2. Les comparaisons internationales sont défavorables aux bibliothèques universitaires françaises

Ce constat a surtout été établi par le rapport Pour l'école que la commission présidée par M. Roger Fauroux a rendu en juin 1996.

Le rapport a constaté, lui aussi, " l'indigence des bibliothèques universitaires de notre pays ".

Sévère, le rapport poursuit : " Tous les critères internationaux de comparaison des bibliothèques universitaires mettent la France au ban des nations comparables . Qu'il s'agisse d'acquisitions d'ouvrages, de collections, d'abonnements en cours, d'emplois affectés en bibliothèques, de salles équipées des nouvelles technologies, de prêt à domicile ou de prêt inter-bibliothèques, d'horaires d'ouverture, de budget de fonctionnement ou du nombre de places offertes, la France est à la traîne. "

Le budget global consacré aux bibliothèques universitaires est, on l'a vu, de 1.300 millions de francs, soit le budget... de la seule bibliothèque du Congrès américain.

Dans les bibliothèques universitaires françaises, on dispose en moyenne d'une place pour 18 étudiants et de 0,5 mètre carré par étudiant, alors que la moyenne pour les pays développés et d'une place pour 5 étudiants et de 1,5 mètre carré par étudiant. Il convient donc de porter une attention particulière aux surfaces de bibliothèques dans la préparation du XII e Plan et des prochains contrats Etats-régions.

En matière de collections et d'acquisitions, seules quatre bibliothèques universitaires françaises ont plus d'un million de volumes, soit 3 % des bibliothèques. En Allemagne, plus d'une bibliothèque sur trois atteint ce chiffre. Les collections d'ouvrages françaises sont pauvres eu égard à celles existant au Royaume-Uni qui sont 4,5 fois supérieures, ou en Allemagne, où elles sont 5,3 fois plus importantes. Aux Etats-Unis, le budget de l'université de Yale consacré aux acquisitions est de 60 millions de francs par an, celui de Harvard de 104 millions : il s'élève à 350 millions de francs par an pour l'ensemble des universités françaises.

Le rapport Fauroux rappelle également que " le sous-équipement en bibliothèque est aggravé par leurs conditions d'usage ". En Allemagne ou au Royaume-Uni, pour un nombre d'usagers inscrits tout à fait similaire, les personnels sont plus de deux fois plus nombreux qu'en France. Les horaires d'ouverture, en outre, sont insuffisants, 12 % des sections ouvrant entre 55 et 60 heures par semaine et 5 % plus de 60 heures. La commission note : " Là encore, la comparaison avec les pays de forte tradition ou pratique universitaire est impitoyable : quiconque a eu la chance d'étudier dans une bibliothèque universitaire allemande, américaine ou canadienne sait qu'il peut travailler de huit heures à vingt-trois heures et revenir le samedi et le dimanche pour lire un livre commandé quelques jours avant dans une autre bibliothèque universitaire éloignée. ".

Les bibliothèques universitaires gagneraient également à être ouvertes pendant les mois d'été, ce qui serait tout à fait compatible avec l'ambition du ministre de développer la formation continue au sein des universités.

Le rapport Fauroux déplore que les bibliothèques universitaires françaises ne soient pas encore " le centre nerveux de l'établissement ".

Le tableau ci-après, issu du dernier rapport du Conseil supérieur des bibliothèques, permet d'établir des comparaisons tout à fait pertinentes avec les deux références que sont l'Allemagne et l'Angleterre en matière de bibliothèques universitaires.


 

France

Allemagne

Grande-Bretagne

Nombre de bibliothèques

93

79

88

Nombre d'usagers inscrits

1.200.000

1.700.000

1.300.000

Collections d'imprimés

22.000.000

124.000.000

70.000.000

Budget annuel d'acquisitions (en millions d'écus)

2.080

6.946

2.689

Nombre de livres acquis dans l'année

884.000

3.800.000

2.200.000

Périodiques en cours

139.000

425.600

344.000

Personnel : nombre d'agents

3.570

8.000

8.900

Ainsi, alors que le nombre de bibliothèques universitaires est relativement proche dans les trois pays considérés, de même que, eu égard à leur population respective, le nombre d'usagers inscrits, la France se distingue par la faiblesse des moyens dont disposent ses bibliothèques universitaires : 2,5 fois moins de personnels qu'en Grande-Bretagne, un budget d'acquisitions près de 3,5 fois inférieur à celui de l'Allemagne, 5,6 fois moins d'imprimés qu'outre-Rhin et plus de trois fois moins qu'au Royaume-Uni ; de même, l'Allemagne et la Grande-Bretagne acquièrent chaque année pour leurs bibliothèques universitaires respectivement 4,3 et 2,5 fois plus de livres que la France.



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