4. Intervention de M. Jacques VERNIER, Président du Comité de bassin Artois-Picardie

M. Jacques VERNIER . - Je voulais dire que le point essentiel est effectivement de savoir si les travaux, les actions importantes qui restent à mener, et Mme Bettina LAVILLE a rappelé les directives européennes qui vont nous amener à devoir en faire plus et non pas moins, sont financés par une ressource financière affectée, réservée pour ces travaux, ou par une allocation budgétaire dont chacun, quelles que soient les garanties données, s'accorde à reconnaître le caractère fragile et précaire. Que ce soient les comptes spéciaux du Trésor ou les contrats de plan, que vaut un éventuel contrat de plan entre l'Etat et un de ses établissements publics ?

Je souhaiterais apporter mon témoignage. J'ai été pendant trois ans Président de l'ADEME. L'ADEME a une double mission : une mission environnementale d'une part et une mission énergétique d'autre part.

Quelle était mon analyse à l'époque ? J'ai reconnu que la mission environnementale de gestion des déchets ménagers, de gestion des déchets industriels spéciaux, de lutte contre le bruit des aéroports, de lutte contre les huiles usées, contre la pollution atmosphérique, toutes ces préoccupations environnementales avaient la chance de pouvoir être financées par des taxes affectées, qui avaient peut-être leurs défauts, elles étaient peut-être trop multiples et trop cloisonnées, mais elles assuraient une action importante de l'ADEME, notamment pour le traitement des déchets ménagers où les investissements sont très importants.

A côté d'une première action environnementale bien financée par des taxes affectées, l'ADEME menait une action en faveur de la maîtrise de l'énergie ou du développement des énergies renouvelables qui, elles, n'étaient financées que par des crédits budgétaires.

A quoi ai-je assisté ? De 1992 à 1996, pendant quatre ans, sous des Gouvernements de gauche puis de droite, le ministère du Budget n'a eu de cesse de réduire, année après année, le budget énergétique de l'ADEME de 300 MF, chiffre de départ, à un misérable 75 MF, chiffre d'arrivée, moyennant quoi la France n'avait plus ni politique de maîtrise de l'énergie ni politique de développement des énergies renouvelables.

Mon rêve et mon combat à l'époque étaient que l'action énergétique de l'ADEME puisse être financée, comme l'action environnementale de l'ADEME, par une micro-taxe sur l'énergie, affectée d'une manière pérenne, stable, non précaire, non fragile, à une politique en France digne de ce nom de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables.

Rêvant donc que la politique de maîtrise de l'énergie soit financée par une fiscalité affectée, je constate, je dois vous le dire avec une immense tristesse et une immense crainte, qu'on fait aujourd'hui l'inverse. Là où il y avait des ressources affectées, on les supprime, et là où il n'y avait que de maigres ressources budgétaires, on les maintient.

(Applaudissements).

M. Jacques OUDIN . - Le problème est toujours le même. Quand on se trouve dans une situation où le budget de l'Etat est déficitaire de 200 à 300 milliards de francs, vous ne pouvez pas imaginer une générosité quelconque et une action d'envergure dynamisante. C'est quasiment impossible. D'où le problème des taxes parafiscales ou taxes annexes. On n'en sortira pas tant que le budget de l'Etat ne sera pas équilibré.

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