16. Activités de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en 1997 - Interventions de MM. Jean BRIANE, député (UDF) et Jean VALLEIX, député (RPR) (Jeudi 25 septembre)

Lors du débat sur le rapport annuel de l'OCDE, les gouvernements membres de l'Organisation seront appelés à agir pour combattre le chômage et à mettre en oeuvre des plans visant à réduire le nombre toujours élevé de sans-emploi parmi les jeunes et les plus défavorisés.

Le rapport de l'OCDE recommande de prendre des mesures d'incitation à la création d'emplois, d'investir dans l'éducation, d'améliorer les qualifications et la réinsertion sociale, et de mettre en place des réformes visant à dynamiser les marchés du travail. Il conseille aux Etats membres de partager leurs expériences pour tenter de trouver un moyen terme entre la politique des pays qui ont stoppé le chômage au prix d'une réduction de la protection et de la cohésion sociales, et celle des nations dont la protection sociale a été sauvegardée, mais qui conservent un fort taux de chômage et une croissance faible.

Le rapport établit la croissance économique des pays de l'OCDE à 3 % en 1997, contre 2,6 % en 1996, et la situe à 2,7 % pour 1998. Il relève des taux de croissance impressionnants en Amérique latine, en Asie du sud-est (y compris en Chine) et dans certaines régions d'Europe centrale et orientale. Il salue le renforcement de la coopération entre l'OCDE et la Russie, exprimant le voeu que ses réformes internes ouvriront à celle-ci les portes de l'Organisation.

Le secrétaire général de l'OCDE, Donald Johnston, prendra la parole à l'occasion du débat. Des parlementaires de quarante-huit pays y assisteront.

M. Jean BRIANE, député (UDF), porte-parole de la commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des pouvoirs locaux, intervient alors :

" Bien qu'il ait été décidé de concentrer le débat de cette année sur des thèmes précis repris par le rapporteur, que je félicite pour la qualité de son rapport - celui-ci nous donne une vision exhaustive et claire des problèmes que traverse l'économie mondiale - les commissions, qui, les années précédentes, se livraient au même exercice dans les limites de leur mandat, ont souhaité néanmoins pouvoir apporter leur contribution.

En ma qualité de président de la commission de l'environnement, je me réjouis de pouvoir intervenir pour réitérer l'intérêt et l'importance que notre commission porte aux activités de l'OCDE en matière d'environnement.

C'est en effet à l'OCDE que nous devons la définition des grands principes que l'on considère désormais comme les principes fondamentaux de toute politique de l'environnement : l'intégration des préoccupations environnementales dans les politiques sectorielles, les politiques intégrées - que ce soit de l'environnement ou des ressources, comme l'eau - ou le principe de pollueur-payeur, pour n'en citer que quelques-uns.

Rappeler ces acquis fondamentaux dans toute politique de l'environnement suffit pour montrer la portée des travaux de l'OCDE en cette matière, travaux qui prennent toute leur importance face à la globalisation de l'économie.

En effet, cette globalisation est désormais une réalité et elle exige des mesures adéquates, d'une part, pour éviter le dumping social et écologique, d'autre part, pour " internaliser " les coûts environnementaux, voie obligée pour assumer de la façon la plus équitable les charges qu'entraîne l'utilisation des ressources.

Dans ce contexte, on ne peut qu'encourager l'OCDE à poursuivre ses travaux dans des domaines tels que l'environnement et le commerce, les standards de production et de consommation voire les problèmes de la globalisation économique et environnementale. Cependant le budget de l'OCDE, comme celui de plusieurs organisations internationales, est malheureusement à la baisse. Les pays membres se trouvent donc dans l'obligation de devoir opérer des choix et établir des priorités.

Permettez-moi, Monsieur le Secrétaire général, de saluer votre initiative. A l'occasion de cette politique d'austérité, vous avez recentré les activités de l'organisation, de façon que les ressources - déjà peu importantes - soient utilisées au mieux. Mais cette tâche est ardue, voire dangereuse lorsque l'obligation de restriction budgétaire coïncide avec le constat d'une dégradation de l'environnement. Cela nous imposerait plutôt de concentrer notre volonté politique, notre énergie et nos moyens financiers sur la protection et la gestion des ressources.

