2.8. INTERVENTION DE M. HIDEO SAWADA
Maire de la ville de Yokosuka

Je suis très honoré que l'on m'ait ainsi donné l'occasion de prendre la parole. Je devrais normalement m'exprimer en français, mais comme je suis incapable de le faire, permettez-moi de faire mon exposé en japonais. Aujourd'hui nous avons fêté le 95 e anniversaire de l'accession de Yokosuka au statut de ville, statut entré en vigueur en 1907. Je suis vraiment très honoré de pouvoir parler par visioconférence avec les sénateurs français le jour de la célébration du statut de ville. Je participerai par visioconférence aux discussions, mais notre responsable opérationnel des techniques de communication, Monsieur Hirokawa, vous a rejoints en France. Monsieur Hirokawa donnera son point de vue de responsable opérationnel.

Mesdames et Messieurs, savez-vous où se trouve Yokosuka ? Nous sommes situés à environ 50 kilomètres au sud de Tokyo. Yokosuka compte environ 430 000 habitants. Un grand nombre d'habitants se rendent tous les jours à Tokyo pour leur travail ou pour étudier.

La ville de Yokosuka et la France ont des liens privilégiés. Si la ville de Yokosuka est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, il faut savoir que tout a commencé en 1866 lorsque fut construit l'arsenal de Yokosuka, la première usine à l'occidentale au Japon. C'est un ingénieur des constructions navales de la marine française, l'ingénieur Verny, qui en a encadré la construction en utilisant les techniques les plus modernes de l'époque et a jeté les bases de l'industrie moderne japonaise. Verny avait travaillé un moment dans une usine de la Marine à Brest, ce lien fait qu'aujourd'hui Brest est jumelé avec Yokosuka. À Yokosuka, il y a le Yokosuka Research Park. C'est un centre de recherche spécialisé dans les mobiles et dans le domaine des télécommunications. Il y a environ 70 centres de recherche d'entreprises privées de mobile, de l'administration centrale et de l'université. Voici les principaux établissements de recherche de Yokosuka Research Park. Yokosuka Research Park a conclu un protocole d'accord avec Technopole Brest-Iroise pour échanger des techniques et des chercheurs. Par ailleurs, nous avons également convenu un mémorandum d'accord avec Sophia Antipolis à Nice.

Le gouvernement japonais a établi la stratégie e-Japan. L'objectif est que le Japon retrouve son dynamisme, il s'agit donc de développer tous les secteurs : industrie, éducation, administration. L'un des grands objectifs des pouvoirs publics dans le cadre de cette stratégie, est de faire en sorte que l'État et les collectivités locales soient parmi les plus numérisés au monde. Il nous appartient en tant que gestionnaires publics, de faire en sorte que les services administratifs que nous offrons soient d'une grande efficacité et d'une grande qualité ; en d'autres termes, de poursuivre sans arrêt cette réforme de la gestion. Et c'est dans cet esprit que nous devons utiliser les TIC comme outils.

Alors, comment faire progresser cette gestion ? Dans un premier temps, je dirais que les services administratifs ne sont pas au service de l'administration, ils sont au service du client, de l'administré, et c'est là que doit être la nouvelle priorité. C'est-à-dire qu'il ne faut pas se contenter de considérer les convenances de l'administration, mais faire en sorte que l'administré ne soit pas obligé de venir à la mairie pour obtenir tel ou tel service. Bien au contraire, ce qu'il faut c'est que grâce à Internet l'administré soit en mesure d'obtenir services et informations selon ses propres convenances.

Deuxièmement, cette structure de l'administration ne doit plus être centralisée et pyramidale, nous devons évoluer vers une structure décentralisée en réseau. Les structures centralisées sont parfaitement capables de mener à bien des tâches qui sont déterminées à l'avance, mais lorsqu'il faut traiter avec souplesse de nouveaux problèmes administratifs qui surgissent à un rythme rapide, elles ne sont pas en mesure de le faire. Lorsque de nouveaux problèmes administratifs surgissent, un grand nombre de personnels ou d'institutions doivent réunir leur savoir-faire et leurs informations pour obtenir une réponse rapide. En effet, très souvent il y a des tâches administratives qui ne peuvent pas attendre et ainsi l'utilisation des salles de visioconférence reliées à Internet, de bases de données intégrant les savoir-faire doit permettre à de nombreux personnels et institutions de coopérer entre eux.

