Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

COMMISSION N° 5 : LA VISION DES FEMMES SUR L'AVENIR DE LA CITE ?

Présidente : Mme Monique Papon, sénatrice du Finistère
Rapporteure : Mme Claire-Lise Campion, sénatrice du Finistère
Animateur : M. Emmanuel Kessler, journaliste à Public Sénat

Mme Monique Papon, sénatrice du Finistère, présidente de la commission n° 5

Mesdames les Maires,

Mes premiers mots seront pour vous souhaiter, au nom du Président du Sénat, la plus cordiale bienvenue dans cette enceinte. Je vais donc déclarer ouverts les travaux de cette Commission des États généraux de la démocratie locale et de la parité, consacrés à la vision des femmes maires sur l'avenir de la cité. Nous avons une matinée très chargée et nous souhaitons que vous puissiez vous exprimer les plus nombreuses possible, je vais donc immédiatement donner la parole à M. Kessler qui est journaliste à Public Sénat et va vous fournir quelques indications sur le déroulement de nos travaux.

Emmanuel Kessler : Merci, Madame Papon. J'ai bien conscience du caractère incongru de ma présence ici, d'une part parce que je n'ai pas d'écharpe et d'autre part parce que je suis un homme. C'est assez rare dans ce genre de tribune et ça mérite d'être souligné. Après tout, je vais le prendre comme une chance et un honneur. Je suis ravi d'être là pour faciliter vos débats ce matin.

C'est vraiment un moment d'échanges. Ce n'est pas du tout un moment où vous venez, si je puis dire, recevoir la bonne parole. Chacune va pouvoir s'exprimer, vous le ferez simplement. Pour que vous soyez les plus nombreuses à pouvoir vous exprimer, je vous demanderai de le faire relativement rapidement et d'avoir des interventions assez courtes. Pour travailler avec vous ce matin, sur cette tribune, la présidente de la commission qui vient de s'exprimer et qui retracera aussi le cadre de l'exercice dans un instant : Madame Papon. Et à ses côtés, Claire-Lise Campion, qui est rapporteure. Rapporteure avec un « e ».

Ça a été aussi un grand débat pour savoir s'il faut dire, c'est que nous sommes dans l'expression libre, pour savoir s'il faut dire Sénateur ou sénatrice. Si j'ai bien compris, Mme Papon a plutôt l'habitude de dire « Madame le Sénateur » et Mme Campion a plutôt celle de dire « Madame la sénatrice ». Mais chacune est libre et chacune choisit.

Madame Papon, vous êtes Sénateur de la Loire-Atlantique, au groupe UMP, secrétaire du Sénat. Je crois que c'est assez représentatif de la manière dont les femmes investissent la vie politique, de plus en plus. C'est-à-dire qu'en étant à la fois mère de famille, Madame Papon, vous êtes mariée, vous avez 4 enfants. Madame Campion, vous êtes mariée, vous avez 3 filles également. Vous avez donc toujours tenu votre vie familiale et votre vie politique en même temps. Madame Papon, vous avez 18 ans de mandat municipal, votre première élection date de 1983. Vous avez été adjointe au maire et ensuite à Nantes, conseiller municipal d'opposition. Vous siégez également au conseil général, 26 ans de mandat, dont 10 ans à la vice-présidence. Et je crois que vous avez été la première élue au conseil général de Loire-Atlantique. Vous avez été députée pendant 11 ans et vous êtes Sénateur depuis 2001. On peut dire que vous appartenez un peu à cette génération de pionnières des femmes entrées dans la vie politique à une époque où elles n'étaient pas encore si nombreuses. Non pas qu'elles soient aujourd'hui extrêmement nombreuses, mais en tout cas, on est entré dans un mouvement assez important. Au départ, vous étiez, si je puis dire, assez isolées.

Madame Campion, vous êtes Sénateur ou sénatrice de l'Essonne. Vice-présidente de la Commission des affaires sociales, ici au Sénat. Conseiller municipal depuis 1983, et maire depuis 1990, d'une petite commune située dans l'Essonne, dans la partie un peu rurale ou semi-rurale du département, à Bouray-sur-Juine. Vous avez été collaboratrice d'Edgard Pisani lorsqu'il était au Parlement, puis à la Commission européenne. C'est important, parce que ça vous donne toute cette expérience de l'aménagement du territoire qui est très importante aujourd'hui. Vous avez été vice-présidente du conseil général de l'Essonne. Vous êtes arrivée au Sénat en 2000, et vous avez été réélue lors de la dernière élection de septembre 2004. Ces quelques mots de présentation montrent bien le parcours de femmes qui ont des responsabilités électives, nationales, locales et des responsabilités aussi familiales. Et qui se sont inscrites dans ce mouvement d'émergence des femmes en politique. Je crois que ça peut aider notre réflexion et faciliter votre dialogue. Il y aura deux parties dans notre débat, ce matin. Mais Madame Papon va nous donner d'abord le cadre général de cette commission.

