3. Un dérapage des dépenses confirmé par la direction de la prévision

Votre commission a obtenu communication de plusieurs notes de la direction de la prévision, rédigées à l'occasion de l'élaboration des budgets économiques d'hiver et d'été. Parmi ces notes, figure une analyse de l'exécution du budget de l'Etat, et notamment de l'évolution des dépenses.

Les notes transmises à votre commission par la direction de la prévision mettent toutes en avant, à des degrés variables, la dérive des dépenses de l'Etat.

a) Les budgets économiques d'été 1998 (août 1998)

La note que la direction de la prévision a consacrée, dans le cadre des budgets économiques d'été, à l'analyse de l'évolution des dépenses souligne que l'amélioration de 5,5 milliards de francs du solde budgétaire de l'Etat résulte d'une augmentation de près de 20 milliards de francs de recettes du budget général et d'une dérive de dépenses non gagées du budget général de 14,5 milliards de francs.

Cette note insiste sur l'aggravation du dérapage des dépenses par rapport à la situation prévalant lors de l'élaboration des budgets économiques d'hiver : " les budgets économiques d'hiver constataient une dégradation du solde de 10 milliards essentiellement liée à une dérive des dépenses non gagée de 10 milliards par rapport à la LFI. Ainsi, par rapport aux budgets d'hiver, les budgets économiques d'été font état d'une amélioration de 16  milliards du solde budgétaire implicite aux comptes, due à une amélioration des ressources de 21 milliards de francs, et à une dérive supplémentaire des dépenses non gagées de 5 milliards de francs environ ".

b) Les budgets économiques d'hiver 1999 (février 1999)

A l'occasion de la publication des budgets économiques d'hiver 1999, le directeur de la prévision a adressé, le 22 février 1999, une note au ministre relative à l'évolution des finances publiques de 1998 à 2000, qui insiste sur les efforts à entreprendre dès cette époque pour tenir les engagements gouvernementaux en matière de progression des dépenses en 2000.

Le directeur de la prévision indique en effet que " le respect des objectifs du programme de stabilité pour 2000 nécessite une stricte maîtrise des dépenses de l'Etat et de l'assurance maladie [...] ". Il estime également que " le respect des engagements du programme de stabilité pour 2000 paraît à ce stade très exigeant ", ajoutant, s'agissant des dépenses : " même après prise en compte des transferts implicites à l'exécution du programme de stabilité (répartition du financement de la RTT entre Etat et régimes sociaux, prise en charge par l'UNEDIC de certaines dépenses aujourd'hui supportées par l'Etat comme l'AFR, prise en charge par la CNAF de la totalité du financement de l'ARS), il sera très difficile de maintenir en 2000 les dépenses de l'Etat stables en francs constants 32( * ) . La cause en est, outre la montée en puissance des emplois jeunes, la grande rigidité nominale induite par l'accord salarial dans la fonction publique qui prévoit une dernière augmentation en décembre 1999 ".

c) Les budgets économiques d'été 1999 (août 1999)

La note de la direction de la prévision relative à l'évolution des finances publiques en 1999 et 2000 met l'accent sur l'augmentation sensible des dépenses en 1999 et sur l'importance des efforts à entreprendre en vue du budget 2000.

Elle indique ainsi que " l'exercice des budgets économiques d'été, qui s'achève, montre que l'objectif de réduction de déficit public devrait être atteint aisément en 1999, malgré une progression assez rapide des dépenses publiques. En 2000, la poursuite du rééquilibrage des finances publiques devra en revanche passer par un net infléchissement de la dépense publique ". La direction de la prévision se montre extrêmement prudente sur le respect par le gouvernement des engagements qu'il a pris sur la progression des dépenses.

Pour 2000, " la progression des dépenses de l'Etat en volume serait très modeste (0,7 % en volume pour le budget général à périmètre constant) ". Soit un niveau tout de même nettement supérieur à celui affiché dans la loi de finances initiale de l'année ! D'ailleurs, " l'objectif d'une stabilité en volume n'a pas été retenu, ce qui peut apparaître là encore un peu pessimiste mais se justifie par le fait que la remontée des taux d'intérêt ne devrait pas ménager de bonnes surprises sur la charge de la dette, contrairement aux deux années précédentes ".

d) Le compte provisoire 1999

La note du 4 avril 2000 relative à la version provisoire du compte de l'Etat en 1999 indique que " les dépenses de l'Etat en 1999 sont en augmentation de 3,5 % en volume (4 % en valeur 33( * ) ) ". Hors transferts, ces dépenses sont en hausse de 2,4 % en volume (2,9 % en valeur).

Une note ultérieure, en date du 2 mai 2000, relative à l'exécution du budget de l'Etat en 1999, indique que " les dépenses de l'Etat en 1999 augmentent fortement (+ 3,5 % en volume après + 0,2 % en 1998) ".

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