b) La progression des dépenses communautaires : une solution incompatible avec l'objectif d'assainissement budgétaire.

Le déclin continu de la part des ressources propres traditionnelles dans l'ensemble des recettes de l'Union européenne a pour conséquence directe de faire financer 84 % du budget communautaire par les contribuables nationaux, via les ressources TVA et PNB. Pour la France, 95 milliards de francs seront ainsi prélevés en 1999 sur les recettes de l'Etat au titre de sa participation au financement du budget des Communautés européennes. Les dépenses européennes ont donc un effet d'éviction sur les recettes nationales qui rend d'autant plus difficile la résorption des déficits budgétaires nationaux.

Cette participation demandée aux Etats membres a sensiblement augmenté au cours des dernières années : avec un accroissement évalué à 3,5 milliards de francs pour 1999, le prélèvement opéré sur les recettes de l'Etat progresserait en France d'environ 3,8 %, soit à un rythme bien supérieur au taux de croissance attendu du PNB (2,7 % selon les prévisions du Gouvernement).

Mais l'accroissement des dépenses européennes n'a pas pour unique conséquence la réduction des recettes nettes des Etats. Elle entraîne aussi une augmentation de leurs dépenses.

En effet, le principe d'additionnalité , selon lequel l'affectation de chaque euro communautaire au titre des dépenses structurelles doit s'accompagner de l'engagement simultané d'un euro national, conduirait à lui seul, compte tenu de l'enveloppe prévue par la Commission pour lesdites dépenses et du maintien relatif de leur statut privilégié, à accroître les dépenses publiques nationales de 39 milliards d'euros sur la période 2000-2006 par rapport à la programmation actuelle.

Cet " effet de ciseaux " (diminution des recettes et augmentation des dépenses) rend incompatible la progression, même limitée, des dépenses européennes avec l'obligation pour les Etats membres de réduire le déficit de leurs administrations publiques.

Pour parvenir à une situation budgétaire proche de l'équilibre, les Etats devraient en effet opérer de spectaculaires coupes dans leurs dépenses et/ou augmenter les prélèvements obligatoires.
L'effort demandé aux contribuables deviendrait, s'il ne l'est déjà, rapidement insupportable. La construction européenne deviendrait à leurs yeux synonyme d'impôt ; elle serait discréditée.

Dans ces conditions, la progression des dépenses communautaires proposée par la Commission ne peut être admise. La stabilisation serait déjà un échec. C'est à leur diminution qu'il y a lieu de s'atteler.

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