de la qualité des vins et par des aides à la modernisation des entreprises ;

Le développement de l'organisation des filières viticoles , par la reconnaissance du rôle des interprofessions.

Pour l'instant, ce dossier n'a pas connu d'avancée significative, ce que votre mission d'information déplore.

Elle attend avec impatience les prochaines propositions de la Commission annoncées dans les semaines à venir.

Le régime menacé de la production de chanvre à fibres industriel


A la suite de la très forte augmentation du nombre d'hectares de chanvre cultivé dans l'Union Européenne, parfois justifiée par le seul comportement de " chasse à la prime communautaire ", la Commission a proposé, dans le " Paquet prix " 1998/1999, une réduction de 25 % de la prime compensatrice attribuée à cette culture.

En effet, la réglementation actuelle précise que l'aide est versée pour les superficies ensemencées et récoltées pour lesquelles les travaux normaux de culture ont été effectués, sans lier l'octroi de l'aide à une exigence de transformation -comme c'est le cas pour le lin-. Cette insuffisance réglementaire a incité de nombreux producteurs à ne cultiver le chanvre que pour obtenir la prime.

Votre mission d'information est préoccupée par le fait que la baisse proposée par la Commission risque de remettre en cause l'activité des " authentiques " producteurs, sans pour autant éradiquer totalement les comportements dénoncés.

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