3. Le tabac

Le tableau 16 présente nos estimations des élasticités de la consommation de tabac pour la période 1971-1996.

16. Elasticités de la consommation de tabac.

Constante

Elasticité-prix

Elasticité-revenu

Coeff. ajust.

DW

R²adj.

1.919*

(4.05)

-0.167*

(-5.45)

0.119*

(3.19)

0.47*

(3.35)

1.79

0.98

* Valeur significative à 5%.

Ceci conduit à un modèle de long terme où l'élasticité-prix est de -0.31 et l'élasticité revenu de 0.22. Autrement dit, la consommation de tabac est relativement sensible au revenu et au prix. L'ordre de grandeur de l'élasticité prix obtenue est identique à celle calculée par Darmon (1990), en revanche l'élasticité revenu de notre étude est sensiblement inférieure à celle de cet auteur : 0.8. Cet écart est imputable d'une part à la taille de l'échantillon, d'autre part à la méthode économétrique utilisée qui est différente dans les deux cas. Nos résultats sont confirmés par les faits. Il apparaît nettement que la croissance de la consommation dans les années 1970 va de pair avec une forte diminution du prix relatif du tabac. Entre 1976 et 1989, la consommation est freinée par une moindre progression du pouvoir d'achat et une relative stabilisation des prix relatifs (Darmon (1990) . A partir de 1990 la forte progression des prix relatifs du tabac qui résulte d'une augmentation des taxes, le prix du paquet de cigarettes ayant doublé entre 1991 et 1996 (Anguis (1997) , a induit une nette diminution de la consommation. L'impact des taxes spécifiques est donc ici très positif en matière de santé publique, d'autant qu'il est probable que le ralentissement de la consommation frappe davantage les adolescents que les adultes, compte tenu du plus faible pouvoir d'achat des premiers. Toutefois, cette conclusion optimiste doit être tempérée du fait de la substitution opérée par les consommateurs entre cigarettes et tabac à rouler dont la consommation s'est nettement accrue. Enfin, le doublement du prix du paquet de cigarettes n'entraînant pas une réduction proportionnelle de la quantité consommée, cet accroissement s'est traduit à la fois par une augmentation forte des dépenses des fumeurs : 72 milliards de francs en 1996 contre 45 milliards en 1991 (Anguis (1997)), et par un accroissement des recettes des producteurs et distributeurs, mais aussi de l'Etat. Au total donc, les taxes spécifiques sur le tabac exercent un impact positif à la fois sur les recettes fiscales et la santé publique. Dans la mesure où la composition du prélèvement fiscal entre droits spécifiques et taxes ad valorem en matière de tabac est également utilisée par les Etats afin de compenser les différences internationales de coût de production, une harmonisation fiscale européenne, dans ce contexte, ne semble pas souhaitable, si elle devait se traduire pour la France par une réduction des droits d'accise.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page