Mme Papon : Merci, M. Kessler. Mesdames les Maires, pensez bien que c'est un honneur pour nous de vous recevoir, ce matin, au nom du Président du Sénat, dans le cadre de ces États généraux de la démocratie locale et de la parité. Ce grand rassemblement des femmes maires qui nous réunit aujourd'hui s'inscrit dans le cadre de la commémoration du soixantième anniversaire de la Libération, mais cette manifestation revêt un caractère tout à fait symbolique, puisqu'elle marque le soixantième anniversaire du vote des femmes, il y a juste soixante ans. En effet, le 29 avril et le 13 mai 1945, les Françaises votaient pour la première fois, et justement pour des élections municipales.

À l'issue du scrutin, les femmes maires étaient 250 ; aujourd'hui vous êtes plus de 4 000. Bien sûr, la progression s'est fait très lentement et, à mon goût, un peu trop lentement. En 1971, vous n'étiez que 2 %, en 1995 7,5 % et aujourd'hui, vous êtes près de 11 %. Sachez que dans l'enceinte du Sénat, aujourd'hui, vous êtes près de 2 000 femmes maires présentes, c'est-à-dire la moitié de l'ensemble des femmes maires de notre pays. Vous avez été très nombreuses à répondre à l'appel du Sénat et très nombreuses à répondre au questionnaire qui vous a été envoyé par Monsieur le Président du Sénat. Nous sommes d'autant plus heureuses de vous accueillir que c'est un Sénat à la fois féminisé et rajeuni qui vous accueille. Féminisé parce qu'au Sénat, actuellement, nous avons un pourcentage de femmes qui est plus important que celui de l'Assemblée nationale. Nous sommes 17 %, alors qu'à l'Assemblée nationale, les femmes députées ne sont encore que 12 %.

Et c'est un Sénat rajeuni, parce que depuis le dernier renouvellement triennal pour les élections Sénatoriales, notre âge moyen ne dépasse que de trois ans et demi celui de nos collègues députés. Donc Sénat rajeuni, Sénat féminisé. Et s'il a été décidé cette consultation auprès de vous, les femmes maires, c'est parce que le Sénat a choisi de s'engager avec détermination dans le combat destiné à favoriser la promotion des femmes dans la vie politique. Et je crois qu'ici vous êtes un peu la génération montante, puisque pour beaucoup d'entre vous, si ce n'est peut-être pas la première fois que vous êtes élues municipales, c'est pour la première fois que vous accédez aux fonctions de maires. Et ce, depuis les dernières élections. Il faut dire que ces élections municipales ont marqué un tournant historique pour l'entrée en masse des femmes dans les conseils municipaux. Et j'ai la conviction que les femmes vont savoir, qu'elles savent déjà, que vous savez, démontrer que vous pouvez faire de la politique, non pas mieux que les hommes, ce n'est pas cela, mais peut-être autrement. Et pourtant ce qui est incontestable, c'est que le fait d'être femmes en politique et d'avoir des responsabilités, comme vous en avez, ce n'est pas un long fleuve tranquille. Je crois que vous ne me contredirez pas. Vous avez toutes des expériences dont vous pourrez nous faire part et vous mesurez sûrement tous les jours le poids de toutes les responsabilités, toutes les difficultés et toutes les contraintes que cela comporte. Et c'est un peu le sens de ces États généraux qui nous réunissent aujourd'hui, car ce que nous voulons c'est échanger avec vous, c'est vous écouter, c'est que vous puissiez nous présenter vos préoccupations, faire entendre vos demandes et faire entendre vos propositions.

À cet égard, ma collègue Claire-Lise Campion va essayer, nous allons essayer toutes les deux, au cours de cette courte matinée, d'organiser nos travaux autour du thème de la vision des femmes sur l'avenir de la cité, et peut-être de façon plus générale d'avoir votre avis sur la conception que vous avez de la politique. J'oserai vous dire que, et c'est un peu ce qu'a rappelé M. Kessler à l'instant, Claire-Lise Campion et moi-même sommes un peu des pionnières en politique, parce que, du moins à nos débuts, nous étions une curiosité, j'allais dire une anomalie. Aujourd'hui, heureusement, notre société a beaucoup évolué, cette époque est tout à fait révolue et la société commence à avoir un regard beaucoup plus mûr sur la place des femmes dans la vie politique. Je dois vous dire, et vous le savez bien, que cette problématique transcende tous les clivages politiques. La question de la parité, ou plutôt celle de la place des femmes en politique, ce n'est pas une préoccupation ni de droite ni de gauche. D'ailleurs, avec Claire-Lise Campion, ce matin nous en sommes un peu la démonstration, puisque nous sommes de sensibilité politique différente, mais nous avons travaillé ensemble. Nous vous accueillons ensemble ce matin, et nous nous entendons très bien. Je vais donc vous passer la parole, Madame « la » rapporteur, « eur » ou « eure », ça n'a pas grande d'importance. Elle va être chargée de vous donner les principales orientations autour desquelles vont s'organiser nos travaux de ce matin. Et elle aura la lourde responsabilité cet après-midi, au Palais des congrès, devant toutes les femmes maires présentes, de faire la présentation des conclusions de nos travaux. Chère Claire-Lise, je vous laisse la parole, et j'espère que vous pourrez, Mesdames les Maires, vous exprimer très librement et vous exprimer très nombreuses ce matin, c'est le souhait que je formule. Je vous remercie encore d'être aussi nombreuses, ce matin, au Sénat.

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