7. Réforme des Nations unies - Intervention de M. Jean VALLEIX, député (RPR) (Mercredi 22 avril)

Le rapport étudie l'ensemble des réformes structurelles " Rénover l'Organisation des Nations unies : un programme de réformes " que le Secrétaire général de l'ONU a proposé en juillet 1997. Le rapport passe également en revue la réforme proposée du Conseil de sécurité de l'ONU, qui pour l'heure n'a guère avancé.

Le Rapporteur recommande que les représentants des parlements nationaux soient davantage impliqués dans le fonctionnement de l'ONU et fait des recommandations spécifiques à cet égard. Il se propose également en faveur de la mise en place d'un tribunal pénal international dont il prône l'indépendance juridique et financière.

Le Rapporteur souligne que la réforme de l'ONU offre l'occasion de consolider la coopération avec le Conseil de l'Europe, qui s'est vu accorder le statut d'observateur auprès de l'ONU en octobre 1989. Cette coopération revêt une importance particulière avec la participation grandissante de l'ONU aux missions de maintien de la paix, humanitaires et autres dans la région couverte par le Conseil de l'Europe. Le rapport observe qu'un dialogue régulier s'est instauré entre les deux organisations sous la forme de réunions tripartites de haut niveau (auxquelles participe aussi l'OSCE)  ; sept réunions de ce type ont déjà eu lieu depuis 1993. Il propose que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe soit associée à ces réunions.

L'auteur conclut qu'il faut soutenir la réforme en cours à l'ONU et qu'il faudrait réformer le Conseil de sécurité afin de rendre cet organe plus transparent, plus démocratique et plus représentatif de la composition des Nations unies. L'expérience spécifique du Conseil de l'Europe en matière de promotion de la sécurité démocratique lui donne les qualités nécessaires pour être considéré comme une organisation régionale pour la prévention des conflits au sens du chapitre VIII de la Charte des Nations unies, et le Comité des Ministres devrait étudier les possibilités de renforcer sa coopération avec les Nations unies.

M. Jean VALLEIX, député, (RPR) , prend la parole en ces termes dans le débat :

" Il est évident que nous avons pris connaissance avec beaucoup d'attention de l'excellent rapport de Mme Severinsen sur la réforme des Nations unies, et nous partageons l'essentiel de ses observations. Le Conseil de l'Europe doit en effet soutenir la réforme des Nations unies engagée par le Secrétaire général M. Kofi Annan, dont chacun a pu apprécier le rôle dans la récente crise irakienne.

Il est vrai aussi que tous les pays sans exception se doivent d'acquitter leur cotisation, y compris les grands pays, si nous voulons que l'ONU devienne un instrument efficace, doté des moyens nécessaires pour accomplir ses missions.

Je suis également d'avis, madame le rapporteur, que le rôle des parlements nationaux doit être renforcé au sein de l'Assemblée générale des Nations unies. Cela nous invite à une réflexion sur l'évolution de l'Union européenne, également indispensable, mais sans faire disparaître le rôle de nos parlements nationaux. Enfin, tous les efforts doivent être accomplis en vue d'aboutir à l'instauration d'un tribunal pénal international permanent.

La modernisation de l'ONU, qui est en cours, doit être l'occasion de mettre à jour les relations entre cette institution mondiale et le Conseil de l'Europe. Je m'associe d'ailleurs aux réflexions exprimées par les précédents intervenants. Il serait notamment opportun de donner un contenu plus concret au statut d'observateur dont bénéficie le Conseil de l'Europe auprès de l'Assemblée générale des Nations unies.

Faut-il pour autant, et c'est mon interrogation principale, aller encore plus loin, comme le suggère le rapporteur et demander que le Conseil de l'Europe soit reconnu comme organisation régionale au titre du chapitre VIII de la Charte des Nations unies sur la base de sa contribution à la sécurité démocratique en Europe ? A cet égard, mes chers collègues, vous me permettrez de formuler quelques réserves.

D'abord, j'observe, une fois de plus, la confusion croissante qui s'instaure entre le Conseil de l'Europe et l'OSCE. L'OSCE est une organisation régionale des Nations unies mais son rôle est différent. Elle a pour rôle la prévention des conflits et la gestion des crises et c'est dans le cadre bien spécifique de cette mission que l'OSCE peut avoir besoin, le cas échéant, d'un mandat du Conseil de sécurité de l'Onu. Or tel n'est nullement le cas du Conseil de l'Europe, qui a trop tendance à parler de sécurité, ce qui entretient des ambiguïtés.

Il est pour le moins surprenant d'affirmer, comme il est dit dans le résumé introductif du rapport, que le Conseil de l'Europe a pour mission la prévention des conflits. S'il l'a, c'est sur un terme de principe et de réflexion concernant les droits de l'homme aussi bien que le respect de la dignité humaine.

Par ailleurs, si le Conseil de l'Europe se place ainsi, qu'on le veuille ou non, sous la tutelle des Nations unies, nous pourrions nous voir opposer par certains Etats, dont nous retardons l'adhésion au nom de nos principes, d'autres principes plus universellement reconnus au nom du réalisme politique. J'y vois donc des sources de conflit.

Une telle transformation de la nature même du Conseil de l'Europe me paraît inopportune et je crois bien davantage à un renforcement de la coordination entre la " concertation à quarante " sur les droits de l'homme et l'Assemblée générale de l'ONU qui, en effet, sur des thèmes " transversaux " comme la peine de mort, peut exercer ses réflexions propres. Sachons en effet distinguer la mission particulière du Conseil de l'Europe.

En conclusion, je crains que, par certains aspects, nous nous engagions dans un suivisme institutionnel trop poussé. Je préférerais que nous nous affirmions davantage comme entité et que nous traitions de moins en moins du rôle spécifique que devrait assumer le Conseil de l'Europe dans la construction européenne. Or force est de constater que le plus clair de nos débats est trop consacré au statut que nous pourrions avoir au regard des autres organisations internationales. Ainsi que cela a été rappelé, il ne faut pas confondre les Nations unies et leur mission gouvernementale, si je puis dire, avec notre mission de représentation de nos parlements.

L'essentiel est la relance de l'union politique de l'Europe, question fondamentale. Elle doit être la première mission fondamentale du Conseil de l'Europe qui doit éviter de consacrer ses ordres du jour à des réflexions sur sa place par rapport à d'autres organisations. Certes, cette analyse intéressante doit être poursuivie, mais, de grâce, maintenons bien l'originalité de notre Conseil de l'Europe qui n'est pas qu'une structure régionale des Nations unies. "

Au terme du débat, la recommandation 1367, figurant dans le rapport 8052, est adoptée, amendée.

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