Dans ce contexte difficile, on ne peut que se féliciter de votre choix, la mise en place d'un comité de haut niveau, chargé de faire des propositions, avant la fin de l'année, afin de connaître les priorités à retenir en ce qui concerne les activités de l'organisation dans ce domaine. Nous ne pouvons que souhaiter, comme vous, que cela permette de concentrer les moyens sur les priorités les plus élevées et de garder haut le profil de l'organisation en matière de protection de l'environnement.

Depuis l'élargissement de l'Union européenne et la prise en compte, par les organisations internationales, des problèmes de l'environnement des pays d'Europe centrale et orientale, dans le cadre des conférences ministérielles paneuropéennes - la prochaine se tiendra au Danemark en mai 1998 - la contribution de l'OCDE a été très appréciée, en raison de sa prise en charge des travaux portant sur le programme de coopération avec ces pays. Il est donc difficile de ne pas déplorer la baisse d'activité envisagée dans le programme du Centre de coopération avec les économies en transition. Celle-ci est compensée par les processus d'adhésion de certains de ces pays, néanmoins il s'agit d'un signal inquiétant.

Il est important que l'OCDE garde son rôle dans le domaine de la coopération en matière de développement durable. Pour ce faire, il est également essentiel d'explorer les possibilités concrètes, d'optimaliser les travaux des uns et des autres. Cela peut se faire - à l'instar de l'action que vous avez engagée - non seulement au stade de l'organisation elle-même, mais aussi, et cela n'est pas négligeable, en veillant à la bonne coordination entre les différentes organisations oeuvrant dans le domaine de l'environnement et en renforçant cette coopération.

A ce propos, permettez-moi de terminer avec un exemple et une proposition. La commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des pouvoirs locaux de l'Assemblée parlementaire a décidé de préparer un rapport sur l'état de l'environnement en Russie. Son but ne sera pas de passer en revue tous les problèmes de l'environnement de ce pays mais plutôt de sélectionner les sujets et d'identifier les problèmes pour lesquels le Conseil de l'Europe, à ses différents niveaux d'intervention, peut apporter une contribution à la recherche de solutions.

Or, nous savons que la Commission économique pour l'Europe, des Nations Unies, prépare un rapport sur cette même question dans le cadre de son programme permanent d'activités. Pour sa part, l'OCDE envisage également de préparer un tel rapport, et ce, dans le processus d'adhésion de la Russie.

Ces trois initiatives ne sont évidemment pas identiques, mais elles pourraient devenir parfaitement complémentaires si une concertation entre les trois instances pouvait être organisée. L'Assemblée parlementaire pourrait offrir l'opportunité d'un débat qui pourrait déboucher sur des propositions concrètes correspondant aux spécificités de chacune des organisations.

En conclusion, j'insisterai sur la nécessité pour l'OCDE de continuer à oeuvrer dans le domaine du développement durable, y compris, par exemple, dans celui du développement spatial auquel le Conseil de l'Europe est aussi très attaché. Coopération et concertation doivent se développer entre partenaires habituels ou potentiels, afin d'optimaliser le plus possible les investissements en ressources humaines et financières consacrés à l'environnement dans une perspective de développement durable. "

M. Jean VALLEIX, député (RPR), prend à son tour la parole en ces termes :

" Monsieur le Secrétaire général, vous avez fait ce matin un exposé fort intéressant. Pour cette deuxième communication, nous prenons acte avec confiance de la volonté de renouveau que vous avez manifestée dans les actions de l'OCDE. Cette rencontre est pour nous toujours très importante, en raison de la compétence de votre institution et parce qu'elle est l'unique occasion que nous ayons de dialoguer mutuellement vous, institution intergouvernementale, et nous-mêmes parlementaires. Cette tradition reste pourtant encore assez originale, même si nous avons pu l'étendre grâce à cette pratique en direction de la BERD.

Ce rendez-vous est moderne et tout à fait d'actualité. Ce que vous évoquiez ce matin, en nous rappelant la mise en oeuvre de ce comité de haut niveau, est tout à fait conforme à l'évolution de notre époque, compte tenu de vos difficultés, financières, face au développement de vos missions et également à la restriction de vos moyens. Il y a là une volonté de choix, une volonté de déterminer des priorités, tout à fait importante et responsable. Par conséquent, nous serons intéressés à connaître les résultats de vos travaux.

S'agissant des moyens, nous regrettons qu'ils ne suivent pas toujours car des contributions tardent à être versées. Certaines sont importantes. Je suis désolé de citer à cet égard, nos amis des Etats-Unis.

