III. L'IMPOSITION DES REVENUS DE L'ÉPARGNE

Comparer la fiscalité sur les revenus de l'épargne dès lors que l'on sort du cadre national est complexe, non seulement car les placements possibles sont multiples mais aussi du fait que certains placements engendrent des revenus périodiques (intérêts et dividendes) et non périodiques (plus-values) ou seulement des revenus non périodiques comme c'est le cas pour les bons de capitalisation ou les plans de pension. Pour être exhaustif, il faudrait tenir compte aussi de l'imposition du patrimoine. Aussi, nous intéresserons-nous ici essentiellement aux actifs financiers à revenus fixes dont le degré d'internationalisation est particulièrement élevé.

A. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SYSTÈMES D'IMPOSITION DES INTÉRÊTS VERSÉS AUX RÉSIDENTS

On peut distinguer quatre types de système d'imposition des intérêts versés aux résidents 65( * ) :

- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne et un système d'échange de renseignements entre les établissements bancaires et l'administration fiscale. On trouve dans cette catégorie les Pays-Bas, le Danemark et dans une certaine mesure la France. Le principe de la taxation des intérêts au taux marginal doit cependant être relativisé. En France, l'existence de retenue à la source libératoire coexiste avec un système d'échange de renseignements. Par conséquent, les taux de prélèvement libératoires (relativement bas dans notre pays) doivent être interprétés comme des maxima. En effet, logiquement, l'épargnant optera pour le prélèvement libératoire si son taux marginal d'imposition est supérieur au taux de retenue, et pour la globalisation dans le cas inverse, ce qui est notamment le cas lorsque les revenus de l'épargne bénéficient d'abattements ou quand le contribuable n'est pas imposable. Au Pays-Bas et au Danemark, la base imposable est constituée non pas par les intérêts perçus mais par la différence ente les intérêts perçus et les intérêts payés. Les intérêts afférents au crédit à la consommation sont déductibles, tout comme ceux des emprunts contractés en vue d'acquérir des actifs financiers ou immobiliers.

- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne, sans système d'échange de renseignements et sans retenue à la source. La situation du Luxembourg est particulière : il n'y a pas de système d'échange de renseignements entre les institutions financières et l'administration fiscale et il n'y a pas non plus de retenue à la source. Enfin, un abattement de 9500 francs par an et par personne (1998) permet à nombre d'épargnants d'être non imposables.

- Ceux où il y a globalisation des revenus de l'épargne, sans système d'échange de renseignements mais avec retenue à la source. C'est le cas de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de l'Irlande. Dans ces conditions, la déclaration des intérêts perçus pour le calcul de l'impôt sur le revenu est volontaire mais l'existence d'une retenue à la source assure une imposition minimale. On remarquera que l'Allemagne se distingue des deux autres pays en accordant un abattement très élevé (20700 francs en 1998, doublé pour un couple).

- Ceux où il n'y a pas globalisation des revenus de l'épargne : les retenues à la source sont libératoires. C'est le cas en Belgique (même si le contribuable peut déclarer ses revenus mobiliers quand sa situation fiscale lui permet d'obtenir la restitution des précomptes retenus à la source), de l'Italie et du Portugal.

En réalité, les intérêts ne constituent pas le seul produit des actifs à revenu fixe. Ceux-ci peuvent être aussi à l'origine de plus-values dont le traitement fiscal est lui aussi très différent selon les pays. Ainsi, on peut distinguer trois types de pays : un premier groupe de pays comprend la France, l'Irlande, le Royaume-Uni et l'Espagne, qui connaissent une imposition générale des plus-values. Encore faut-il remarquer que dans les trois premiers pays, il existe un seuil de cession élevé qui atténue le principe. Un deuxième groupe de pays (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas) n'impose que les plus-values liées à des opérations spéculatives. Enfin, le Danemark, la Grèce et le Portugal n'imposent pas les plus-values.

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