Troisièmement, je crois qu'il faut laisser de côté notre attitude de conformisme et de minimum civique et passer à une attitude plus individualisée et de maximum civique. Qu'est-ce que signifie cette expression de maximum civique ? Cela signifie que chaque collectivité locale doit valoriser au maximum des politiques dans des domaines d'excellence, dans des domaines où elle peut l'emporter dans la concurrence entre des villes par une stratégie de différenciation. En effet, la modernisation sociale apportée par Internet se traduit par une abolition des caractéristiques de chaque collectivité et si nous ne savons pas réaliser un urbanisme attrayant, la ville ne pourra que dépérir, je le crains fort. Maintenant pour mener à bien concrètement cette réforme de l'administration locale, nous devons certes valoriser les TIC, mais aussi revoir tâches, organisations et institutions. En effet, les dispositifs traditionnels ne nous permettent pas de fournir cette gestion, ces services de nouveau style, ni de réaliser un urbanisme attrayant. Les TIC ne sont qu'un instrument, que des technologies et il ne faut pas se contenter de mettre en place l'équipement. C'est seulement, parallèlement à cette mise en place de l'équipement, en modifiant la structure de nos tâches que la réforme administrative des collectivités locales deviendra possible.

Les objectifs d'une collectivité électronique doivent se traduire par une amélioration de la qualité de vie des citoyens et par une plus grande satisfaction des administrés. Je dirais qu'on peut citer trois stratégies fondamentales de la collectivité électronique. Premièrement, il faut apporter plus d'efficacité dans le travail interne des collectivités locales. Deuxièmement, il faut mettre en ligne l'interface administration/administrateur/administré, et troisièmement, il faut savoir développer les services administratifs existants et créer de nouveaux services en utilisant les nouvelles technologies. Voilà, j'en ai terminé, en ce qui concerne les détails plus concrets, je m'en remettrai à mon collaborateur, M. Hirokawa, qui est parmi vous, mais je tiens à vous remercier de m'avoir offert cette occasion de vous adresser la parole. Merci.

M. Adnot

Merci. Je proposerais bien qu'on rebondisse directement sur votre intervention, et M.Hirokawa pourrait répondre éventuellement aux questions techniques, mais le propos de monsieur le maire, je pense, mérite bien quelques questions ou observations. Y a-t-il quelqu'un qui souhaite interroger Monsieur le maire ? Vous êtes très sages, je trouve.

Monsieur le maire, est-ce que vous avez entendu ? On vous demande quel est le budget que vous avez affecté à la mise en place de votre organisation ?

M. Sawada

Alors le budget...

M. Adnot

Alors je vais demander à M. Hirokawa de nous le dire...

M. Hirokawa

C'est de l'ordre de deux milliards de yens 22( * ) par an. Un budget annuel de deux milliards de yens environ.

Question

Est-ce que cet investissement a eu des économies induites dans la gestion de la commune ? Aujourd'hui, est-ce que c'est mesurable ?

M. Hirokawa

Oui, bien entendu. D'ailleurs je vais en parler plus longuement par la suite. Par exemple, il y a les appels d'offres qui sont électronisés, ça nous donne des économies de l'ordre de deux milliards de yens chaque année, rien que pour ça. Bien entendu, il y a d'autres améliorations qui se sont fait jour, notamment l'ensemble de la documentation qui a été électronisée et mise sur Internet, et rien que grâce à ça des économies de 100 millions de yens ont été faites. Quant au système financier, c'est de l'ordre de 35 millions de yens qu'on a économisés. Et ces enquêtes ont permis de voir, par exemple en chronométrant le temps exigé pour les tâches de chaque administratif, que l'on économisait beaucoup de temps nécessaire à la réalisation des tâches.

M. Adnot

Monsieur Sawada, vous avez évoqué des services nouveaux. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

M. Sawada

Je crois que c'est M. Hirokawa qui va en parler par la suite.

M. Adnot

Alors, je vais donner dès maintenant la parole à M. Hirokawa.

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