Je voudrais également, après avoir écouté Mme Lalonde avec énormément d'attention tout à l'heure, non seulement en raison de son excellent français mais aussi compte tenu de la qualité de son intervention, dire combien nous apprécions la participation de nos partenaires d'outre-mer. Nous nous réjouissons aujourd'hui de la présence du Mexique, du Brésil, regrettant, là également, que nos amis américains ne soient pas plus participants.

Monsieur le Président, mes chers Collègues, je voudrais exprimer mes compliments au rapporteur, à son équipe et à la commission pour leur excellent travail, ainsi que pour une présentation originale. Cette sélection de sujets est une bonne méthode pour pousser plus loin nos investigations.

Je souligne également la compétence des commissions qui donnent un avis. J'ai été intéressé ce matin par l'intervention de notre collègue M. Jean Briane sur tous les problèmes d'environnement et de développement durable.

Je tiens également à marquer combien ce débat nous rapproche, parfois au-delà des cloisonnements politiques. En tant que gaulliste français, j'ai été très intéressé de suivre les interventions tant du rapporteur d'abord, lui-même socialiste autrichien, que de M. Elo, au nom du groupe socialiste, relevant les différences entre structures et orientations politiques de nos pays, le socialisme français étant en cela assez original.

Tout cela pour souligner deux points particuliers.

D'abord celui du commerce électronique. A cet égard, je voudrais insister sur l'importance du débat engagé. L'affaire est " partie ", comme on dit. Les travaux que nous avons tenus à Neufchâtel ont été très éclairants à ce sujet. Il y a d'abord un aspect technique, technologique finalement irréversible, mais qui sera de plus en plus difficile à maîtriser. Il y aussi un aspect purement humain qu'il ne faut pas oublier : celui de l'emploi.

Dans ce domaine, nous avons un précédent au Conseil de l'Europe puisque nous nous étions beaucoup penchés sur ce domaine des techniques informatiques. A l'époque, on disait notamment " traitement de textes ". Voilà quinze ou vingt ans de ça, le Conseil de l'Europe prédisait déjà les difficultés de cette progression technique et technologique en termes d'emploi. Des bouleversements considérables vont apparaître. Il faut essayer de les maîtriser. Ce sont sans doute là les problèmes les plus difficiles et ils vont montrer combien la mondialisation est un sujet d'actualité.

Ensuite, et là je vais me borner à reprendre, très directement le rapport, je demanderai : faut-il réduire considérablement le chômage et parvenir ainsi à une croissance plus rapide au prix du recul de la protection sociale de certains groupes vulnérables ? Ou bien peut-on parvenir à un fort degré de cohésion sociale mais au prix d'un surcroît de chômage et d'un ralentissement de la croissance ?

La question posée par notre rapporteur, " L'homme doit-il exister pour le marché ou le marché pour l'homme ? " me rappelle singulièrement un Français. Le personnage est connu. Je pense surtout au général de Gaulle qui parlait de la querelle de l'homme.

En cette affaire, nous sommes dans le débat modèle rhénan, modèle anglo-saxon. Chaque pays a son histoire, chaque pays a ses pratiques et par conséquent aucun n'est tout à fait comparable à l'autre. Il reste qu'il faut tendre vers une certaine harmonisation et que la paix et l'équilibre du monde reposent aussi sur cette approche commune.

Puis-je à cet égard, Français que je suis, voir arriver l'euro avec un optimisme, dès lors que nous aurions 12 ou 13 % de chômage ? Il y a là une conception à infléchir selon que nous sommes dans un état de libéralisme plus productif ou dans un état social plus avancé, mais avec une production moins grande. Il y a là des efforts à faire sur lesquels il est bon, monsieur le Secrétaire général, que vous puissiez continuer à nous éclairer.

Ces méditations doivent être poursuivies au niveau de l'Europe dans son ensemble, mais il ne faut pas oublier non plus la notion " Nord-Sud ". Je me permets de le rappeler. Je souhaite donc que dans les temps qui viennent, monsieur le Secrétaire général, vous puissiez toujours nous aider à cheminer davantage en direction d'une économie plus humaine ou finalement liberté et solidarité s'équilibreront mieux. C'est le pari aussi du Conseil de l'Europe. Au-delà de la notion de droits de l'homme, vous le rappeliez, Mme Lalonde, il y a aussi la notion de civilisation et de culture.

Après l'intervention de M. Donald J. JOHNSTON, Secrétaire général de l'OCDE, et au terme du débat qui a suivi, la résolution 1134, contenue dans le rapport 7877, est adoptée à l'unanimité.

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