Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

M. Yvon Collin, Sénateur de Tarn-et-Garonne

Alors, justement, après le portrait qu'a décrit Mme Printz à partir de l'enquête, on va voir si, dans l'exercice des fonctions de maire, le fait d'être une femme est un handicap ou un atout, c'est effectivement une question récurrente. Il est d'ailleurs généralement acquis, en tout cas intégré par un certain nombre, que cela constitue un handicap. Or, les réponses qui ont été rapportées à la question : « Dans l'exercice de vos fonctions, le fait d'être une femme est-il un handicap ou un atout ? », manifestement, si l'on regarde ce sondage en creux (il faut regarder souvent non pas les pics, mais les creux pour avoir une image d'un sondage et de la validité de la réponse), on s'aperçoit que : « Plutôt un handicap » ne recueille que peu de voix. Donc, le fait aujourd'hui est acquis : la présence des femmes dans la vie publique est tout à fait banalisée, si je puis dire. On s'aperçoit que, quelles que soient les relations qu'entretiennent les élues avec le conseil municipal, les habitants de la commune, les élus des autres collectivités, la préfecture ou les acteurs économiques, le fait d'être une femme n'est ni un atout ni un handicap. Les femmes sont considérées comme des élues à part entière, par tous les interlocuteurs qu'elles sont amenées à fréquenter et à rencontrer. À la question suivante : « L'exercice de vos fonctions de maire répond-il à vos attentes initiales ? », la réponse est franche et massive puisque près de 80 % répondent « oui » à cette question. Ce qui montre que les femmes, lorsqu'elles s'engagent et lorsqu'elles sont élues, trouvent dans l'exercice de leur mandat toutes les attentes et satisfactions initiales qu'elles étaient en droit d'attendre. Ce chiffre est encourageant puisque, finalement, il permettra de faire du prosélytisme et appelle toutes les femmes qui le souhaitent à s'engager.

On va rentrer dans le détail et on va voir quelles sont les principales satisfactions que vos collègues femmes maires tirent de l'exercice de leur fonction. On peut partir du chiffre en creux sur la fierté de représenter la République, par exemple, qui ne représente que 1 %. Cela montre à l'évidence que les femmes ne s'engagent pas pour les attributs ou la fierté d'être élue, mais au contraire pour se mettre au service des collectivités. Et dans le trio de tête, le tiercé gagnant, c'est le sentiment d'être utile qui recueille 23 %. La réalisation des projets, ça, c'est un chiffre révélateur, car l'envie et la réalisation de projets est une grande satisfaction. Et enfin, le contact humain l'emporte avec 40 %, ce qui montre que pour les femmes qui sont engagées en politique, c'est une façon d'élargir le spectre de leurs connaissances, de leurs relations.

C'est très intéressant ce trio de tête : contacts humains, réalisation de projets, sentiment d'être utile.

Jean Dumonteil : On a vu les satisfactions, on va voir maintenant les obstacles, Monsieur le Sénateur.

Yvon Collin : Les obstacles à la participation des femmes à la vie publique : le chiffre en creux est intéressant aussi puisque les mentalités sont difficiles à changer. C'est important, cela montre finalement, là aussi, que le fait est acte, et que tout le monde est d'accord pour reconnaître, admettre, bien sûr, aujourd'hui le rôle prééminent des femmes dans la vie publique, dans la vie politique.

En tête, bien sûr, le manque de temps. Cela a déjà été évoqué par Mme Printz. On sait en effet que les femmes, après leur journée de travail, après leur journée d'engagement au service de la population, portent encore globalement le poids et les charges de la vie familiale. C'est un handicap, et lorsqu'il se redouble effectivement du travail, cela devient à l'évidence un peu compliqué, mais c'est une difficulté que l'on retrouve sans doute chez certains hommes également. Quant au manque d'intérêt : 37 %, c'est un chiffre qu'on peut regretter. C'est le manque d'intérêt pour la vie politique et la vie publique en général.

Jean Dumonteil : Merci Monsieur le Sénateur. Ce matin, une des commissions était consacrée à « La condition féminine à l'épreuve des responsabilités électives municipales » . C'est Catherine Troendle qui en était la rapporteure : je rappelle que vous êtes sénatrice UMP du Haut-Rhin. Cette commission a essayé de relever quelques lignes de force. Et l'on a dit que beaucoup d'entre vous, parmi vos collègues, avaient parfois un sentiment de culpabilité par rapport à leurs obligations et au fait de s'engager dans la vie politique.

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