Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

TROISIÈME TABLE RONDE : LA VISION DES FEMMES MAIRES SUR L'AVENIR DE LA CITÉ

Jean Dumonteil : J'invite tout de suite et sans perdre de temps parce qu'il faut rattraper un peu le temps qui s'est passé cet après-midi, à me rejoindre à la tribune, en commençant par Gérard Cornu qui est Sénateur d'Eure-et-Loir, vice-président de la Commission des affaires économiques et du plan. Monsieur Cornu, vous êtes membre de l'UMP ; par ailleurs, vous êtes maire de Fontenay-sur-Eure.

Valérie Létard, sénatrice du Nord, vice-présidente de la Commission des affaires sociales, et vice-présidente du groupe UC-UDF. Également des mandats locaux puisque vous êtes vice-présidente de la commission Aménagement du territoire et politique de la ville de la région Nord-Pas-de-Calais, Valérie Létard, et vous êtes rapporteure de la commission intitulée « Comment favoriser une participation plus importante des femmes à la vie publique ? », commission qui était présidée par Michèle André, vice-présidente du Sénat, sénatrice du Puy-de-Dôme, ancien ministre qui siège au groupe socialiste.

Claire-Lise Campion est sénatrice de l'Essonne, vice-présidente de la Commission des affaires sociales, membre du groupe socialiste. Vous avez été ce matin rapporteure de la commission intitulée « La vision des femmes maires sur l'avenir de la cité ». Cette commission était présidée par Monique Papon, sénatrice de Loire-Atlantique, secrétaire du Sénat, qui siège au groupe UMP.

Jean Puech va nous rejoindre, Sénateur de l'Aveyron, membre du groupe UMP, ancien ministre et président de l'Observatoire de la décentralisation que vient d'installer le Sénat.

Enfin, Mme Nelly Olin, ministre déléguée à l'intégration, à l'égalité des chances et à la lutte contre l'exclusion, ancienne sénatrice du Val-d'Oise, nous rejoint, élue de Garges-lès-Gonesse.

On continue avec une méthode que nous avons éprouvée depuis le début de l'après-midi puisqu'on examine les résultats de la consultation auprès des femmes maires, qui est un peu notre fil rouge et on va le faire avec vous, Monsieur Cornu, avec une première question qui porte sur la loi sur la parité. Est-ce que c'est une mesure de principe qui ne change pas grand-chose, ou est-ce que c'est une mesure utile et nécessaire pour permettre aux femmes de participer activement à la vie politique ? Avis partagé.

M. Gérard Cornu, Sénateur d'Eure-et-Loir

Oui, et c'est certainement une surprise parce que 52 % des femmes maires consultées pensent que ce texte ne change pas fondamentalement les choses. C'est vrai que nombre de femmes maires consultées sont des femmes maires de commune de moins de 3 500 habitants. En fait, elles considèrent que cela n'a pas changé les choses puisqu'elles ont été élues sur leurs compétences et sur leurs talents.

Jean Dumonteil : On leur a demandé : exercez-vous actuellement un autre mandat ?

Gérard Cornu : Une très large majorité, près de 70 % des femmes maires, n'exerce pas d'autres mandats. En revanche, elles sont assez nombreuses, et ce n'est pas une surprise, à s'investir au niveau intercommunal. Mais on pourrait remarquer que 67 + 26, c'est un nombre considérable, c'est le témoignage qu'elles ne cumulent pas d'autres mandats puisque vous savez que le mandat intercommunal n'entre pas dans le cumul des mandats.

Jean Dumonteil : Alors, si elles n'exercent pas d'autres mandats, est-ce que les choses pourront changer, est-ce qu'elles envisagent d'être candidates à d'autres élections locales, nationales ou européennes ?

Gérard Cornu : Non, très majoritairement, puisqu'à 87 % les femmes répondent qu'elles n'envisagent pas de se présenter à d'autres élections.

Jean Dumonteil : Pour quelles raisons ? On va rentrer dans le détail, et on va voir pour quelles raisons elles n'envisagent pas de concourir à d'autres mandats électifs.

Gérard Cornu : C'est une raison qui revient, et qui est revenue sans cesse lors de nos débats : souvent pour des raisons personnelles, à la fois une volonté de se concentrer uniquement sur l'exercice d'un seul mandat. C'est finalement ce qu'on supputait : le problème du statut d'élue, de la revalorisation des indemnités dont on a parlé tout au long de cet après-midi.

Jean Dumonteil : Dernière série de questions qui porte sur la vision des femmes maires sur l'avenir de la cité, sur les défis qu'elles estiment devoir relever dans leur commune pour les prochaines années, ce qui arrive en tête, c'est le maintien de la qualité de vie du citoyen.

Gérard Cornu : Oui, ce n'est pas une surprise d'ailleurs. Elles s'attachent au maintien de la qualité de vie, à la préservation et à l'augmentation de leur population, c'est-à-dire aux services de proximité. Elles sont aussi soucieuses de cohésion sociale et de maintien des services publics. Par contre, on retrouve en fait les lacunes dans le domaine de l'urbanisme, de la voirie, des réseaux. Par rapport à ce qu'a dit Madame la ministre Marie-Josée Roig, il y a encore beaucoup à faire aussi pour l'urbanisme. En plus, je suis convaincu, en tant qu'homme, je le dis très sincèrement, je suis convaincu que les femmes nous apporteraient beaucoup en matière d'urbanisme.

Jean Dumonteil : Qu'est-ce qu'on peut faire pour que les femmes françaises s'investissent davantage dans la vie publique ?

Gérard Cornu : Sans surprise, les femmes désirent avant tout que soit améliorée la possibilité de concilier vie publique et vie privée, ainsi que l'amélioration du statut des élus. C'est en fait conforme au sondage précédent.

Jean Dumonteil : Les raisons pour lesquelles elles se sont engagées dans la vie publique ?

Gérard Cornu : C'est ce qui, peut-être, parfois nous différencie, nous les hommes, des femmes : les femmes confirment le fait qu'elles s'engagent dans la vie publique, non pour leur satisfaction personnelle mais pour se mettre au service des autres. Et je crois que c'est tout à leur honneur.

Jean Dumonteil : Enfin, une dernière question : est-ce que les femmes exercent différemment des hommes leur fonction élective ?

Gérard Cornu : Oui, et je crois que c'est peut-être un des résultats les plus importants de cette journée. À 80 %, les femmes considèrent qu'elles exercent différemment des hommes leur fonction élective. Et je crois, et je le dis très sincèrement et c'est un homme qui vous parle, qu'on peut compter sur les femmes pour moderniser la vie politique. Je crois que, lorsqu'elles ont la volonté d'exercer différemment des hommes leur fonction élective, c'est bon signe pour l'avenir.

Jean Dumonteil : Merci Gérard Cornu. Valérie Létard, je rappelle que vous êtes sénatrice du Nord et que vous étiez rapporteure de la commission intitulée : « Comment favoriser une participation plus importante des femmes à la vie publique ? »

On a parlé de parité : est-ce qu'il y a une majorité qui s'est dégagée dans votre commission ? Qu'est ce qu'on en a dit ? Est-ce qu'il faut généraliser la parité à tous les niveaux de la vie locale ?

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