6. Evolution des procédures de suivi de l'Assemblée (avril 1997-avril 1998) - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mardi 21 avril)

Selon le rapporteur, il est possible, une année après l'entrée en fonction de la Commission du suivi, de faire le bilan des travaux effectués par les quelque 65 parlementaires chargés de contrôler le respect des obligations et engagements souscrits par les Etats membres au moment de leur adhésion au Conseil de l'Europe.

Celui-ci souligne que la Commission a mené à leur terme les procédures sur la République tchèque et la Lituanie ; elles se sont conclues par des débats en séance plénière et par l'adoption de résolutions.

Il rappelle que pour 10 autres pays -Albanie, Bulgarie, Croatie, Lettonie, Moldova, Russie, Slovaquie, " l'ex-République Yougoslave de Macédoine ", Turquie, Ukraine-, les procédures sont en cours, à des stades divers.

Enfin, en ce qui concerne la Grèce, il note que la Commission a été consultée sur l'ouverture d'une procédure à propos de la situation de la minorité musulmane en Thrace occidentale.

Le projet de résolution souligne la volonté de la Commission d'appréhender les problèmes des pays "suivis" de manière durable, non conflictuelle et de les assister en tenant compte du contexte géopolitique et des préoccupations internes des pays. Le texte insiste par ailleurs sur la mise en place d'un dialogue confidentiel avec la délégation nationale de chaque pays concerné.

Enfin le rapporteur note la nécessité de renforcer la coopération et le dialogue avec le Comité des Ministres et demande que le suivi des obligations et engagements figure régulièrement à l'ordre du jour des rencontres entre parlementaires et délégués des Ministres.

Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) , intervient dans le débat en ces termes :

" Je remercie notre rapporteur, le président de la commission du monitoring, pour le travail réalisé dans le cadre de cette commission depuis un an. J'aurais voulu ne pas répéter ce qui a déjà été dit, mais nous sommes tous amenés à nous répéter dans cette discussion.

Sans revenir sur les principes fondamentaux de notre Organisation, le Conseil de l'Europe, fort bien décrits par les orateurs, je me bornerai à rappeler que leur respect constitue l'essentiel de l'engagement pris au moment de l'adhésion par tous les Etats, anciens ou nouveaux, engagement pris, je le souligne, en toute liberté et en connaissance de cause.

En conséquence, le non-respect de ces principes et de ces engagements, dans le cas de "ruptures persistantes", comme il est dit dans le texte, donne lieu ou peut donner lieu à des sanctions, parmi lesquelles la non-ratification des pouvoirs d'une délégation ou leur ratification conditionnelle. Tel a été le débat ouvert lors de la session précédente à propos de la délégation ukrainienne.

Cela peut donner déboucher aussi sur une recommandation au Comité des Ministres pour l'engagement d'une action appropriée, notamment pour une éventuelle exclusion dans le cadre de programmes d'assistance. Tout cela peut être connu par qui le veut.

Revenons-en à l'objet du suivi dévolu à cette commission, qui, dans le fond, s'est substituée à l'ancienne commission des pays non membres dont elle est le prolongement naturel.

Ainsi, le suivi a naturellement touché les derniers pays à adhérer, les dix qui constituent la liste actuelle. La démarche consistait à dire qu'il s'agissait du moyen de continuer à les accompagner, de stimuler et de guider la consolidation de la marche de ces pays vers la démocratie selon une logique de persuasion -le mot est bon- voire de recommandation.

Toutefois, cette procédure, bonne et nécessaire, est mal vécue par les dix pays qui la subissent actuellement. Pourtant elle doit être maintenue, mais, pour sortir d'un dilemme, il faut l'élargir. Or il n'y a pas le choix : si on l'élargit, c'est à tous les pays membres, c'est à dire aux quarante. C'est une évidence.

Je rappelle, au cas où certains auraient tendance à vouloir l'ignorer, que les anciens membres sont soumis à une certaine forme de contrôle, entre autres celui de la Cour européenne des Droits de l'Homme, à sa juridiction et à sa jurisprudence qui s'imposent à tous, donc aux pays anciens aussi.

Il y a également le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants. Les délégués qu'il envoie auprès des pays membres effectuent des visites sans complaisance, que ce soit en France, en Grande Bretagne, en Allemagne, ou ailleurs.

Le contrôle existe donc également pour les autres.

Pour terminer, je rappelle à la lumière de ce que nous venons d'entendre, notamment au travers des propos du ministre des Affaires étrangères allemand, représentant le Président du Comité des Ministres, qu'un suivi est exercé également par le Comité des Ministres, même s'il joue d'une façon différente, ce qui est sûrement une bonne chose. Son cadre n'est pas géographique, mais plutôt thématique. Si j'ai bien compris, les thèmes retenus sont le développement de la démocratie locale, la liberté de la presse, la réforme du pouvoir judiciaire.

Nous devons donc aussi sortir du cadre géographique pour nous acheminer vers une démarche thématique.

Je propose donc que l'on y réfléchisse. Pour le moment, je vois six thèmes qui impliquent tous les autres : la démocratie pluraliste, le système judiciaire et le respect de la loi, la propriété -et non pas le droit à la propriété- l'exercice de la liberté, les minorités -non pas le droit des minorités- et les zones de conflits.

Madame la Présidente, nous avons à définir une démarche nouvelle, faite de confiance réciproque et d'égalité de traitement, d'égalité de chances pour tous. Je ne sais pas si nous sommes à la fin d'une "période romantique" comme l'a dit Mme Poptodorova mais nous tendons toujours vers un idéal quelle que soit la dureté du réel. "

A l'issue du débat, la résolution 1155, amendée, ainsi que la recommandation 1366, toutes deux figurant dans le rapport 8057, sont adoptées à l'unanimité.

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