Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

Mme Marie-Josée Roig, Ministre déléguée à l'intérieur, maire d'Avignon

Je voudrais, moi aussi, remercier Monsieur le Président du Sénat et Monsieur le Premier ministre de l'organisation de cette journée, et bien entendu, redire, dire publiquement, peut-être pour la première fois publiquement à Madame Veil l'admiration que des femmes de ma génération, lui ont toujours portée. Sachez aujourd'hui, Madame, que les femmes de la génération de ma fille vous admirent tout autant.

Ma vocation est née de l'intérêt pour la vie publique, que j'avais déjà manifesté dans ma vie universitaire. Mais, une rencontre simplement d'amis qui m'ont ouvert le chemin. Je dois dire que, et j'ai échangé avec le Président Pélissard tout à l'heure en aparté, une remarque : en 1995, c'est-à-dire hier, il n'y avait que deux villes en France, deux villes d'une certaine importance qui avait osé élire un maire femme. C'était Strasbourg et Avignon. Et j'étais très heureuse, étant issue de ce sud de la Loire dont on dit qu'il est plus machiste que le reste de la France, d'avoir été choisie par les Avignonnais pour être cette femme.

Aujourd'hui, on a progressé... Et cela a été effectivement la bonne surprise de cette élection de 2001 que de voir cette avancée des femmes maires, y compris des femmes maires de villes importantes. Je dois dire qu'ayant été élue maire depuis plusieurs mandats déjà, j'ai pris soin à ce que cette parité s'inscrive dans la réalité et j'ai, Mesdames, dans mon conseil municipal, autant d'adjointes que d'adjoints. Et j'ai souhaité, par exemple, confier la sécurité à une femme et le social à un homme. Et cela n'a choqué personne. Les choses se passent très bien ainsi. Je pense qu'il était important de marquer que les femmes ne devaient pas toujours se voir confier, comme un élu, ancien ministre l'avait caricaturalement fait remarquer, le panier de la ménagère, les fièvres des enfants, ou leur scolarité.

Je pense qu'il était important de marquer que les femmes pouvaient avoir accès à tous les aspects de la gestion municipale. Aujourd'hui, si nous considérons les graphiques qui ont été montrés ici, on s'aperçoit qu'en réalité, à très peu de chose près, on ne voit pas vraiment de différences entre les gestions féminines et masculines, sauf sur certains points secondaires.

Je pense que, lorsque le graphique dit que les femmes délèguent plus volontiers la voirie et l'urbanisme, c'est, je crois, qu'il s'agit de maires qui viennent d'accéder récemment à leur fonction. Parce qu'en réalité, on s'apercevra que l'état et la manière dont les rues sont entretenues sont importants pour éviter des accidents, pour contribuer à la sécurité des piétons. Et puis l'urbanisme, qui représente finalement le « nid » dans lequel la vie va se développer, ce sont des fonctions dans lesquelles les femmes réussissent bien, parce qu'elles ont une approche particulière - je peux vous le dire d'expérience. Je pense notamment à nos quartiers dits sensibles, dans lesquels la rénovation urbaine, lorsqu'elle est confiée à une femme, montre à quel point elles considèrent que si l'on veut sortir ces quartiers de leurs difficultés, il faut travailler au cadre de vie de leurs habitants. Les femmes maires sont bien souvent persuadées de cette chose essentielle : il n'y a pas d'éthique sans esthétique.

Jean Dumonteil : Merci Marie-Josée Roig. Jacques Pélissard, Président de l'Association des maires de France, on vient de voir quelles étaient les priorités pour la gestion municipale exprimées par vos collègues, femmes maires, mais on a aussi entendu depuis le début de cet après-midi les difficultés qu'elles rencontrent dans leurs responsabilités pour prendre ces responsabilités et pour vivre leur statut d'élue.

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