2. Intervention de M. Gérard PAYEN, directeur général de l'eau de Suez-Lyonnaise des Eaux

M. Gérard PAYEN . - Je voudrais me faire l'écho des consommateurs. En effet, il y a beaucoup de personnes en France qui utilisent l'eau dans leur vie quotidienne et, finalement ce sont elles qui donneront leur avis sur le système qui sera retenu. J'aimerais vous dire comment les professionnels de l'eau, les praticiens, perçoivent les attentes des consommateurs. Au contact de 40 millions de personnes, les professionnels gèrent le lien économique qui existe entre les consommateurs et le système des redevances.

Qu'attendent les consommateurs ? Toutes les enquêtes montrent, panel, comités d'usagers ou comités de consommateurs, que leur premier souci, c'est la qualité de l'eau et la première critique, c'est l'opacité du système.

Sur ce thème, ils ont observé que des efforts importants ont été faits. Je prendrai l'exemple de la facture d'eau. Sa clarification a été un gros progrès, plébiscité dans les enquêtes effectuées. Cela nous permet, à nous professionnels, d'expliquer au consommateur à quoi sert l'argent qu'il paye en prenant chaque ligne de la facture.

Ils attendent plus de transparence, et à l'heure où nous nous interrogeons globalement sur les modifications à apporter au système actuel, que ce soit modernisation du système existant ou instauration d'une nouvelle taxe, nos consommateurs attendent quelque chose de simple à comprendre, qu'on puisse leur expliquer et dont ils puissent comprendre le caractère juste et équitable. J'espère que collectivement nous arriverons à le trouver, mais il ne faudrait pas allonger le nombre de lignes sur la facture.

(Applaudissements).

3. Intervention de M. Patrick BERNASCONI, président de Canalisateurs de France

M. Patrick BERNASCONI . - Les entreprises de travaux publics sont directement concernées par la création d'une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) et par le passage d'un système décentralisé à un système centralisé, puisque ce sont elles qui réalisent les travaux décidés par les communes et leurs syndicats et financés avec l'aide des redevances des agences de l'eau.

La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et Canalisateurs de France sont hostiles à la création d'une taxe générale sur les activités polluantes . En effet, les précédents concernant les taxes affectées au budget de l'Etat et les engagements pluriannuels de ce même Etat sont, du point de vue des professionnels des travaux publics, très inquiétants.

Ainsi, entre 1982 et 1986, l'Etat avait augmenté la taxe intérieure sur les produits pétroliers de 12 centimes pour rembourser des emprunts qui avaient alimenté le fonds spécial de grands travaux. Il s'agissait alors de relancer la politique d'équipement de l'Etat. Ces 12 centimes, une fois les emprunts remboursés, n'avaient plus d'objet. Mais les contribuables n'ont pas pour autant vu la taxe diminuer, pas plus que les budgets du ministère de l'équipement ne se sont retrouvés dotés d'une ressource supplémentaire. Les 12 centimes ont été maintenus et sont allés alimenter le budget général, c'est à dire à 90% des dépenses de fonctionnement.

Une fois le produit d'une taxe versé au budget de l'Etat, celui-ci est face à la tentation de l'utiliser à autre chose qu'à son objet premier et souvent il succombe. C'est pourquoi la FNTP et Canalisateurs de France sont opposés au principe de remplacer des redevances décentralisées et affectées par une taxe centralisée et non affectée.

Parallèlement à cette taxe, l'Etat s'engage sur un contrat pluriannuel d'objectifs garantissant aux agences un niveau minimum de financement.

L'expérience vécue par les entreprises de travaux publics avec les contrats de plan Etat-Régions incite à la méfiance. Ces contrats et notamment leur volet routier ont en théorie une durée de vie de 5 ans. Unilatéralement, l'Etat a décidé en 1996 que les contrats 1994-1998, seraient prolongés d'un an, devenant les contrats 94-99. Or à la lecture du projet de budget, on constate qu'à la fin 1999, l'Etat n'aura rempli que 80% des engagements financiers qu'il avait pris 6 ans plus tôt.

La Fédération et Canalisateurs de France voient dans le projet de TGAP une grave remise en cause du système français de gestion de l'eau et considèrent plus généralement que le problème de l'eau en France est mal posé. Le principe de la TGAP est de déconnecter le niveau de la taxe, du maintien des ressources nécessaires pour financer la prévention ou la réparation rendue nécessaire par les activités polluantes. Ce principe n'est pas adapté à l'eau. Aujourd'hui, dans le domaine de l'assainissement, la moitié des eaux retourne telle quelle dans la nature. La priorité de l'Etat devrait être de réfléchir à une politique d'incitation des collectivités locales à réaliser des équipements permettant de limiter rapidement cette pollution, plutôt qu'à l'instauration d'une nouvelle taxe.

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