La ruralité,un atout pour demain à défendre ensemble



Palais du Luxembourg, 28 mai 2003

Jacques DUSSUTOUR Président du Parc Naturel Régional du Perche

Vous allez vérifier que je suis un écologiste réaliste et raisonnable. Les parcs représentent en effet une petite partie du territoire - ils sont une quarantaine à l'heure actuelle -mais ils offrent un très bon exemple de partage de l'espace rural. Ce sont des territoires fragiles, qui sont soumis à la déprise en agriculture, parfois aussi à une sururbanisation par certains côtés, mais ce sont des territoires aux atouts forts : l'espace, la verdure, la tranquillité, la sérénité.

Et forcément, là comme ailleurs et peut-être là plus qu'ailleurs, il y a des conflits d'usage, notamment lorsque le territoire prend de la valeur et c'est toujours le cas lorsqu'il s'agit de parcs naturels régionaux. Ces conflits se situent évidemment entre pratiquants d'activités touristiques, de randonnée équestre, de VTT ou de randonnée pédestre, entre touristes et agriculteurs, entre pratiquants d'activités de nature et protecteurs de l'environnement. La solution à ces problèmes d'usage et à ces difficultés dans l'usage du territoire, c'est évidemment la concertation, la coopération, la compréhension, la tolérance et le respect mutuel. Les parcs naturels régionaux sont tout particulièrement exposés à ces conflits d'usage, comme je l'indiquais tout à l'heure, par la valeur de leur patrimoine paysager, naturel et culturel et par l'image qu'ils véhiculent.

Les parcs naturels régionaux sont aussi des espaces privilégiés de concertation entre les divers acteurs : propriétaires fonciers, entrepreneurs, agriculteurs, secteurs associatifs, etc. Ce sont en effet des territoires ruraux dynamiques mais fragiles. Ils s'appuient sur un projet de territoire matérialisé par une charte sur dix ans validée par toutes les collectivités concernées et classée par l'État. La concertation et le partenariat sont les fondements mêmes des modalités de mise en oeuvre de la charte. C'est d'ailleurs dans cet esprit que la Fédération des parcs a formulé des propositions dans le cadre du projet de loi sur le développement rural.

Les parcs sont des territoires ruraux par excellence, dont la plupart des entreprises sont des exploitations agricoles. L'agriculture y est le principal outil de gestion de l'espace. C'est aussi l'outil privilégie du dispositif Natura 2000. C'est également un maillon essentiel du tourisme par son impact sur les paysages et le développement d'un tourisme rural en pleine expansion. C'est forcément un levier stratégique de l'aménagement du territoire car l'agriculture occupe le territoire et notamment sa partie la plus visible. L'agriculture est donc à l'interface de l'environnement et du développement économique, du tourisme et de l'aménagement du territoire.

C'est une activité essentielle mais menacée. Pour assurer son maintien dans un dynamisme de développement, il apparaît essentiel de coopérer avec les autres acteurs, de trouver de nouveaux créneaux pour valoriser l'exploitation par son territoire, via le partenariat et la concertation. Il s'agit entre autres de favoriser la pluri-activité, l'agritourisme, la valorisation des produits au travers des territoires. Par exemple, la Fédération encourage beaucoup la création de groupes de travail avec des agriculteurs de manière à rechercher un partenariat et une conciliation entre les préoccupations divergentes des agriculteurs et des environnementalistes. L'objectif qui est recherché dans ce cadre est de développer la filière bois, de développer la filière viande de qualité, de s'efforcer de faire des territoires de parc des territoires de label et d'excellence.

Dans le domaine du tourisme, il s'agit de concilier les activités touristiques avec les milieux naturels. Dans le domaine industriel, il s'agit de concilier la sauvegarde des espaces naturels avec des exploitations de carrières par exemple.

C'est par la conciliation entre les impératifs de développement, qui conditionnent le maintien, le développement et l'amélioration de la vie dans un territoire, et les exigences environnementales, par la conciliation entre les préoccupations des uns et des autres et par la tolérance qu'une coexistence féconde et harmonieuse pourrait être assurée entre les divers acteurs des territoires.

Page mise à jour le

Partager cette page