5. Intervention de M. Pierre HERISSON, sénateur de Haute-Savoie

M. Pierre HERISSON . - Quelques observations à partir du vécu d'un élu local de plus de 20 ans, qui a connu la période d'avant les lois de décentralisation et la situation d'aujourd'hui.

Nous avons vécu depuis des années l'exemple même de la décentralisation, où la gestion et la maîtrise d'une mission nous était confiée sans qu'elle passe par le Budget, par le Trésor, et par des considérations de montants budgétaires qui n'ont plus rien à voir avec les besoins à l'origine de la création des taxes.

Concernant les agences de l'eau, je crois que dans notre pays nous cherchons, depuis des décennies, à trouver l'assiette qui soit la plus appropriée et le périmètre le plus pertinent à travers un certain nombre d'initiatives en termes d'aménagement du territoire. Avec les agences de l'eau, nous avons trouvé le périmètre du bassin versant qui permet de mettre en commun des recettes et de gérer des dépenses, avec tous ceux directement concernés par l'usage de l'eau, la pollution et la dépollution de l'eau.

J'ai participé au Sommet de la Terre en 1992 avec l'Office international de l'eau, nous avons passé plusieurs jours à rencontrer des délégations étrangères qui étaient admiratives de ce que nous avions fait avec nos agences de l'eau, en partant du principe que l'aire du bassin versant, périmètre le plus approprié pour la collecte de la taxe et pour la gestion.

(Applaudissements).

6. Intervention de M. Philippe RICHERT, sénateur du Bas-Rhin, président de la Commission environnement de l'Assemblée des présidents de Conseils Généraux (APCG)

M. Philippe RICHERT . - Je donnerai la position de l'APCG, c'est-à-dire la position de la Commission environnement toutes tendances confondues. Ce projet de réforme intéresse évidemment l'APCG parce qu'il y va de la qualité de l'eau, donc de l'exploitation d'une ressource dont les conséquences financières sont relativement lourdes. Les Conseils Généraux consacrent tous les ans environ 5 milliards de francs au domaine de l'eau, et on se doute que si jamais les ressources financières affectées à l'eau venaient à diminuer, les communes se trouveraient automatiquement amenées à se tourner un peu plus vers les Départements pour essayer de financer leurs projets. Nous sommes également très attentifs aux montants mis en oeuvre, parce que nous avons développé ces dernières années un bon partenariat avec les agences.

Il y a bien entendu des choses à remettre à plat dans le fonctionnement des agences. Il y a certainement des avancées à faire. Mais faut-il pour autant bouleverser le système ?

Nous connaissons tous ce qui se passe dans le domaine législatif. Nous savons tous qu'on légifère trop, qu'on change trop souvent et qu'ensuite on rectifie. A l'APCG, nous nous interrogeons sur le bon sens de cette réforme.

Au niveau des conseils généraux, nous avons su faire la preuve sur le terrain de notre efficacité, autant qu'au plan national. Quand Mme Bettina LAVILLE dit, pour justifier la mesure prévue, qu'il y a aujourd'hui des travaux qui n'ont pas été effectués, moi j'en trouverai une multitude qui sont de la responsabilité de l'Etat et qui n'ont pas été réalisés non plus. Ce n'est pas une raison suffisante pour reprendre aux agences de l'eau l'autorité dans le domaine qui est le leur, à savoir la gestion de l'eau. Dans le domaine de la gestion de proximité, on ne peut pas trouver un meilleur système pour assurer l'efficacité du périmètre.

Au niveau de l'utilisation des fonds, les moyens qui sont générés par l'eau reviennent à l'eau. Je crois que tout à l'heure le Président FRANCOIS-PONCET a montré de façon excellente que tout système de recentralisation ne donnait aucune garantie quant à l'affectation future de l'ensemble des moyens prélevés. Pour ce qui est d'une meilleure utilisation des fonds, je crois que nous ne pouvons qu'être inquiets. C'est la raison pour laquelle, l'ensemble des conseils généraux est opposé au dispositif proposé.

Personnellement, je retrouve derrière cela une volonté de recentrer le pouvoir au plan national. C'est beaucoup plus une volonté de Bercy au nom de l'orthodoxie budgétaire qui entend gérer l'ensemble des moyens financiers de l'Etat. Et c'est peut-être aussi la volonté du ministère de l'Environnement de gonfler artificiellement un budget qui aujourd'hui représente 2,2 milliards de francs. Si on pouvait annoncer un budget, avec l'ADEME et les agences de l'eau, de 12 ou 13 milliards, ce serait beaucoup plus affriolant.

(Applaudissements).

M. Jacques OUDIN . - Je souhaiterais donner la parole à M. Patrick THIEFFRY qui connaît ces problèmes et les a traités au niveau des instances européennes.

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