CHAPITRE III :

LES DÉPENSES DE L'ÉTAT :
LES INTENTIONS DÉMENTIES PAR LES FAITS

En introduction du rapport qu'il a déposé pour le débat d'orientation budgétaire, le gouvernement note que la stratégie de finances publiques qu'il s'est assignée poursuit l'objectif " de placer la France sur un sentier de croissance durable, équilibrée et solidaire " , et que, pour cela, il doit mettre en oeuvre une stratégie des finances publiques dont " la clef de voûte [...] est une évolution maîtrisée des dépenses publiques " .

Le gouvernement reconnaît donc explicitement que la prolongation de la croissance doit notamment reposer sur la maîtrise des dépenses publiques, dont il fait apparemment un axe principal de sa politique économique .

Or, en dépit de ces affirmations, les dépenses de l'Etat ne sont pas maîtrisées depuis 1998 , alors que de leur maîtrise dépendent la poursuite et le succès des mesures de baisse des impôts présentées par le gouvernement.

I. 1998-2000 : LE DÉRAPAGE MAL DISSIMULÉ DES DÉPENSES

En dépit des analyses convergentes de votre commission et de la Cour des comptes sur l'évolution des dépenses, le gouvernement affirme que celles-ci sont maîtrisées, et que ses engagements en la matière sont respectés, n'hésitant pas à prendre certaines libertés dans la présentation des chiffres, afin d'afficher une réalité qui lui est favorable.

Pourtant, depuis 1998, aucun exercice budgétaire ne s'est traduit par la " maîtrise des dépenses ", expression dont votre commission ignore du reste la portée concrète.



Source : Cour des Comptes

A. PAS D'ACTION VOLONTARISTE SUR LES DÉPENSES EN 1998

Dans un courrier en date du 9 juillet 1999, adressé au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, le Premier président de la Cour des comptes, M. Pierre Joxe, indiquait que, s'agissant de l'évolution des dépenses, d'éventuels désaccords méthodologiques ne devaient pas " masquer l'essentiel : la progression rapide des dépenses du budget général en 1998 , qui s'établit à 3,6 %, au lieu de 1 % l'année précédente. Elle est ramenée à 1,1 % - ou à 0,8 % compte tenu des " recettes de la dette " - en déduisant les remboursements et dégrèvements d'impôts, qui ont augmenté dans des proportions exceptionnelles et d'ailleurs non totalement élucidées en 1998, et qui, par nature, ne traduisent pas d'action volontariste sur les dépenses ".

La Cour avait d'ailleurs détaillé son analyse dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998. Notant que les dépenses ordinaires des services civils - qui sont les plus rigides - avaient augmenté de 4,6 % contre 1,9 % en 1997, elle estime que cette situation résulte d'une " pression de tous les postes à l'exception des dépenses d'intervention qui diminuent de 0,9 % " .

L'évolution des dépenses de l'Etat en 1998 s'est donc traduite par un net accroissement des dépenses de fonctionnement, en particulier celles de personnel qui ont crû de 3,7 %, tandis que les dépenses en capital des services civils et militaires diminuaient, respectivement de 2,1 % et de 9,3 %, contribuant ainsi pour une part importante à la réduction du déficit de 1998.

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