3. `Agriculture périurbaine et droit de l'urbanisme : en France et en Ile-de-France

a) M. Jean-Pierre RADET, président de la Chambre d'agriculture interdépartementale d'Ile-de-France

Tout ce qui se passe en Ile-de-France, dans le secteur périurbain est un peu un élément précurseur de ce qui va se passer, peut-être à un degré moindre, dans les autres régions.

Le schéma directeur de l'Ile-de-France a démarré en 1990, est sorti en 1994, à la grande satisfaction de la profession, après de nombreuses discussions entre les différents partenaires, car ce qui nous pèse le plus, c'est la précarité, c'est de ne pas être certains de notre devenir. D'avoir pérennisé un certain nombre de territoires nous semble une bonne chose pour l'agriculture, d'autant que pour pérenniser l'agriculture, il faut avoir un volet économique viable.

Pour réussir, il faut mettre en compatibilité les schémas directeurs locaux et les plans d'occupation des sols. Il y a un délai assez court pour que ce soit mis en concordance, la date a été fixée à 2003.

Quel principal constat pouvons-nous faire en 1999, après l'élaboration de ce schéma directeur ? Nous nous apercevons très vite qu'il y a une méfiance, qu'il n'y a pas du tout de confiance vis-à-vis de ces documents d'urbanisme et que cela ne vient pas tellement de nous mais surtout de certains organismes de l'Etat puisqu'ils trouvent qu'il faut multiplier les différents zonages. Dans nos régions, nous voyons des zonages se juxtaposer, proliférer. Nous pouvons parler des sites classés avec la vallée d'Isieux, la vallée de la Juine, la plaine de Versailles. Dans ces classements, on exclut totalement tout ce qui est urbanisé, on inclut essentiellement le territoire agricole et on veut le préserver tout en nuisant à son activité. Voilà la prolifération de ZNIEFF, de ZPPAUP et chez nous les zones Natura 2000 commencent également à fleurir mais je crois que les autres régions sont plus mal loties que nous-mêmes. Nous voyons également la mise en place d'espaces naturels sensibles. Certains départements ont démarré très fort dans ce domaine et nous pouvons être étonnés que les différents droits de préemption sont un peu détournés puisque dans ces espaces naturels sensibles la SAFER perd son droit de préemption au profit du département.

Nous pouvons aussi parler des parcs naturels régionaux qui ne sont pas la tasse de thé des agriculteurs. Je suis vice-président de parc naturel régional et j'estime, pour celui du Vexin, que si le partenariat est bon et si la concertation est fructueuse, il est possible d'aboutir à des choses valables dans ce domaine.

Notre souhait est que les documents d'urbanisme soient respectés et qu'il est, pour notre part, totalement inutile de juxtaposer ces différents zonages. Dans ces documents, nous pouvons regretter que tout ce qui concerne les infrastructures, lorsqu'il s'agit de petites déviations, on pioche dans les terres libres qui sont les terres agricoles.

Le sénateur Larcher a parlé tout à l'heure de zones franches. Je crois que l'on peut le soutenir dans ce domaine car si l'on veut pérenniser l'agriculture en zone périurbaine, c'est que cela concerne essentiellement des cultures spécialisées, cultures qui sont très gourmandes en main d'oeuvre. Avec le zonage, en zone franche, nous arriverions peut-être ainsi à diminuer les charges de ces agriculteurs, puisque ce sont surtout des charges de main d'oeuvre et cela permettrait de stabiliser cette activité.

En conclusion, malgré tous les documents d'urbanisme, la terre agricole est considérée comme une terre libre dans laquelle on peut piocher aisément et lorsqu'il y a des problèmes, on se tourne vers ces zones «NC» qui sont souvent dévoyées parce que l'on s'aperçoit qu'il y a dans le plan d'occupation des sols, des sous-zonages où l'on interdit des constructions agricoles, où l'on permet par contre des parkings, des aires de jeux, etc. Et ceci nous inquiète fortement dans notre région car il y a un manque de rigueur vis-à-vis des règlements des zones «NC».

M. Guy FISCHER : Merci Monsieur. Donc, l'Etat est mis en cause et les élus aussi certainement. Il nous est proposé d'aller vers la création éventuelle de zones franches. Le débat est controversé. Il y a un certain nombre de points qui ont fait l'objet de rapports, mais encore faut-il approfondir le débat au niveau du pacte de relance pour la ville ou dans les zones périurbaines concernant l'agriculture, voir quelle forme d'aides spécifiques pourraient être mises en oeuvre. Nous avions l'exemple de l'Ile-de-France. Passons au monde plus rural avec des expériences différentes et je passe la parole à M. André Thévenot, secrétaire adjoint de la FNSEA qui est du Territoire de Belfort.

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